jeudi 30 juin 2016

Israël-Turquie : Erdogan s'en prend aux organisateurs de la flotille pour Gaza




Peu après que le cabinet de sécurité israélien a approuvé l'accord de réconciliation avec la Turquie mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est pris à l'association qui avait organisé la flottille pour Gaza en mai 2010, et dont la tentative de briser le blocus israélien sur Gaza avait provoquté l'incident au coeur de la crise entre Jérusalem et Ankara....







Le quotidien israélien Haaretz rapporte que le dirigeant turc a reproché mercredi soir à l'IHH Humanitarian Relief Foundation de ne pas lui avoir demandé la "permission" de naviguer jusqu'à l'enclave palestinienne..
"M'avez-vous demandez quoi que ce soit avant de mettre les voiles? Avez-vous demandé ma permission?", s'est offusqué publiquement Erdogan lors d'un repas d'iftar (repas pour rompre le jeûne du ramadan)
"Lorsque vous mettez les voiles, vous devez me le demander. Avez-vous demandé quoique ce soit au Premier ministre avant d'entreprendre votre mission humanitaire turque à Gaza?", a ajouté Erdogan, qui a ajouté que dorénavant, en vertu de l'accord conclu avec Jérusalem, la Turquie "a des garanties qu'Israël autorisera l'entrée de l'aide humanitaire envoyée à Gaza."
Ces derniers jours, l'IHH Humanitarian Relief Foundation a exprimé de sérieuses critiques envers Erdogan, pour les compromis décidés dans le cadre du rétablissement des liens diplomatiques de son pays avec Israël.


Accord approuvé


Le cabinet de sécurité israélien avait plus tôt approuvé l'accord, en dépit de l'opposition du ministre de la Défense Avigdor Lieberman, du ministre de l'Éducation Naftali Bennett et de la ministre de la Justice Ayelet Shaked.
Selon un haut fonctionnaire à Jérusalem, le Bureau du premier ministre craignait que l'accord de réconciliation avec la Turquie ne soit pas approuvé par la majorité des membres du cabinet de sécurité.
Le haut fonctionnaire avait indiqué que certains des ministres faisaient peser des considérations politiques dans leur décision. "Une grande partie des ministres savent que cet accord est bon, mais ils ont peur qu'ils d'être perçus comme des " gauchistes ", a déclaré le haut fonctionnaire au quotidien Haaretz.
Mardi, le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait envoyé mardi aux ministres du cabinet de sécurité une copie de l'accord de normalisation avec la Turquie, ainsi qu'une lettre dans laquelle Ankara s'engage à aider à retrouver les Israéliens disparus ou emprisonnés à Gaza.
Deux ministres, qui ont requis l'anonymat, ont révélé à Haaretz que l'accord ne faisait que trois pages.
Une page est consacrée aux dédommagements qu'Israël s'est engagé à verser aux victimes de l'incident du Mavi Marmara, alors que les deux autres pages traitent de la normalisation des relations entre les deux pays. Selon les ministres, il n'y a pas de détails ou de clauses dans le texte qui n'ont pas déjà été rendues publiques.
Quant à la lettre d'accompagnement, elle est adressée à l'envoyé spécial du Premier ministre pour les pourparlers de réconciliation avec la Turquie, Joseph Ciechanover.
Signée par le sous-secrétaire turc sortant des Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu, la lettre indique que le président turc Recep Tayyip Erdoğan a ordonné à toutes les institutions publiques compétentes de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour mettre un terme à la question des Israéliens disparus à Gaza, "pour des raisons humanitaires".
La lettre indique expressément que cette question n'a aucun lien avec l'accord de normalisation, mais qu'elle est indépendante, et montre la bonne volonté de la Turquie.
Le porte-parole de M. Erdoğan, qui était envoyé à Rome dimanche pour la conclusion des pourparlers, a déclaré mardi que le processus de normalisation des relations devrait avancer cette semaine, avec la nomination de nouveaux ambassadeurs à Ankara et Tel Aviv.
"Cette semaine nous allons lancer la procédure de nomination des ambassadeurs", a déclaré au sujet d'Israël le porte-parole Ibrahim Kalin, lors d'une conférence de presse au palais présidentiel d'Ankara.
"De nouvelles initiatives seront bien sûr prises pour restaurer les liens avec Israël dans les domaines de l'économie, le commerce et l'énergie", a ajouté le porte-parole.
Il a également précisé que la politique de la Turquie envers les Palestiniens ne changerait pas suite de l'accord, et que des experts turcs seront envoyés à Gaza cette semaine pour faire un état des lieux des besoins humanitaires les plus urgents, en particulier concernant les reconstructions, suite aux destructions causées lors de la guerre de Gaza en 2014.
Un bateau turc chargé d'aide humanitaire doit ainsi quitter vendredi le port méridional de Mersin pour celui d'Ashdod en Israël, "premier test de la volonté d'Israël" d'alléger le blocus de Gaza. "Après cela, les bateaux apporteront de l'aide d'une manière plus fréquente. (...) Cet accord (de normalisation) va permettre aux gens de Gaza de respirer", a ajouté M. Kalin.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait expliqué lundi à Rome qu'il n'était "pas prêt à renégocier" sur le blocus de Gaza, destiné à empêcher l'entrée de matériaux permettant de produire des armes.


Source I24News