jeudi 14 avril 2016

À 15 ans, dans l'enfer du ghetto de Wilno






« Les gens s'attroupent. Je vois un homme aux yeux affamés éventrer un sac de pommes de terre sur le dos d'un travailleur. » Celui qui écrit s'appelle Yitskhok Rudashevski (photo). Avec maturité et un grand sens de l'observation, l'adolescent juif déroule, jour après jour, l'enfer du ghetto de Wilno (Vilnius), en Lituanie. Humiliations, repli dans les caches créées pour échapper aux rafles, tabassages, disparitions...





Commencé en juin 1941, son journal s'arrête le 7 avril 1943 sur ces mots : « Le pire peut nous arriver à tout instant. » Yitskhok sera assassiné le 1er octobre suivant, à 15 ans, dans une clairière proche de Wilno, où furent exécutés de nombreux Juifs du ghetto.
Comment être sûre de l'authenticité d'un tel manuscrit ? « Il est conservé au YIVO de New York, un centre mondial d'archives juives », précise Anne-Marie Dreyfus, l'éditrice.
C'est la première fois que ce texte émouvant et précieux est traduit en français. Pourquoi si tard ? « Le journal a été sauvé par la seule rescapée de la famille de Yitskhok, sa cousine, qui était jeune, et avait d'autres soucis... Le Journal d'Anne Frank, lui, a été connu parce que le père d'Anne a passé sa vie entière à le défendre. »


Entre les murs du ghetto de Wilno, L'Antilope, 192 pages.




Source Ouest France