Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a vivement critiqué mercredi les propos du président du Parlement européen, Martin Schulz, sur la consommation d'eau 4 fois plus importante des Israéliens par rapport aux Palestiniens. Netanyahou a rejeté cette accusation, affirmant que les Européens devraient d'abord s'assurer des faits avant d'émettre des critiques contre Israël.
"Cette erreur dans les remarques est ce que j'appelle une écoute sélective qui malheureusement est devenue la marque de fabrique de beaucoup de groupes européens, a dit Netanyahou concernant les propos de Schulz lors de son discours à la Knesset qui a provoqué le départ des députés du Foyer juif.
"Le président du Parlement européen était en visite à Ramallah et a entendu des jeunes Palestiniens affirmer que les Israéliens utilisent 4 fois plus d'eau que les Palestiniens. Selon les statistiques que nous recevons de l'Autorité palestinienne, y-compris de l'Office des Eaux palestinien, ce chiffre est plus bas de manière significative", a dit Netanyahou aux députés de la Knesset.
Naftali Bennett, le ministre israélien de l'Economie et dirigeant du parti Foyer Juif (droite nationale-religieuse) a annoncé sur sa page Facebook mercredi après-midi exiger des excuses de Martin Schulz, le président du Parlement européen qui a prononcé un discours à la Knesset dans lequel il dénonçait, sur la foi d'informations dont il dit lui-même qu'elles sont sujettes à caution, le fait qu'un Palestinien ne puisse utiliser que 17 litres d'eau par jour alors qu'un Israélien a une consommation quotidienne de 70 litres.
Martin Schulz a également évoqué le blocus de Gaza. "Le blocus de Gaza est votre réponse aux attaques contre les civils israéliens et je peux le comprendre. Mais on étouffe tout développement économique et cela conduit les gens au désespoir qui, à son tour, est exploité par les extrémistes. Le blocus peut en fait nuire, plutôt que de renforcer, la sécurité d'Israël", déclarait Martin Schulz, des paroles qui ont donc provoqué un tollé au sein des députés du Bayt Hayehudi.
Naftali Bennett et les députés de sa formation ont en effet ostensiblement quitté l'enceinte du Parlement israélien en plein milieu du discours de Martin Schulz affichant leur colère à l'égard des propos du dirigeant européen.
"Les propos qui ont été tenus aujourd'hui à la Knesset sont gravissimes. Le président du Parlement européen a énoncé deux mensonges entretenus par les Palestiniens lors de son discours. Se taire face à la propagande mensongère offre une légitimité à des activités contre les citoyens d'Israël", a déclaré Bennett.
"Malheureusement, personne ne s'est soucié de protester contre ces déclarations ou de les corriger", a écrit Bennett. "Je n'accepterai pas cette morale trompeuse faite au peuple d'Israël et à la Knesset israélienne. Je ne vais certainement pas l'accepter en allemand."
S'exprimant devant le Parlement israélien en allemand, Martin Schulz avait abordé d'autres thèmes, dont le passé nazi de son pays natal et la capacité d'Israël à renaître des cendres de la Shoah.
Il a qualifié d''honneur", le fait de s'exprimer au "coeur de la démocratie israélienne", le "symbole d'espoir pour le peuple juif".
Le président du Parlement a tenu à porter "la responsabilité qui découle des massacres perpétrés au nom de ma nation", bien qu'il soit né après-guerre. Il a ensuite déclaré qu'il est de son devoir, en tant qu'allemand, d'honorer le serment "plus jamais ça".
Il a par ailleurs rappelé qu'un Iran nucléaire n'est pas seulement une menace pour Israël mais pour le monde entier.
Schultz a soutenu une solution négociée à deux Etats en disant que la construction de "colonies en Cisjordanie" est un "obstacle à une solution pacifique".
Il a cité l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon qui avait déclaré: "il n'est pas possible d'avoir un Etat juif et démocratique et de contrôler toute la terre d'Israël".
Martin Schulz reçu par Shimon Peres
Le président israélien Shimon Peres a accordé mercredi dans sa résidence officielle à Jérusalem une audience au président du Parlement européen Martin Schulz. Les deux hommes ont eu un entretien au cours duquel ils ont évoqué les pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens et les relations entre Israël et l'Union européenne.
Shimon Peres a rendu hommage aux efforts de Martin Schulz en faveur du processus de paix. "Nous apprécions beaucoup la proposition de l'Union européenne de rehausser le statut d'Israël et des Palestiniens après la signature d'un accord de paix", a déclaré le président de l'Etat d'Israël.
"L'Union européenne est aux côtés d'Israël pour ce qui est de sa sécurité", a déclaré Martin Schulz, nuançant cependant son propos: "Il faut savoir que même entre amis il y a parfois des différends".
Il n'y aura pas de boycott de l'UE
Mardi soir, au cœur de Jérusalem, lors de son discours donné à l’Université hébraïque, M. Schulz avait déclaré que l’Europe n’interférera pas dans les négociations de paix israélo-palestiniennes en cours et il a fortement appuyé les efforts du secrétaire d’Etat américain John Kerry.
Le Président du Parlement européen Martin Schulz recevait un doctorat honorifique à l’Université hébraïque de Jérusalem. À cette occasion, il a également exprimé son avis sur le boycott contre Israël et assuré que l’Union Européenne n’a pas été et ne sera jamais en faveur d’un boycott contre Israël : "Il n’y a pas de boycott d’Israël de la part du Parlement européen et il n’y en aura jamais par le simple fait qu’une telle décision ne recueillera jamais la majorité", avait-il précisé.
Schulz avait ajouté que les pays qui ne sont pas membres de l’UE, comme la Norvège, pourraient décider de boycotter les produits israéliens mais que cela n’est pas du tout la position de l’Europe.
Source I24News