mercredi 1 juillet 2020

La « Sapinière », réseau antisémite au cœur de l’Église


La « Sapinière », le célèbre réseau de délation antimoderniste animé par le prélat italien Umberto Benigni a-t-il réellement pris fin en 1921, comme on le considérait jusqu’ici ? Non, répond Nina Valbousquet dans une véritable suite au marquant Intégrisme et catholicisme intégral d’Émile Poulat (Casterman, 1969)......Détails.......



L’historienne française y souligne que, s’il est entré en sommeil dès avant sa dissolution officielle par le Saint-Siège en 1921, le réseau de Mgr Benigni s’est aussi perpétué de manière informelle jusque dans les années 1930, s’articulant sur un antisémitisme radical qui vit dans le judaïsme la source de tous les maux de l’Église au début du XXe siècle.

Complotisme

Articulant antimaçonnisme, anticommunisme et antisémitisme, le réseau de Benigni joue ainsi un rôle certain dans la diffusion des Protocoles des sages de Sion, faux forgé au début du XXe siècle où les intégraux veulent voir la preuve du complot mondial juif contre la société chrétienne et révélé par la récente Révolution bolchevique. 
La tentative d’« Internationale antisémite » échouera néanmoins sur l’écueil des différences confessionnelles et des antagonismes nationalistes. 
Les Latins, notamment, rejettent l’antisémitisme païen professé par les Germaniques.
Sous couvert d’une expertise qui se veut raisonnée, Benigni et ses amis n’en professent pas moins un antisémitisme de type racial qui va jusqu’à refuser la conversion des juifs. 
« L’apostasie de la région n’efface pas la nationalité juive qui est elle-même sauvegardée par la race », écrit un membre du réseau, tandis que Benigni s’acharne à « démasquer » les Juifs « infiltrés » et ceux qui se cacheraient derrière de « faux noms » christianisés…
Ces positions reçoivent alors un certain écho dans une Église catholique qui, avant la Shoah, n’a pas encore perçu à quel point « l’enseignement du mépris » mène immanquablement à un antisémitisme destructeur.
Mais si Vatican II est encore loin, certaines de ses idées pointent déjà et c’est justement ici que se perpétue le combat antimoderniste des intégraux qui voient dans les timides ouvertures de l’Église des années 1920, notamment après la condamnation de L’Action française, les effets d’une « judaïsation » de l’Église. Leurs attaques outrancières contre Pie XI causeront leur perte.
Si l’étude s’achève en 1934 avec la mort de Mgr Benigni, devenu informateur de la police politique fasciste, l’auteur s’interroge néanmoins sur la subsistance des idées du courant intégral après la guerre, notamment dans l’opposition intégriste à Vatican II.

Retour du passé

On y perçoit en effet la persistance de méthodes (nébuleuse des bulletins, revue et journaux hier, de blogs aujourd’hui) comme de certains thèmes tels la lutte contre le communisme et l’infiltration de l’Église par un ennemi extérieur. Les extraits cités frappent d’ailleurs régulièrement par leur similitude avec les attaques d’un Lefebvre hier contre Paul VI ou d’un Vigano aujourd’hui contre François.
S’il est plus difficile de s’afficher ouvertement antisémite après la Shoah, les piques actuelles contre George Soros ou la « finance apatride » laissent un goût amer. 
Nina Valbousquet finit d’ailleurs son livre en rappelant qu’un article de 1927 sur « l’infiltration juive au Vatican » a refleuri à l’occasion de la manifestation « Jour de Colère » de janvier 2014.

Source La Croix
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