Infatigable combattante pour la cause des femmes et le droit à l'avortement, l'avocate, ancienne députée et autrice Gisèle Halimi est décédée mardi, au lendemain de son 93e anniversaire, a annoncé à l'AFP sa famille.......Portrait........
Elle «s'est éteinte dans la sérénité, à Paris», a déclaré l'un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère, qui était entourée de ses proches, avait eu «une belle vie».
«Pour Gisèle Halimi, le féminisme était un humanisme. La France perd une républicaine passionnée qui, comme avocate, militante et élue, fut une grande combattante de l'émancipation des femmes», a salué sur Twitter le président Emmanuel Macron.
Une pluie d'hommages lui est rendue sur le réseau social, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot saluant une «avocate infatigable des droits de femmes, magnifique écrivaine, militante déterminée», tandis que sa collègue déléguée à l'Egalité femmes-hommes Elisabeth Moreno a distingué une «rebelle infatigable (qui) s'est battue toute sa vie pour améliorer le sort des femmes».
«Une immense voix s'est éteinte», a également réagi la maire de Paris Anne Hidalgo.
Née Taïeb, Gisèle Halimi voit le jour le 27 juillet 1927 à La Goulette, en Tunisie. Cette «Française de sang mêlé», issue d'une famille modeste, intègre le barreau en 1949 après de brillantes études.
«Avocate irrespectueuse», selon le titre d'un de ses ouvrages, elle se fait connaître en 1972 lors du procès emblématique de Bobigny, où elle défend une mineure jugée pour avoir avorté à la suite d'un viol.
Elle obtient sa relaxe et parvient à mobiliser l'opinion, ouvrant la voie à la dépénalisation de l'avortement, début 1975, avec la loi Veil.
Fondatrice en 1971 avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir de l'association pour le droit à l'avortement «Choisir la cause des femmes», elle est la même année l'une des signataires du célèbre manifeste des 343 femmes disant publiquement avoir avorté.
En 1978, lors d'un autre procès emblématique, à Aix-en-Provence, elle représente un couple de femmes violées par trois hommes, contribuant à l'adoption d'une nouvelle loi reconnaissant le viol comme un crime.
«Chère Maître, j'aimais par-dessus tout le timbre et la musique de votre voix, je suis heureuse de vous avoir dit quelle force et quelle limpidité l'un et l'autre ajoutaient à vos passions», a salué l'ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira dans un tweet.
Élue députée de l'Isère (apparentée PS) en 1981, elle poursuit son combat à l'Assemblée nationale, cette fois-ci pour le remboursement de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982.
En 1998, elle fait partie de l'équipe qui crée l'organisation altermondialiste Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne).
Parallèlement à sa carrière d'avocate, elle mène une carrière d'écrivain. Parmi sa quinzaine de titres, figurent «Djamila Boupacha» (1962), du nom d'une militante emblématique du FLN algérien, et une œuvre plus intimiste comme «Fritna», sur sa peu aimante mère (1999), «pratiquante juive totalement ignorante».
Ses combats ont été à plusieurs reprises portés à l'écran, dans des téléfilms dont «Le procès de Bobigny» (2006), avec Anouk Grinberg, et «Le viol» (2017), avec Clotilde Courau.
Mère de trois garçons, dont Serge Halimi, directeur du mensuel Le Monde diplomatique, elle a confié qu'elle aurait aimé avoir une fille pour «mettre à l'épreuve» son engagement féministe.
«J'aurais voulu savoir si, en l'élevant, j'allais me conformer exactement à ce que j'avais revendiqué, à la fois pour moi et pour toutes les femmes», a-t-elle confié au journal Le Monde en 2011.
Dans une longue interview accordée à ce quotidien en septembre 2019, la nonagénaire s'étonnait encore que «les injustices faites aux femmes ne suscitent pas une révolte générale».
«Cela fait 70 ans que j'ai prêté serment et, si c'était à refaire, croyez-moi, je prendrais les mêmes engagements, je ferais exactement le même choix», ponctuait celle dont le cabinet était «encore ouvert» pour faire «pousser des idées».
Source La Croix
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