Pétain, dont le gouvernement avait collaboré avec les nazis et perpétré ses propres crimes contre la classe ouvrière et les juifs français, a été accusé de trahison et d'intelligence avec l’ennemi et de complot de restauration de la monarchie. L'homme de 89 ans avait été placé en garde à vue après son retour en France, suite à la libération de la France par les résistants et les puissances alliées en septembre 1944.
Le procès fut tenu dans le contexte de la récente défaite de l'Allemagne nazie et de la fin de la guerre en Europe.
Il a été mené au milieu des tentatives frénétiques du général Charles de Gaulle, qui dirigeait un gouvernement provisoire, ainsi que les staliniens et les alliés, pour empêcher le mouvement de masse qui avait émergé contre le nazisme de se développer en une lutte révolutionnaire contre le système capitaliste.
Le régime de Vichy dirigé par Pétain était arrivé au pouvoir en 1940. Il avait rapidement établi la Milice, groupe armé qui a raflé et assassiné des milliers de résistants.
Le gouvernement collabora à la «solution finale» génocidaire d'Hitler et directement facilita le massacre de juifs dans toute l'Europe.
Il effaça les traditions démocratiques de la Révolution française de 1789, remplaçant le slogan égalitaire de «liberté, égalité, fraternité» par «travail, famille et patrie».
Dans le cadre des tentatives de stabilisation du capitalisme, le procès de Pétain était une opération pour limiter les dégâts politiques, visant à couvrir la responsabilité de toute l'élite dirigeante française pour les crimes du gouvernement collaborationniste.
Pétain, un général décoré de la Première Guerre mondiale qui avait été impliqué dans la politique d'extrême droite durant les années 1930, fut hissé au pouvoir par les partis officiels et l'élite dirigeante en 1940 alors qu'il capitulait ignominieusement face à l'invasion d'Hitler.
L'opposition à son régime n'était pas venue de l'establishment politique, mais d'en bas, sous la forme d'un mouvement de résistance de masse.
De Gaulle se plaignit de manière révélatrice que même la mise en scène du procès de Pétain avait trop levé le voile sur la criminalité politique de toute la classe dirigeante.
«Trop souvent, les discussions ont pris l'apparence d'un procès partial, parfois même d'un règlement de comptes, alors que toute l'affaire n'aurait dû être traitée que du point de vue de la défense nationale et de l'indépendance», déclara-t-il.
Il est rapporté que Pétain a adopté une attitude de mépris silencieux tout au long de la procédure, après avoir publié une déclaration liminaire déclarant que la Haute Cour n'avait pas le droit de le juger.
Il mourra en prison en 1951, après des appels infructueux pour sa libération par d'éminentes personnalités de la classe dirigeante, notamment de la part des membres de la famille royale britannique et le président américain Harry Truman, qui proposa d'accorder l'asile politique en Amérique à ce criminel de guerre fasciste.
Source WsWs
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