En cette veille de vacances d’été, Judaïciné revient sur la saison écoulée…
Dans la catégorie « Beau livre », il faut découvrir Les Plus Beaux Génériques de films d’Alexandre Tylski
Dans cet ouvrage, préfacé par Cédric Klapisch et premier du genre en France, Alexandre Tylski nous raconte la fabuleuse aventure des génériques de cinéma, avec des témoignages inédits des réalisateurs Jean-Pierre Jeunet, Jean-Jacques Annaud, du compositeur Gabriel Yared et de créateurs contemporains.
Alexandre Tylski est maître de conférences à l’ESAV (École supérieure d’audiovisuel, Toulouse), producteur délégué à France Culture, auteur-réalisateur pour l’émission Blow Up (Arte), sociétaire des Gens de lettres de France et membre de l’association We Love Your Names qui défend en France l’art du générique. Si j’ai accepté de faire cette préface au livre d’Alexandre Tylski c’est parce que dans ses courts métrages diffusés sur Arte (émission Blow Up), il a un vrai talent à faire surgir du sens dans ce no man’s land narratif que sont les génériques.
Lorsqu’un spectateur s’assied dans une salle, le générique agit comme un sas entre la rue, la vie du dehors et ce qu’il vient voir, cette invitation au voyage qu’est un film. Avec le générique, on n’est pas encore dans la fiction, on n’est déjà plus dans la réalité. On est en train de passer la frontière. [...] Alexandre Tylski sait déchiffrer ce qui est devant vos yeux. Il vous montre que dans ces petites mises en scène préalable à un film, il y a déjà une façon de faire, une mise en scène, du sens […] Ce livre d’Alexandre Tylski vient enfin donner des lettres de noblesse aux génériques. Cette partie du cinéma qu’on met souvent derrière et qui est pourtant toujours devant…
Quel Métier Étrange : Un livre de Philippe Clair
Des environs de Sidi-Bousaïd au coeur de Paris, de Bab el Oued à l’Elysée, de Prosper Bensoussan à Philippe Clair... ou l’aventure extraordinaire d’un Pied-Noir peu ordinaire.
Pionnier de l’humour judéo-arabe en France, Philippe Clair, au travers de son récit autobiographique, nous conte l’histoire d’un enfant issu du plus paumé des villages de la planète, rêvant de devenir acteur et de faire des films avec Jean Marais .
Mais comment réussir dans ce milieu impitoyable, Lorsqu’on arrive à Paris sans le sou, avec pour seul diplôme un accent « à couper les merguez» ?
De ses premiers sketches interdits par le Général de Gaulle (Rien Nasser de courir…) à ses plus gros succès cinématographiques (La grande java, Comment se faire réformer ?
Plus beau que moi tu meurs, Par où t’es rentré… On t’a pas vu sortir…), en passant par ses pièces de théâtres ( La Parodie du Cid…), ce n’est qu’aujourd’hui que l’on commence timidement à utiliser les mots « culte » et « mythique » pour décrire son univers et toute la panoplie de son humour folklorique.
Constamment diffamé par la critique, inlassablement truandé par ses producteurs, et en perpétuel drame familial, comment survivre dans cet « enfer du décor »et garder l’envie de faire rire ?
Pleure derrière la porte, mais souris à la fenêtre », lui disait son rabbin de père…
Le cinéma, c’est comme la vie… On rit, on pleure…C’est peut-être ça le bonheur…
Ce récit en est le plus abouti et le plus drôle des témoignages.
Polémique sur l’attitude des studios d’Hollywood pendant la dernière guerre
Le chercheur américain Ben Urwand vient de publier en France un livre polémique Hitler et Hollywood , histoire d’une collaboration, qui présente de nouveaux documents prouvant la coopération de l’industrie du cinéma américain avec le régime nazi dans les années 1930.
Un ouvrage dérangeant sur les compromissions de l’industrie cinématographique américaine avec les nazis qui soulève certaines controverses dans le monde de la recherche et de l’histoire.
On y apprend notamment que le fameux mot zusammenarbeit (collaboration) a été souvent utilisé dans les correspondances entretenues par les studios américains et les membres du régime nazi. Cet usage répété d’un mot – qui est lourd de sens aujourd’hui – soulignait l’envie des deux parties de préserver au mieux leurs relations commerciales en faisant fi de leurs différences.
Entre 1930 et 1940, le NSDAP (le Parti national-socialiste des travailleurs allemands) a menacé régulièrement les studios hollywoodiens de ne plus diffuser leurs films s’ils n’acceptaient pas de les modifier pour qu’ils correspondent à ce qu’en voulaient les officiels allemands. Comme le marché de Berlin était un des plus demandeurs en matière de septième art, Hollywood a préféré collaborer, ayant peur de ne plus pouvoir revenir sur ce marché si jamais ils le quittaient.
Le film de 1930 À l’Ouest, rien de nouveau a été la première «victime» de cette censure nazie. Montrant sans détour l’horreur de la Première Guerre mondiale, le long-métrage adapté du livre d’Erich Maria Remarque a fortement déplu aux nazis qui le voyaient comme un rappel de la défaite de leur pays.
Lors de ses premières projections, certains militaires se sont indignés, ont essayé d’acheter toutes les places de cinéma, et n’auraient pas hésité à lancer des boules puantes et à lâcher des souris dans les salles obscures pour faire fuir les spectateurs. Soutenus par une partie du peuple d’outre-Rhin, également blessée, ces soldats ont finalement eu gain de cause, quand le comité de censure allemande décida de le retirer des salles.
Le film n’a finalement pu revenir dans le pays qu’en 1931, quand Universal Pictures et son président Carl Laemmle ont accepté de couper toutes les scènes «offensantes», non seulement pour sa diffusion en Allemagne, mais également partout dans le monde.
Une approche controversée
Si le livre de Ben Urwand est soutenu par des intellectuels comme Richard J. Evans, qui a souligné que son œuvre «était pleine de révélations surprenantes, présentées de manière exemplaire», d’autres ne sont pas d’accord pour couvrir l’auteur d’éloges.
Thomas Doherty, auteur de Hollywood et Hitler , 1933-39 (début 2013), ne mâche pas ses mots: «Je considère les accusations d’Urwand diffamatoires et contraires à l’Histoire. Diffamatoires parce qu’elles calomnient une industrie qui s’est efforcée d’alerter l’Amérique de la menace qui se préparait en Allemagne, et contraire à l’Histoire parce qu’elles lisent le passé à travers les yeux du présent.»
Il critique également l’utilisation du terme «collaboration», beaucoup trop fort à ses yeux.
C’est comme cela qu’on décrit le gouvernement de Vichy pendant l’occupation nazie. Qualifier Hollywood de “collaborateur” revient à affirmer qu’ils ont travaillé sciemment et en connaissance de cause, par lâcheté et avidité.» Même constat pour le terme «pacte», bien trop fort pour Doherty.
Il insiste sur le fait que les nazis du début des années 1930 n’étaient pas vus comme on les perçoit aujourd’hui: ils n’avaient pas encore entamé la Seconde Guerre mondiale, et leur ascension au pouvoir n’avait rien d’une trajectoire linéaire.
La majorité des Américains, tout comme les pontes de Hollywood, n’avaient aucune idée des horreurs qui allaient venir, ils ne se doutaient pas que les contrats passés avec le régime allemand n’étaient pas des contrats habituels (…) Aujourd’hui, n’importe quel contrat avec les nazis semble impensable. Dans les années 1930, ce n’était pas le cas.»
Source Judaicine