Dans le dernier livre de la Torah, le sefer Devarim, Moché Rabbénou s'apprête à se séparer des Bné Israël. A son grand regret il les quitte de l’autre côté du Jourdain et va les laisser parcourir la terre d’Israël. Bien évidement, il ne les quittera pas avant de leur avoir donné toutes les recommandations nécessaires pour pouvoir réussir leurs missions : conquérir la terre d'Israël et surtout en assurer la pérennité. Toutes ces leçons continuent d’être actuelles...
Le peuple juif est encore aujourd’hui à l’orée de la terre d’Israël et a peut être besoin de relire les recommandations de Moché Rabbénou afin de résider sur cette terre comme il se doit. Hachem n’a pas envoyé les Bné Israël dans un désert où ils n'auraient « gêné personne » mais sa volonté était de nous diriger vers le pays qu’Il avait prévu d’attribuer au peuple d’Israël depuis la création du monde.
Les règles qu’Il a fixées sont très claires : "si vous vous conduisez comme le firent les Cananéens avant vous, Je vous chasserai comme Je les ai chassés devant vous". En d’autres termes, il n’y a pas de préférences, de népotisme à l’égard des Bné Israël. Il y a des règles, que les Bné Israël ont eu le bonheur de connaitre par avance : écouter les lois de la Torah, les respecter, en faire notre idéal et surtout éviter d’être « assimilés » par les modes de vie de ceux qui nous entourent.
Cela ne veut pas dire pour autant que la terre d’Israël doit être un "No man's land", un lieu dépourvu de toute vie humaine en dehors des Bné Israël. La Torah conçoit, comme le dira très bien Rambam, que des non juifs puissent y résider. Cependant, ils auront le devoir d’accepter la mission du peuple d’Israël et de respecter les lois « noa’hides », les sept Mitsvot que l’humanité doit respecter.
En d’autres termes, si un non juif veut rester en Erets Israël, il doit accepter d’être un homme moral tel que la Torah le définit. Dans cet environnement, les Juifs peuvent résider, se développer et le feront nécessairement.
Qui pouvait prévoir dès l’origine, en dehors de l’Eternel lui-même, qu’après être entré en Erets Israël nous serions obligés de la quitter, non pas une fois mais deux ? Ce fut hélas le cas, dans des drames de larmes et de sang...
Mais la même Torah dit bien que la terre d’Israël reviendra un jour, quoi qu'il arrive, au peuple d’Israël et à lui seul.
Cette troisième chance, « la dernière », nous y sommes.
Voilà pourquoi, à mon humble avis, le vrai danger des Juifs en Erets Israël n’est pas représenté par un défi militaire ou économique (dont nos frères ont déjà prouvé qu’ils étaient largement capables de surmonter), ni un défi social : là encore le succès était au rendez-vous.
La véritable question est de savoir quelle est notre référence en tant que guide, comme on le dit dans la amida de tous les jours « achiva chofténou kévarichona », « fais revenir nos juges comme autrefois ».
Quelle justice pour le peuple juif en terre d’Israël ? Voilà la vraie question.
Ce problème n'a rien à voir, par ailleurs, avec les qualités des hommes actuellement chargés de la justice, mais plutôt de la référence des lois auxquelles ils sont eux-mêmes dépendants.
Lorsque l’état d’Israël aura accepté l’idée que le peuple juif ne peut être « gouverné » uniquement par une loi qui est conforme aux idéaux de la Torah, il n’y aura plus de souci à se faire à propos de la pérennité du peuple sur sa terre, ni à propos de leur coexistence avec leurs voisins. Ces derniers deviendront pacifiques au vu de la qualité morale du peuple d’Israël et accepteront tous, car c’est bien le cas, qu’il existe un D.ieu au dessus de nous qui a donné des lois auxquelles tout le monde est soumis... Et dont Il a chargé son peuple, le peuple d’Israël, d’être l’éclaireur, la lumière, la bannière.
Rav Yossef-Haïm SITRUK
Source Torah Box