Le caractère droitier et autoritaire de cette campagne, basée sur la politique petite-bourgeoise pseudo de gauche de l’identité et du genre est devenu encore plus apparent.
Une réaction typique, citée par France Inter, est celle de Blandine Pélissier du mouvement HF, qui se dit « sidérée » par les nominations.
« C'est terrible. C’est non seulement une cause perdue, mais ces nominations sont aussi un signal très fort envoyé par l’académie des César, masculine et blanche, aux femmes qui militent pour l’égalité ».
« J’accuse » avait effectivement obtenu un franc succès (plus fort nombre d’entrées la semaine de sa sortie) malgré les tentatives pour l’interdire, du mouvement #metoo soutenu par le gouvernement Macron et relayées sur le terrain notamment par des maires du PS.
On avait essayé de discréditer le film en traitant Polanski de violeur, en diffamant les spectateurs du film comme complices de viol. On a voulu le censurer en lui surimposant un « débat » sur le viol.
Le but était d’empêcher une discussion sur les thèmes, hautement actuels, abordés dans le film.
Une campagne aux accents fascisants dans un contexte de résurgence de l’extrême droite antisémite, sciemment promue par le gouvernement Macron.
Alors qu’en novembre, la Société des Auteurs Réalisateurs et Producteurs (ARP) s’était précipitée pour céder à l’intimidation #Metoo et avait même changé ses statuts pour suspendre Polanski, les 4700 membres de l’Académie des Césars ont placé « J’accuse » en tête douze fois, entre autre pour le césar du meilleur film et du meilleur réalisateur.
En s’appuyant scrupuleusement sur les faits historiques, le film soulève des questions d’une grande importance pour la classe ouvrière dans une situation où l’aristocratie financière et ses représentants politiques cherchent à mobiliser contre elle les mêmes forces que celles qui menèrent la charge contre Dreyfus dans le contexte de marche vers la Première guerre mondiale.
L‘attaque contre Dreyfus avait été le cri de ralliement de la bourgeoisie ultra-nationaliste et revancharde et des militaristes dans le contexte de préparation à la guerre contre l‘Allemagne et l‘éclosion politique de l‘antisémitisme français dont les partisans allaient organiser quelques décennies plus tard la collaboration avec les Nazis et la Shoah en France.
Dans sa critique du film, le WSWS écrivit en novembre : « L’histoire de l’affaire Dreyfus est d’une importance énorme aujourd’hui.
Après que Macron a salué Pétain comme un ‘grand soldat’ en 2018 en lançant la répression des gilets jaunes, et que le ministère de la Culture a tenté de republier les œuvres de Maurras, il est clair que ces questions n’appartiennent pas uniquement au passé.
Le film de Polanski sur ce triomphe de la vérité contre le nationalisme et le militarisme est une contribution majeure qui mérite une large audience ».
Le WSWS a critiqué les forces politiques et associatives qui insistaient que toute personne qui voyait le film sur l’Affaire Dreyfus ou qui s’y intéressait était complice de viol.
« Vu la vaste portée historique et politique de ces questions, cela est un appel lancé au racisme, à l’antisémitisme et aux haines anti-ouvrières », écrivait-il.
Il citait Trotsky, qui écrivait en 1915 que « l’affaire Dreyfus résumait et dramatisait la lutte contre le cléricalisme, la réaction, le népotisme parlementaire, la haine de race, l'aveuglement militariste, les intrigues sourdes de l'état-major, la servilité des juges, toutes les bassesses que peut mettre en action le puissant parti de la réaction pour arriver à ses fins. »
Alors qu‘une large discussion de ces questions est essentielle pour la classe ouvrière et les jeunes, confrontés finalement aux mêmes problèmes, la plupart des médias ont publié chaque accusation contre Polanski et « J’accuse », peu importe sa violence, son caractère grotesque ou son absurdité, amplifiant encore celles lancées en novembre à la sortie du film.
On n’hésite plus à citer des appels fascisants à arrêter Polanski à la sortie de la salle Pleyel, le 28 février.
La ministre de l’Égalité hommes-femmes, Marlène Schiappa s’est distinguée tant par sa véhémence a faire fi des normes juridiques que par l’absurdité de fait de ses déclarations.
Reprenant la calomnie #metoo contre ceux qui apprécient le film, elle a dit qu’elle serait « indignée de voir une salle entière debout en train d'applaudir une personne accusée de viols sans aucune pensée… pour les femmes qui voient cette scène et qui ont été violées, pas forcément par Roman Polanski, mais par d'autres ».
Niant l’absence de plaintes contre Polanski, la secrétaire d’État a dit :« Applaudir une personne qui est accusée de viol par plusieurs femmes je trouve ça choquant », tout en attaquant le président des Césars, Alain Terzian, qui avança qu’ils n'étaient pas une instance prenant des positions morales :«Il ne s'agit pas de morale (...), je ne fais pas de morale je fais du droit».
Dans une interview dévastatrice dans Paris Match en décembre, Polanski avait démoli les accusations portées contre lui, 44 ans après des faits présumés, par l’actrice Valentine Monnier à l’occasion de la sortie du film, montrant leur peu de sérieux.
L’entretien donnait aussi une leçon de droit et de démocratie aux partisans du lynchage médiatique par « accusations » interposées.
Polanski avait dit de #Metoo, « [cela] contredit les fondements de notre civilisation en matière de justice, depuis la Grèce antique, et la Magna Carta de 1215, surtout son article 39, le célèbre “Habeas corpus”.
Les principes de procès équitable, de présomption d’innocence. Voilà un des éléments essentiels de ‘J’accuse’.
C’est à l’accusation d’apporter la preuve de la culpabilité. Tant qu’aucune preuve n’a été produite, l’accusé reste innocent. C’est le principe sacré de la justice et le pilier de la démocratie, de l’État de droit».
Il avertit: « Maintenant, on se dispense de cette obligation, on considère que l’accusation vaut culpabilité. On risque tous de le payer très cher».
Il avait expliqué aussi la suite d’événements ayant conduit à son départ en France après l’accord conclu avec la famille de Samantha Geimer.
« C’est mon avocat qui m’a appris que, sous la pression des médias, le juge a trahi sa parole et décidé de me placer en détention dans le cadre de ce que les Américains appellent ‘indeterminate sentence’.
Et c’est alors que je suis rentré en France. Plus tard, le procureur lui-même a dit que, dans de telles circonstances, il comprenait que je sois parti… Ce que je dis là, ce sont des faits, mais personne ne raconte jamais ça !»
Dans un épisode infiniment plus crédible que les accusations #metoo sanctifiées par Schiappa, il évoque comment des accusations relatives à l’affaire Samantha avaient d’abord été utilisées contre lui par Harvey Weinstein.
Celui-ci voulait empêcher que « Le Pianiste », qui venait d’être distingué à Londres, n’obtienne un oscar à Hollywood, et Polanski fut pour la première fois traité de « violeur d’enfants » par l’avocat de Weinstein.
L’interview est en outre une réponse cinglante au sophisme cru et vide, réunissant toutes les accusations lancées sans preuve contre Polanski :« on ne peut séparer l’homme de son œuvre ».
Tant l’homme que l’artiste y apparaissent infiniment plus humain et rationnel que ses accusateurs.
Ce sont les partis de la pseudo gauche qui représentent politiquement les couches argentées de la petite-bourgeoisie faisant partie des 10 pour cent les plus riches de la société, qui joue dans ce contexte le rôle le plus néfaste.
Tous, du NPA toutes fractions confondues à la France insoumise ont soutenu et soutiennent toujours les attaques contre Polanski et « J’accuse ».
Source WSWS
Vous nous aimez, prouvez-le....