dimanche 5 juin 2016

Ce que l’économie du Proche-Orient attend de la paix...






La Conférence de Paris sur le Proche-Orient s'est tenue le 3 juin : elle avait pour objectif de relancer le processus de paix tout en dressant un état des lieux. La réunion internationale de Paris a rassemblé  les ministres des Affaires étrangères d’une vingtaine de pays ainsi que l’Union européenne et l’ONU...







La démarche française vise à remobiliser la communauté internationale autour de la solution à deux Etats en lançant d’abord une conférence sans les deux protagonistes, afin d’amorcer un processus, et ensuite en réunissant à l’automne un sommet avec, cette fois, les parties directement concernées.


ÉCONOMIE RÉGIONALE : INQUIÉTANT ÉTAT DES LIEUX


Une des premières tâches de la Conférence de Paris sera de dresser un état des lieux ; un diagnostic lucide et sans complaisance qui permettra ensuite d’avancer des solutions concrètes, réalisables et acceptables par les deux partenaires.
Sur le seul plan économique, c’est un état des lieux économique inquiétant qui se dessine à l’horizon. Les participants à la conférence de Paris ne devront pas perdre trop de temps à dresser un bilan ; il est urgent de passer directement à la relance du processus de paix, vers la mise en place de la solution des deux Etats.
En fait, dresser l’état des lieux actuel de l’économie régionale à l’ombre du conflit israélo-palestinien est une tâche relativement facile. Si le sujet n’était pas sérieux, le bilan de la situation actuelle pourrait se résumer en quelques mots : rien de neuf. Depuis la signature des accords d’Oslo (1993), la situation sur le terrain est bloquée : en l’absence de processus de paix et de dialogue israélo-palestinien, voilà 23 ans qu’il ne se passe rien de bon pour la région. Pour son économie non plus.


PALESTINE : ÉCONOMIE CHANCELANTE


Côté palestinien, aucun développement économique durable ne peut être envisagé sans indépendance politique. L’économie palestinienne est avant tout dépendante de l’évolution du processus de paix au Proche-Orient. Sans perspective politique, il n’y a pas d’amélioration de la vie quotidienne, pas d’avancées économiques et sociales, etc.
Depuis 1993, la vie quotidienne des 4 millions de Palestiniens de la Cisjordanie et de Gaza tourne au ralenti. Certes, le PIB par tête a doublé en vingt ans, passant de 1.520 dollars en 1995, à 3.060 dollars en 2015. Mais la Palestine reste loin derrière Israël qui affichait un PIB par tête de 35.300 dollars par tête en 2015.
En réalité, l’euphorie économique n’est qu’apparente : celle-ci est entretenue artificiellement par l’aide étrangère et les achats à crédit. Le chômage demeure élevé même si les chiffres récents indiquent une modeste amélioration : le chômage total a reculé de 27% en 2014 à 25,95 en 2015, mais le chômage des jeunes dans le territoire palestinien dépasse les 40%.
Tant que le processus de paix restera bloqué, la dépendance palestinienne d’Israël s’accentuera dans de nombreux domaines : travail, commerce, téléphonie, électricité, etc. Le blocage politique même pourrait conduire au démantèlement de l’Autorité palestinienne, au bord de la faillite ; ce qui serait une catastrophe autant pour les Palestiniens que les Israéliens.


ISRAËL : CROISSANCE RALENTIE


Côté israélien aussi, le statu quo actuel coûte cher au budget de l’Etat. L’état de guerre quasi-permanent se traduit par un manque-à-gagner pour l’économie toute entière, aggrave les inégalités sociales en détournant des budgets vers des dépenses improductives, etc. Le potentiel de croissance de l’économie israélienne ne sera atteint pleinement que lorsque les conditions d’une paix seront réunies, permettant aux investisseurs, touristes, clients étrangers et boycotteurs en tous genres de revenir en Israël.
En fait, c’est la société israélienne toute entière qui paie un lourd tribut à l’état de guerre permanent existant depuis sa création. Malgré les bonnes performances de l’économie israélienne, l’absence de paix pèse sur ses finances et freine son développement. Le coût démesuré de la Défense ampute les budgets qui sont consacrés à des dépenses civiles, comme l’éducation ou l’emploi.
Les retombées sociales de l’absence de paix dans la région sont multiples pour Israël : la « fuite des cerveaux » se poursuit, un enfant sur trois vit en dessous du seuil de la pauvreté et les écarts de revenu sont très larges. Ces difficultés sociales pourraient être atténuées par des taux de croissance plus forts et une affectation différente des ressources nationales, autant de facteurs qui s’accordent mal à une économie de guerre.


Jacques Bendelac (Jérusalem)


Source Israel Valley