vendredi 27 novembre 2015

Yael Naim : « Restez ouvert, ne sombrez pas dans la haine »


Yael Naim et David Donatien seront en concert, vendredi à Figeac./Photo Isabelle Chapuis.

Ce concert sera un vrai bonheur, promettent les services culturels du Grand Figeac. Vendredi soir, Yael Naim se produira sur la scène de l'espace Mitterrand, à Figeac, pour un moment de grâce. Vendredi soir, Figeac accueillera Yael Naim, pour un concert qui devrait réchauffer les cœurs et apaiser les âmes...



La chanteuse franco-israélienne, auteur, compositeur et interprète, est attendue sur la scène de l'espace Mitterrand, à 20 h 30. Avant d'emporter le public dans son univers coloré par les titres de son tout nouvel album «Older», Yael Naim s'est confiée à la Dépêche du Midi.


Que nous raconte votre album «Older» ?
« Older » incarne beaucoup de choses qui me préoccupent. Il parle du cycle de la vie. Pendant les années où cet album s'est formé, j'ai perdu quelqu'un de proche. Et puis, je suis devenue maman. Je me suis rendu compte que j'étais au milieu du cycle de ma vie. Pour la première fois aussi, avec David Donatien (N.D.L.R. : son compagnon), on s'est mis à composer ensemble, on avait envie de partager nos différences musicales, de faire un métissage. Moi qui aime Nina Simone et Aretha Franklin ; David qui aime le jazz et toutes sortes de musiciens.


Et ce hibou sur votre album que symbolise-t-il ?
Dans beaucoup de culture, le hibou représente le passage entre la vie et la mort. C'est l'animal qui a la meilleure vision nocturne. C'est important lorsque l'on est dans le noir de garder une vision claire des choses.


On parle de «IMA», chanté en hébreu et en créole haïtien, comme de la chanson la plus émouvante de cet album…
J'en suis touchée car «Ima» veut dire maman. Moi qui m'étais jurée de ne jamais écrire sur la maternité, cette chanson est née en jouant du glockenspiel, comme une comptine que l'on chante à son bébé qui va naître. On a fait des essais avec Leila McCalla, et quand ma fille est née, et elle m'a annoncé être enceinte. C'était beau de faire «Ima» ensemble, de partager la même chose.


Votre concert aura lieu 15 jours après les attentats à Paris. Quel est le message que vous souhaitez faire passer au public ?
Ce soir-là, je rentrais de tournée, il était tard. Ma famille en Israël a téléphoné, ils étaient effondrés, inquiets et choqués. C'est eux qui m'ont appris les attentats. Paris, c'est une ville que l'on aime tous, une ville de rencontres, de fêtes, de musiques. Et c'est devenu un endroit où on n'est plus en sécurité… Je me pose beaucoup de questions depuis. De voir qu'il y a des gens assez fragiles pour se laisser embarquer par ces discours et aller jusqu'à tuer, me donne envie d'agir pour ceux qui ne vont pas bien, qui ont eu moins de chance que nous, qui sommes apaisés. Je ne sais pas encore comment, mais je suis en pleine réflexion. Je veux dire à chacun : restez ouvert, ne sombrez pas dans la haine, dans la stigmatisation de l'autre, même si la peur n'aide pas.


C'est important d'être sur scène, de continuer les tournées ?
Un album est figé dans le temps, alors qu'une scène c'est autre chose, c'est une connexion à 100 % avec ses musiciens, avec le public, qui se vit sur le moment présent. On est branché ensemble, la musique est plus forte, elle prend vie !


En première partie, duo italien de blues, Ilaria Graziano et Francesco Forni. Tarif normal  : 19 €, réservation au 05 65 34 24 78.


propos recueillis par Laetitia Bertoni


Source La depeche du midi