Le prophète Ovadia est très court, le sujet de sa prophétie est Edom, voisin d’Israël, on lui reproche son alliance avec les babyloniens contre Jérusalem. Voici le texte traduit suivi par deux analyses...
Texte en francais :
Prophétie d’Abdias. Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel, sur Édom : -Nous avons appris une nouvelle de la part de l’Éternel, Et un messager a été envoyé parmi les nations : Levez-vous, marchons contre Édom pour lui faire la guerre !
Voici, je te rendrai petit parmi les nations, Tu seras l’objet du plus grand mépris.
L’orgueil de ton cœur t’a égaré, Toi qui habites le creux des rochers, Qui t’assieds sur les hauteurs, Et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu’à terre ?
Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui de l’aigle, Quand tu le placerais parmi les étoiles, Je t’en précipiterai, dit l’Éternel.
Si des voleurs, des pillards, viennent de nuit chez toi, Comme te voilà dévasté ! Mais enlèvent-ils plus qu’ils ne peuvent ? Si des vendangeurs viennent chez toi, Ne laissent-ils rien à grappiller ?...
Ah ! comme Ésaü est fouillé ! Comme ses trésors sont découverts !
Tous tes alliés t’ont chassé jusqu’à la frontière, Tes amis t’ont joué, t’ont dominé, Ceux qui mangeaient ton pain t’ont dressé des pièges, Et tu n’as pas su t’en apercevoir !
N’est-ce pas en ce jour, dit l’Éternel, Que je ferai disparaître d’Édom les sages, Et de la montagne d’Ésaü l’intelligence ?
Tes guerriers, ô Théman, seront dans l’épouvante, Car tous ceux de la montagne d’Ésaü périront dans le carnage.
A cause de ta violence contre ton frère Jacob, Tu seras couvert de honte, Et tu seras exterminé pour toujours.
Le jour où tu te tenais en face de lui, Le jour où des étrangers emmenaient captive son armée, Où des étrangers entraient dans ses portes, Et jetaient le sort sur Jérusalem, Toi aussi tu étais comme l’un d’eux.
Ne repais pas ta vue du jour de ton frère, du jour de son malheur, Ne te réjouis pas sur les enfants de Juda au jour de leur ruine, Et n’ouvre pas une grande bouche au jour de la détresse !
N’entre pas dans les portes de mon peuple au jour de sa ruine, Ne repais pas ta vue de son malheur au jour de sa ruine, Et ne porte pas la main sur ses richesses au jour de sa ruine !
Ne te tiens pas au carrefour pour exterminer ses fuyards, Et ne livre pas ses réchappés au jour de la détresse !
Car le jour de l’Éternel est proche, pour toutes les nations ; Il te sera fait comme tu as fait, Tes oeuvres retomberont sur ta tête.
Car, comme vous avez bu sur ma montagne sainte, Ainsi toutes les nations boiront sans cesse ; Elles boiront, elles avaleront, Et elles seront comme si elles n’avaient jamais été.
Mais le salut sera sur la montagne de Sion, elle sera sainte, Et la maison de Jacob reprendra ses possessions.
La maison de Jacob sera un feu, et la maison de Joseph une flamme ; Mais la maison d’Ésaü sera du chaume, Qu’elles allumeront et consumeront ; Et il ne restera rien de la maison d’Ésaü, Car l’Éternel a parlé.
Ceux du midi posséderont la montagne d’Ésaü, Et ceux de la plaine le pays des Philistins ; Ils posséderont le territoire d’Éphraïm et celui de Samarie ; Et Benjamin possédera Galaad.
Les captifs de cette armée des enfants d’Israël Posséderont le pays occupé par les Cananéens jusqu’à Sarepta, Et les captifs de Jérusalem qui sont à Sepharad Posséderont les villes du midi.
Des libérateurs monteront sur la montagne de Sion, Pour juger la montagne d’Ésaü ; Et à l’Éternel appartiendra le règne.
Analyse de la Haftara :
La Haftara de Vayichla'h est constitué de la prophétie de Ovadya ch1.
Cette prophétie sur la délivrance finale, que nous aurons le mérite de voir très bientôt, parle de la chute de la civilisation de Edom "le Rouge" (surnom de Essav) qui va accompagne cette délivrance.
Attention, il n'y a aucune haine des personnes représentées par le terme Edom mais, seulement la description de la chute de la civilisation de Edom en tant que modèle de civilisation.
QUE REPRESENTE EDOM "LE ROUGE" ?
HISTORIQUEMENT, le peuple EDOM a été fondé par Essav, frère de Yaakov dans le territoire de Séir (qui signifie poil ou bouc).
Essav est un homme qui a quitté le modèle juif de l'équilibre entre le matériel et le spirituel et qui a choisi la voie du matérialisme absolu.
Essav n'est pas intéressé par la terre d'Israël car elle est trop limitée pour son esprit universel.
Il prône une religion de l'esprit qui ne subit aucune astreinte matérielle.
Edom a eu une dynastie de 8 rois avant que Israël obtienne un roi comme l'indique la fin de la paracha Vayichla'h.
En effet, à l'époque du roi David, le pouvoir de Edom avait été vaincu.
Alors pourquoi tous les prophètes parlent-ils de Edom ?
Il y a 2000 ans, le roi Hérode, d'origine non juive, avait imposé sa fausse conversion au judaïsme pour légitimer son pouvoir.
Ayant besoin de soutien face à la contestation juive, il convertit en masse et en pure forme le peuple de Edom pour asseoir son pouvoir.
Ce sont ces "vrais faux juifs" qui seront un peu plus tard, le terreau du christianisme romain naissant et de sa prétention à être le "nouvel Israël".
Et, comme leur ancêtre Essav, ils ne supportaient pas les aspect d'une religion de la lettre, limitée à un petit peuple sur un petit territoire.
Ils adhéreront donc en masse à la religion de l'esprit, religion de la "circoncision du coeur", modèle de l'amour universel ouvert à tous.
En réalité, les prophètes nous indiquent que la CIVILISATION de EDOM, est la dernière civilisation concurrentes d'Israël.
C'est la civilisation du dernier exil d'Israël que nous terminons en ces derniers instants.
QU'EST-CE QUE LA CIVILISATION DE EDOM "LE ROUGE" ?
C'est bien sûr la civilisation occidentale avec ses aspects chrétiens, philosophiques, humanistes, matérialistes.
Et le point fondamental de cette civilisation dans toutes ses déclinaisons est la suprématie de L'HOMME.
Bien sûr, l'homme peut avoir une religion individuelle (en option pour se rassurer en cas de besoin "opium du peuple") mais qui ne s'en inspire pas pour la direction société.
Il y a la séparation de l'église et de l'état (tant mieux d'ailleurs car l'expérience de l'union ne fut pas concluantes) et la laïcité comme barrière à l'influence du "religieux sur le séculier".
QU'EN DIT LE PROPHETE OVADYA ?
Le prophète Ovadya nous indique le problème inhérent à cette civilisation : le sentiment de toute puissance de l'Homme.
Cette civilisation n'a pas de problème avec la religion juive tant qu'elle est une affaire privée, mais, en réalité, elle ne supporte pas que Israël puisse avoir une dimension Nationale inspirée par une dimension qui dépasse l'Homme.
LA FLAMME DE YOSSEF
Ovadya indique que c'est la "flamme de YOSSEF qui mettra le feu à la paille de EDOM.
La symbolique est claire :
YOSSEF est un personnage solaire, masculin par excellence et pourtant ni "macho", ni perturbé par la dimension matérielle. C'est l'exact contre exemple de la dérive matérialiste de Essav.
YOSSEF Hatsaddik est le modèle de l'équilibre et c'est d'ailleurs le sens du mot tsaddik (tsad signifie côté donc tsaddik l'équilibre entre les côtés matériels et spirituels qui animent l'homme).
MACHIAH BEN YOSSEF
La délivrance finale passe par une reconstruction d'Israël en 2 étapes appelées
1- Machiah ben Yossef : reconstruction matérielle (naissance et enfance)
2- Machiah ben David : reconstruction spirituelle ( âge adulte et maturité)
Autre analyse de la Haftara : Tsarfath, ou la France :
L'avant-dernier verset de cette haftara nous promet que « les exilés de cette armée des enfants d'Israël [posséderont] ce qui appartenait aux Cananéens jusqu'à Tsarfath, et les captifs de Jérusalem, qui [avaient été] à Sefarad, posséderont les villes du midi » ( Ovadia 1, 21) .
On trouve dans le premier livre des Rois (17, 9) une première présentation de « Tsarfath ». Il s'agissait d'une ville située près de Sidon (aujourd'hui au Liban) dans laquelle Hachem a envoyé le prophète Elie. Celui-ci y rencontra une veuve au bénéfice de laquelle il accomplit deux miracles : Il fit proliférer le peu de farine et d'huile qui restait à cette femme, et il ressuscita son fils.
En revanche, le Tsarfath dont il est question dans la prophétie d'Ovadia n'est autre que la France.
Rachi le présente comme l'un des pays dans lequel ont été exilées les dix tribus qui formaient le royaume d'Israël, tandis que Sefarad, lieu d'exil des Judéens, ne serait autre que l'Espagne (« Aspamia » selon le Targoum Yonathan ).
Ibn Ezra , qui partage par ailleurs l'opinion émise par Rachi , indique que les Cananéens du même verset, chassés par les enfants d'Israël , se sont installés en Allemagne (« Alémania »).
Quant à Radaq , il pense à « l'exil de Titus », c'est-à-dire celui qui a suivi la destruction du deuxième Temple, et qui a entraîné la dispersion des Juifs en Allemagne, en France et en « Asklonia » (peut-être les terres peuplées par les anciens Slaves).
Jacques Kohn
Source Massorti et Visual Torah et Chiourim