Jacques Tarnero est chercheur à la Cité des sciences et de l'industrie et documentariste français, membre du Cercle de l'Oratoire (cercle de réflexion français fondé après les attentats du 11 septembre 2001, néoconservateur et partisan de la guerre d'Irak en 2003). Il a été président de la Commission d'études politiques du CRIF. Il est contributeur régulier de Hatikva75, B'nai brith et Europe-Israël News...
Le tueur qui invoque «Allah» avant de tirer et de tuer n'est pas un malade mental ni un déséquilibré. Il n'est pas non plus un «loup solitaire». Il prétend «venger le prophète». C'est sont les mots de «Allah Akbar!» qui sont prononcés par les coupeurs de tête des otages occidentaux en Irak et de Syrie. C'est bien Dieu qui est convoqué pour cautionner le crime, pour sanctifier ces gestes supposés purificateurs.
Ces tueurs qui se font exploser ne commettent pas des «attentats suicide» tels qu'on les nomme trop souvent car ils ne sont pas suicidaires. Ces jouisseurs de mort n'ont pas le désespoir au cœur mais la jubilation de tuer en mourant. Qualifier leur geste de suicide c'est déjà entrer dans la stratégie qu'ils nous imposent car ils cherchent simultanément à culpabiliser leurs victimes en se faisant exploser.
Qu'avons nous commis pour qu'ils nous haïssent tant, pensent de belles âmes? Serions nous aussi responsables de la haine qu'ils nous portent? Ainsi l'explication psychologisante ou sociologisante expliquant par le relégation sociale leur désespoir suicidaire donne un alibi au geste terroriste. C'est aussi le message que les «marcheurs pour la dignité» ont voulu faire passer: le néocolonialisme, le racisme dont ces indigènes de la République seraient les victimes donnent de bonnes raisons à ces supposés désespérés. Toutes ces arguties fonctionnent et il y a en France des sots ou des malveillants pour les partager.
Ce sont les mêmes qui se sont fait exploser à Madrid, à Londres, à Mombassa, à Nairobi, à Boston. Ceux sont les mêmes qui ont attaqué à Bombay. Ce sont les mêmes qui tuent au couteau des juifs en Israël. Ce sont les mêmes jouisseurs de mort qui ont tué des militaires français et des enfants juifs à Toulouse et au musée juif de Bruxelles.
Ce sont les mêmes imprécations qui ont accompagné les gestes du tueur de Sydney en Australie et du conducteur de la voiture bélier de Joué-les-Tours. Etaient-ils seulement des malades mentaux? Ce sont les mêmes individus que la France combat au Mali, en Afghanistan, en Irak. Ce sont les mêmes qu'Israël affronte à Gaza.
Ils se nomment Califat islamique, Boko Haram en Afrique, Chebab somaliens, Hamas à Gaza ou Hezbollah au Liban. Cette hydre à tête multiple a un socle commun et s'il ne faut pas assimiler tous les musulmans à des terroristes tous ces terroristes là sont musulmans. Certes tous les musulmans ne sont pas djihadistes mais tous les djihadistes sont musulmans. Cette religion «d'amour et de paix» devrait regarder de près ce qui en son sein nourrit cette violence et cette rage meurtrière.
Depuis le 11 septembre 2001 l'islam radical a déclaré la guerre au monde.
Depuis Daniel Pearl, combien faudra-t-il d'autres journalistes assassinés, d'autres têtes coupées pour que les juristes qualifient les crimes de cette barbarie? Combien d'autres mécréants, combien d'autres infidèles, combien de «croisés» et combien de juifs vont être assassinés au nom de l'islam? Combien d'autres adolescents israéliens vont être assassinés pour que l'on comprenne qu'il s'agit d'une barbarie identique? Les uns font ça au couteau, les autres à la kalashnikov.
Les uns découpent, les autres se font exploser dans des arrêts de bus ou des cafés. Les uns sont plus artisanaux tandis que les autres sont plus modernes. Pourtant les uns envoient sur Facebook les images de leurs performances alors que les autres cherchent à les dissimuler et pourchassent les journalistes qui pourraient en témoigner.
Les uns sont les disciples du nouveau Calife de l'Etat islamique en Irak et au Levant, les autres sont disciples du Hamas.
Qu'est ce qui définit en droit la notion de crime contre l'humanité? Qu'est ce qui caractérise ce crime?
Cette notion, établie après les jugements des crimes nazis au procès de Nuremberg caractérise les crimes de masse commis contre des personnes au nom de leur origine, ethnique, religieuse, politique. Il s'agit de crimes commis contre des personnes au nom de ce qu'elles sont, de leur identité, de leur appartenance, de leur religion ou de leur croyance.
Qu'est ce que le djihad ? Cette guerre sainte promet le paradis à celui qui pourchasse et anéantit les infidèles, les non musulmans.
Qu'est ce que le djihad? Cette guerre sainte promet le paradis à celui qui pourchasse et anéantit les infidèles, les non musulmans. Il s'agit de cette forme spécifique de guerre commise au nom de l'islam, visant à l'extermination ou la réduction en esclavage de populations pour la seule raison de leur identité non musulmane.
Le djihad, présenté dans un premier temps comme une ascèse spirituelle, un travail sur soi visant à une communion spirituelle avec le divin, a laissé place à sa forme politique telle que nous la voyons aujourd'hui à l'œuvre.
Le djihad (tel qu'il est invoqué et pratiqué par certains groupes islamistes) s'inscrit dans cette définition pénale du crime contre l'humanité. Inscrire le djihad dans la catégorie des crimes contre l'humanité constituerait déjà un fort coup de semonce contre tous ceux qui habillent leurs crimes du masque d'une différence culturelle.
Aucune religion ne saurait se prétendre telle si elle devait servir d'alibi de la barbarie a estimé le président Obama. Le dire haut et fort, au nom de principes universels, permettrait de faire un tri entre ceux qui partagent cette idée d'un universel commun pour une humanité commune et ceux qui refusent cette idée d'une communauté humaine acceptant des règles obéissant à des lois universelles.
Tant que ceux qui prétendent être dépositaires de l'héritage spirituel de l'islam n'auront pas fait ce travail critique sur leur propre corpus spirituel, ils resteront aveugles sur les sources intimes de leur désastre de leur supposée humiliation. C'est du sein de l'islam que des voix doivent s'élever pour dénoncer cette imposture.
C'est bien plutôt l'islamisme version Hamas ou version Hezbollah ou version Etat islamique et leurs multiples clones qui sont responsables de cet enfermement aussi surement que le goulag ne protégeait pas les droits des peuples mais les garrotait.
Pourtant tous deux ne jouissent pas d'un statut identique dans le regard que l'Occident leur porte. L'Etat islamique est dénoncé comme un mal absolu, un «cancer» par les Etats Unis, la France et les Européens. Le Hamas, bien que figurant sur la liste des organisations terroristes, jouit d'une meilleure considération et a même reçu sur ses terres, de brillants intellectuels, Stéphane Hessel et Régis Debray.
Tandis que l'EI (Etat Islamique) profite de la dislocation de l'Irak et de la Syrie, dont les frontières furent établies à la serpe par la Grande-Bretagne et la France, à la fin de la première Guerre mondiale, après la dislocation de l'Empire ottoman. Presque un siècle plus tard ces châteaux de cartes s'effondrent au profit d'une nébuleuse aussi chaotique que sanglante.
Est-on capable en Occident de regarder cela en face? On pourra toujours invoquer les mânes de la République et déclarer solennellement que ces gestes quand ils sont commis en France, sont isolés et qu'ils défigurent la France. Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, font hélas partie de la France d'aujourd'hui.
Les manifestations en faveur de Gaza de juillet dernier n'étaient pas seulement pro-palestiniennes, elle étaient en partie antijuives.
Les indignés qui sont descendus dans la rue pour dénoncer les massacres de Palestiniens en Syrie? Sont ils indignés par les deux cent mille morts en Syrie? Sont-ils descendus dans la rue pour dénoncer les kidnapping de centaines de jeunes filles au Nigéria commis au nom d'Allah par la secte islamiste Boko Haram? Ont-ils dénoncés les attentats contre d'autres musulmans en Somalie, en Algérie, au Liban, en Irak, en Afghanistan? Les massacres arabo-arabes ou islamo-islamistes seraient-ils à ce point une affaire de famille pour y trouver une excuse?
Quelle serait cette normalité acceptée pour cette barbarie alors que chaque riposte d'Israël pour assurer la protection de ses habitants serait considérée comme bien plus condamnable? Quel souci ont-ils de la Palestine ceux qui ont fait de la haine du Juif une seconde nature? Quelle différence en effet! Israël utilise ses armes pour protéger sa population alors que le Hamas utilise sa population pour protéger ses armes!
Au cours d'autres manifestations ce sont les drapeaux du Hamas, du Hezbollah et l'Etat islamique qui ont été exhibés place de la République. «Nous sommes tous des djihadistes», ont crié certains manifestants. Cet avertissement est valable pour tous.
La haine qui motive les émeutiers anti-juifs ne s'adresse pas qu'aux seuls juifs au prétexte de leur solidarité supposée avec Israël. Cette haine recuite va puiser ses sources dans un archaïsme qui déjà fait la preuve de sa malfaisance. L'Europe en connaît le prix.
Que cette vieille haine s'habille des atours progressistes de l'antisionisme ne change rien à l'affaire. La haine des juifs est toujours annonciatrice d'autre chose: à travers les juifs c'est la liberté qui est visée, celle des femmes, celle de l'autonomie de l'individu. Depuis près de quinze ans, la République a perdu de nombreux territoires.
Ils sont tout autant symboliques que réels. Faire de l'Occident ou d'Israël le responsable du malheur arabe constitue l'une des grandes impostures de l'histoire contemporaine. Le déni idéologique de cette réalité constitue l'autre face de ce désastre de la pensée.
Désormais la menace est ici, chez nous, en France, en Europe. Ne pas le comprendre est suicidaire.
Source Le Figaro