Le boycott des produits israéliens deviendrait une arme à double tranchant: les pertes à l’exportation seraient compensées par une hausse du dollar. Paradoxalement, la menace de boycott européen qui plane sur Israël pourrait être favorable à l’économie israélienne. Comment ? En faisant remonter le dollar face au shekel. Tour d’horizon des scénarios du boycott.
SCÉNARIO PESSIMISTE
C’est le ministre israélien des Finances qui a rendu public le scénario pessimiste du boycott en déclarant : « La rupture des négociations avec les Palestiniens risque d’entraîner un boycott européen, qui, même à un niveau très partiel, infligerait un coup sérieux à l’économie d’Israël ». Se basant sur rapport interne du Trésor, Yaïr Lapid a prévenu que l’absence de solution diplomatique « pourrait se traduire par une baisse de 20 % des exportations vers l’Europe et par une perte immédiate de 9.800 emplois ».
Le ministre des Finances voit juste : le marché européen absorbe 32% des exportations israéliennes de marchandises. Autrement dit, l’Etat juif ne peut se permettre de perdre un partenaire de cette taille. Une réduction minime de 20% des ventes à l’Europe signifierait une baisse de recettes de 6% pour les entreprises israéliennes. Pour certaines d’entre elles, le manque-à-gagner pourrait conduire à des licenciements, voire à des fermetures de lignes de production.
SCÉNARIO NEUTRE
Aujourd’hui, le boycott des produits israéliens n’est appliqué que par des entreprises privées, et non pas par des gouvernements. Les banques norvégiennes ou les fonds de pension néerlandais, qui renoncent à investir en Israël ou à coopérer avec une entreprise israélienne, ne jouent qu’un rôle très marginal dans l’économie israélienne. Dans ce scénario, qui est celui qui se dessine aujourd’hui, l’incidence économique du boycott pour l’économie israélienne est quasiment nulle.
Du reste, il est peu probable que l’Union européenne impose un boycott des produits israéliens, comme a pu le faire la Ligue arabe. Il se trouvera au moins un pays pour imposer son veto à une telle décision. Sans compter les firmes multinationales qui sont présentes en Israel, sous la forme d’investissement, de centres de recherche ou de sites de production ; elles ne manqueront pas d’exercer leur influence sur leur gouvernement pour rejeter des mesures qui pourraient se retourner contre les intérêts économiques de l’Europe elle-même.
SCÉNARIO OPTIMISTE
Reste qu’un boycott d’Israël pourrait se retourner en faveur de l’économie israélienne. Un boycott généralisé provoquerait une panique auprès des investisseurs israéliens comme étrangers. Ceux-ci s’empresseront de se « débarrasser » du shekel pour se réfugier dans le dollar, provoquant la remontée tant attendue du billet vert.
En remontant de 3,5 à 3,85 shekels par exemple, le billet vert se renforcerait de 10% ; le chiffre d’affaires des exportateurs israéliens remonterait d’autant, permettant de compenser la perte de débouchés liée au boycott et qui peut être estimée à environ 6%. Ce scénario justifie, à lui-seul, la politique d’achat de dollars par la Banque d’Israël ; les billets verts accumulés à Jérusalem permettront, le moment venu, d’endiguer une remontée trop forte du dollar face au shekel.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley