lundi 3 février 2014

Badinter : « C’est la première fois depuis la fin de l’Occupation que l’on entend hurler " Dehors les Juifs" »


L'ancien ministre estime que les «cris antisémites» entendus lors du «jour de colère» de dimanche dernier «atteignent de plein fouet la République»...Robert Badinter est inquiet. L’ancien ministre qui, il y a plus de 30 ans, s’est battu pour l’abolition de la peine de mort, s’alarme dans une interview au Parisien de la «provocation fasciste» qui agite la France ces jours-ci.



«C’est la première fois depuis la fin de l’Occupation que l’on entend hurler dans les rues de Paris "Dehors les Juifs"», commente Robert Badinter, 85 ans, interrogé sur le «Jour de colère» de dimanche dernier. «Après la guerre, on n’osait plus tenir ce genre de propos», raconte-t-il, jugeant que les slogans proférés lors de cette manifestation «sont mortifères» et qu’ils «atteignent de plein fouet la République».
L’ancien Garde des sceaux socialiste dit qu’il aurait «souhaité des réactions plus vives» après cette «provocation fasciste» et ces «cris infâmes». «Il faut rappeler chaque fois que c’est nécessaire que la République française ne peut tolérer ces cris, pas plus qu’elle ne saurait laisser passer des slogans "Dehors les musulmans" ou "Dehors les Arabes"».
A propos de la rumeur sur la soi-disante «théorie du genre», qui a poussé des parents à ne pas emmener leurs enfants à l’école, Robert Badinter ose la comparaison avec le régime nazi. «Plus l’histoire que vous diffusez est incroyable, plus elle a de chance d’être crue. Goebbels, le grand responsable de la propagande nazie, le disait déjà: tant qu’à mentir, mieux vaut que le mensonge soit énorme, c’est plus crédible». Il n’y a rien de nouveau, juge l’avocat, mais «les techniques modernes de communication et les réseaux sociaux permettent d’atteindre immédiatement un public considérable». «Le péril est là», note-t-il.
Le seul «ciment» de ces contestataires est «la détestation de François Hollande», estime Badinter. Qui juge, de manière plus générale, qu’il y a un «appauvrissement» et une «forme de dégénérescence» du débat politique.


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