Des milliers de juifs de la ville de Mashhad se sont convertis à l'islam, en apparence du moins.
Après que près de quarante d'entre eux aient été assassinés, la plupart ont simplement pris le parti de dissimuler leur judaïsme, dans cette ville de Perse, aujourd'hui la deuxième plus grand ville d'Iran, à un millier de kilomètres à l'est de Téhéran.
Le "Allahdad" (la justice de D-ieu) à Mashhad eut lieu le 19 mars 1839.
Tout a commencé comme n'importe quelle manifestation antisémite de ce genre par des rumeurs. Elles prétendaient que les Juifs de la ville raillaient les musulmans durant une fête, un jour saint!
Les Juifs résidaient à depuis 1746 quand Nader Shah, le roi de l'Empire déplaça sa capitale et ordonna à quarante familles juives de l'accompagner.
Surnommée la ville aux mille visages, Mashhad (qui signifie "lieu de martyr"), est un site majeur de pèlerinage chiite depuis que le huitième imam des chiites, l'imam Alî ar-Ridâ y est mort empoisonné en 818 par le calife abbasside Al-Ma'mûn.
Connue pour sa piété, la population n'a pas accueilli avec enthousiasme ces nouveaux arrivants.
Les Juifs ont été relégués dans un quartier-ghetto à la périphérie de la ville, mais ont néanmoins créé, très vite, une communauté prospère d'artisans et de commerçants, développant des liens commerciaux avec les autres villes de la région et les pays voisins (l'Afghanistan et le Turkmenistan).
À la suite de ces rumeurs, en 1839, la population a saisi ses chefs religieux qui se sont tournés à leur tour vers les dirigeants politiques.
Ceux-ci ont autorisé la foule à "exprimer" sa colère contre les Juifs.
Une foule qui a envahi le quartier juif, attaqué les maisons, les commerces et saccagé la synagogue, brûlé les livres… Trente-six juifs ont perdu la vie ce jour-là.
L'ultimatum n'est venu qu'après, le "Allahdad", n'offrant pas d'autre choix aux Juifs que de se convertir ou mourir.
Les quelque 2400 Juifs restant acceptèrent donc publiquement l'islam.
Les membres de la communauté sont donc devenus des Jadid al-Islam - des nouveaux musulmans – adoptant des noms arabes, pratiquant les rites de l'Islam, y compris le pèlerinage, le Hajj, à la Mecque.
Mais dans le même temps, d'une manière très semblable à celle des crypto-juifs pendant l'Inquisition espagnole, ils ont secrètement continué à vivre comme des Juifs, donnant à leurs enfants un deuxième prénom hébraïque.
Se nourrissant en apparence de viande non casher, ils achetaient des animaux et réalisaient secrètement la che'hita (abattage casher), reconstituant des synagogues clandestines dans les sous-sols et les caves, récrivant à la main les livres sacrés détruits pendant la Allahdad.
Ils ont également eu recours aux mariages endogamiques (à l'intérieur de la communauté) pour éviter que leurs enfants ne se marient avec des non-Juifs, en les mariant très jeunes, à l'âge de neuf ou dix ans de façon à pouvoir refuser toute offre venant de l'extérieur.
C'est seulement, en 1925, après l'accès au pouvoir de Reza Pahlavi, le père du dernier chah, que les crypto-juifs qui vivaient encore à Mashhad sont retournés ouvertement à la pratique du judaïsme.
Mais en 1946, de nouvelles émeutes anti-juives ont éclaté dans la ville.
Les Juifs ont commencé à quitter en masse la ville.
À Téhéran, beaucoup se sont installés en marge des autres Juifs perses, tenant à préserver leurs particularités.
Lors de la création de l'État d'Israël, de nombreux Juifs de Mashad ont rejoint l'État juif.
Aujourd'hui, ils sont près de 15 000 en Israël, ce qui représente la plus grosse communauté mashadi du monde, d'autres étant établies à New York, Hambourg, Londres et Milan.
Une Fédération mondiale des Juifs de Mashad, s'est créée en 2009, pour préserver l'histoire et les traditions uniques de cette communauté.
Source Israel Infos