Banoun, mendiant dans le ghetto juif de la Hara, survivait d’aumônes.
Assis dans un petit coin situé dans un carrefour, face au bijoutier Attia, dont l’échoppe faisait un angle entre le passage Pacha Bey et Rachid Bey, avec son écuelle en bois posée à même le sol, il quémandait quelques sous du matin au soir......Détails......
C’était l’époque ou beaucoup de ruelles et passages portaient le nom des Beys défunts.
Son déjeuner au quotidien était constitué d’un pain hef) sec dit tabouna. Une moitié pour le midi et l’autre pour le soir.
Le soir, il logeait à la nuit tombée chez un cousin qui lui prêtait une mansarde située sur la terrasse.
Du pain sec, Banoun le juif, en avait marre. Il décide de l’accompagner d’une tomate qu’il coupait en deux, l’autre moitié pour le repas du soir. Puis se lassant de ce menu, il l’agrémente de qqs rondelles de concombres, gardant les autres pour le repas du soir.
Au fil du temps, trois olives noires, un morceau de piment doux, deux rondelles de carottes se posent au fond de la moitié de sa demi-tabouna. Et pour couronner le tout, une sardine à la tomate, un filet d’huile et un peu d’harissa embellissent ce qui allait être plus tard le casse-croute tunisien.
Son voisin Attia regardait son pauvre voisin s’extasiait à chaque fois que BANOUN croquait son déjeuner.
Un jour…
‘…Ye Banoun…Qayad en chouf fiq che’yeckh ou deyekh kif tequel el tabouna e’di…Qolli ech témma fiye… ?’ Lui lance Attia.
(………….Je te regarde entrain de kiffer et presque évanoui quand tu manges ton déjeuner… ! Dis-moi qu’est ce qui peut y avoir dedans… ?’)
‘…El khir ouél barka ye Attia… ! Cent tahb nejem en hadarlec gha’ouda ftouri…!)
(..Du pur Bonheur…! Si tu me le permets, je peux demain à midi te préparer ce repas…!)
Pour la modique somme de sourdi ( un sous) Banoun comme promis la veille, se presse de lui servir une demi- tabouna préparée comme il se doit. Enveloppée dans un papier journal, Attia tombe en arrêt sous le charme sur cette préparation.
‘…Yatic el saha ye Banoun, teoua marti tefrah ou tertah mel bsal ou loubia, el ftour ‘ede ââmel sette ou settin kif….!’
(‘ …Bravo…à présent ma femme va se réjouir et se reposer du ragout d’haricots et des autres mets du déjeuner, j’ai vraiment très apprécie cela… !’)
Attia parla de ce nouveau met autour de lui à tel point que Banoun, devant le succès de sa recette, il décide d’installer une petite nessba (une vitrine) dans son petit coin. Il se fait ainsi connaitre par tout le voisinage.
Plus tard, il ouvre une échoppe avec comme enseigne ‘…Aând Banoune…El Béne mé téss’ténèch… ! Chez Banoun le goût n’attend point… !’
Ainsi nait le casse-croute tunisien qui deviendra plus tard très prisé par la communauté juive et même chez les autochtones. Grâce à Banoun l’ancien mendiant juif de la Hara.
Il déménage à Tunis et ouvre une boutique à l’enseigne
‘…CHEZ BANOUN… !’ Tout court.
Sa renommée dépassa les frontières de Tunis.
Plus tard, d’autres gargotes fleurirent dans la capitale et dans les banlieues sauf que la sardine fut remplacée par du thon de Sidi Daoud.
Banoun, devenu très riche entre temps, invente sur sa lancée la fameuse brikh à l’œuf. Là encore ce fut un succès considérable.
Nous sommes en 1936.
Banoun décède et laisse son magasin à son fils Eliaou qui fait prospérer le commerce de son papa en y ajoutant un gril, ainsi de casse-croûtier, il devient aussi ‘…Cheweye’ Grilladier.
Tout Tunis coure après son casse croute et ses grillades. On le copie Même mais personne ne put remplacer le gout de son casse –croute dit TUNISIEN.
Bien plus tard son arrière- petit- fils Manini prend la relève et là encore sa renommée fut à son zénith.
Source Harissa
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