mardi 4 février 2020

« Aider à la reconnaissance des familles spoliées »


Avec pugnacité, Emmanuelle Polack, docteure en histoire de l’art, se bat en faveur des restitutions d’œuvres d’art spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale......Détails.......


« Je n’imaginais pas devenir un jour ce que l’on appelle une «chercheuse de provenance» pour les œuvres d’art spoliées. Étudiante, je m’étais spécialisée dans le marché de l’art sous l’Occupation, à cause de ma famille où l’on a des penchants collectionneurs. 
J’ai réalisé une exposition sur l’action courageuse de Rose Valland au Jeu de paume, là où transitaient les œuvres confisquées par les nazis. 
J’ai publié ses carnets, aidée par Philippe Dagen, professeur d’histoire de l’art à Paris 1. Puis, avec lui, je me suis lancée dans une thèse sur « Le marché de l’art sous l’Occupation ». 
En plongeant dans les archives, j’ai découvert alors un marché extrêmement actif, florissant, autour de tous les biens spoliés aux familles juives transitant par des galeries ou des ventes aux enchères, notamment à Drouot.
En 2014, j’ai aidé ainsi à une première restitution d’un tableau de Matisse spolié au galeriste Paul Rosenberg, repéré lors d’une exposition au Centre Pompidou et dont j’ai retracé le parcours. 
En étudiant en Allemagne la collection Gurlitt, j’ai pu aussi identifier un tableau de Thomas Couture ayant appartenu à l’ancien ministre Georges Mandel assassiné par la milice, et trois œuvres spoliées dans la collection d’Armand Dorville. Toutes ont été restituées aux héritiers.
Dans cette recherche de la vérité, je me suis heurtée à bien des résistances. Je touche à une période sombre de notre histoire qui n’est pas encore vraiment passée. Heureusement, les choses évoluent. 
Le Louvre vient de me confier une mission sur l’origine de ses acquisitions entre 1933 et 1945. En 2019, mon exposition à Paris sur « Le marché de l’art sous l’Occupation » a attiré 65 000 visiteurs. Plusieurs familles touchées par des spoliations m’ont alors contactée. 
J’essaie de les guider dans leurs démarches, de les écouter aussi. Il est très important pour elles de se voir reconnues comme victimes.
Cette quête de justice a, pour moi, des résonances personnelles. Mon grand-père est mort en déportation à Buchenwald. 
Un jour, en consultant le bottin des familles spoliées au Mémorial de la Shoah, j’ai aussi découvert que mes autres grands-parents avaient été spoliés… de meubles et de bijoux. 
Nous avons alors demandé et obtenu une indemnisation. Malgré cela, dans mon travail d’historienne, je veille à rester la plus objective possible. »

Source La Croix
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