jeudi 14 janvier 2016

Pourquoi la France finance-t-elle des ONG anti-paix ?




 
Imaginez qu'une organisation non-gouvernementale (ONG) en France recueille les témoignages anonymes de soldats ayant combattu au Mali, à travers lesquels ils accuseraient le gouvernement français de crimes de guerre de façon systématique...



A présent, ajoutez-y les financements fournis par les gouvernements allemand, britannique et suisse, qui permettent aux dirigeants de cette ONG de parcourir le monde afin de prétendre y exposer des démonstrations de ces crimes de guerre, et de participer aux efforts ayant pour but d'imposer un boycott punitif à Paris.
La plupart des gens admettraient que ce scénario est tout à fait irréaliste. Mais si nous changeons l'objectif de l'ONG, attribuant ces accusations à Israël et désignant les sources de financement comme les démocraties européennes, dont la France, cette image correspond bel est bien à la réalité. En 2015, le consulat français à Jérusalem a financé le groupe israélien "Briser le Silence" (Breaking the Silence - BTS) avec une somme d'à peu près 15.000 euros.
BTS est un petit groupe d'Israéliens qui parcourent le monde pour y propager rumeurs et "témoignages" anonymes qui ont pour objectif de dénoncer les Forces de défense israéliennes en tant que criminels de guerre. Ces derniers mois, BTS a présenté son agenda au Parlement européen, dans une église de Zurich (un programme de propagande d'une durée de deux semaines comprenant une exposition de photos et un flux continu de conferenciers anti-israéliens), dans un événement organisé par le Parti national écossais, dans un cours au groupe britannique anti-israélien Medical Aid for Palestinians (MAP)- et ailleurs.
En général, lorsque des gouvernements étrangers contribuent avec l'argent de contribuable au financement d'une organisation non-gouvernementale (ONG) dans une autre démocratie afin de promouvoir une position politique particulière, on considère cet acte comme une violation des normes fondamentales de comportement.
En donnant des fonds publics à ce groupe marginal israélien, le consulat français à Jérusalem, en tant qu'organe du gouvernement français, facilite et permet la tenue de cette campagne de diabolisation d'un pays ami qui fait face à des menaces terroristes semblables à celles auxquelles la France est au jour d'aujourd'hui confrontée.
Bien entendu, le gouvernement français ne finance aucun groupe tenant des accusations similaires envers les forces de sécurité impliquées dans des opérations anti-terroristes à Paris, à Bruxelles, à Londres ou ailleurs. Et on pourrait facilement imaginer l'indignation publique si un état-tiers, pour quelque raison que ce soit, se permettait de financer une organisation similaire à Briser le Silence faisant le tour du monde pour affirmer que la France serait en train de commettre des crimes de guerre au Mali ou bien pour dénoncer les actions des forces de l'ordre suite aux attaques terroristes du 13 novembre à Paris.
Le consulat français à Jérusalem n'est pas la seule source de financement du contribuable étranger pour BTS et d'autres ONG impliquées dans ces campagnes de diabolisation.
Les tournées mondiales de BTS sont également financées par un certain nombre de groupes chrétiens "d'aide" qui perçoivent leur fonds des gouvernements - tels que Broederlijk Delen (Belgique), Dan Church Aid (Danemark), Christian Aid (UK), Trocaire (Irlande), et Misereor (Allemagne).
Pendant de nombreuses années, BTS n'était qu'une petite organisation n'ayant que peu d'influence. Mais ces dernières années, à compter depuis 2013, son budget - fourni par des sources étrangères - a plus que doublé, atteignant à la fin de l'année 2014 (où a été opéré le dernier rapport disponible), une somme de plus de 500.000 euros, dont une grande partie est utilisée pour financer les campagnes de l'ONG et les déplacements à l'internationale.
En plus de la France et des groupes chrétiens, BTS reçoit l'appui généreux du "Secrétariat des droits de l'homme et du droit international", financé conjointement par les gouvernements (et le contribuable) de la Suède, du Danemark, des Pays-Bas et la Suisse. Ce consortium est géré par l'Institut de droit de l'Université de Bir Zeit à Ramallah, qui finance des ONG anti-pacifistes et, dans certains cas, antisémites.
Parmi ses cadres, dont l'hostilité à Israël est documentée en détail, le soutien aux ONG israéliennes radicales qui divulguent de fausses accusations de crime de guerre, est chose commune.
Cette diabolisation, et le rôle essentiel dans cette propagande qu'occupent les bailleurs de fonds comme le consulat français à Jérusalem, ont alimenté une colère grandissante de la part d'un large spectre de la population dans la société israélienne.
Le 19 Novembre, un officier de Tsahal publie une vidéo montrant un représentant officiel de BTS, Avner Gvaryahu, monter des histoires de toutes pièces sur les troupes des FDI au cours de soi-disant "visites éducatives", près d'Hébron.
La vidéo a provoqué l'indignation dans l'opinion publique israélienne, où plus de 400 officiers de réserve à Tsahal ont signé une pétition qui stipulait que "l'objectif de BTS ne consistait plus en une simple discussion publique entre la droite et la gauche... Il s'agit de diaboliser Tsahal et ses soldats".
Même Ben Dror Yemini, un journaliste israélien de centre-gauche, s'est élevé contre le groupe, en affirmant: "Il est nécessaire que la gauche saine d'esprit monte au créneau, car ces campagnes perpétuent le conflit."
En outre, Yediot Ahronot -le plus grand quotidien israélien affilié aux forces politiques de centre-gauche-, a rapporté le 9 Décembre que la tête de l'un des plus grands programmes d'éducation de la jeunesse du pays, largement identifié avec la gauche sociale israélienne, a décidé de cesser de coopérer avec BTS. Il a ainsi expliqué: "Au lieu de promouvoir une discussion critique en Israël, vous [BTS] vous êtes transformés en un outil dans les mains d'intérêts étrangers visant à diaboliser Israël."
Récemment, Yaïr Lapid, chef du parti d'opposition "Yesh Atid", a déclaré qu'il était temps "de leur dire [à BTS] vous mentez, vous diffamez, vous utilisez des témoignages anonymes et de financements étrangers pour porter préjudice au Pays. Cela ne veut pas servir les efforts de paix, ces histoires sont fabriquées dans le but de blesser la légitimité d'Israël".
En Israël, une demande de plus en plus croissante se fait entendre afin que le gouvernement élu met un terme à cette forme très dommageable de guerre politique, qui alimente la diabolisation et les attaques contre les Israéliens et les juifs. En réponse à quoi, le ministre de la Justice Shaked a proposé une législation -semblable aux réglementations mises en œuvre aux États-Unis- imposant aux ONGs qui font du lobbying pour leur cause d'afficher clairement qu'elles sont financées par des gouvernements étrangers, ainsi que de déposer des rapports périodiques à cet égard.
Les réactions israéliennes à la guerre politique des ONG financées par l'étranger mettent également en évidence le secret qui entoure ces financements, y compris l'argent pour BTS fourni par le consulat français à Jérusalem. Qui prend ces décisions, sur la base de quelles informations et dans quel but? Est-ce que toute institution indépendante crédible contrôle de manière effective la façon dont cet argent est utilisé ou abusé?
Ni les citoyens israéliens, dont la vie et la sécurité sont directement touchés par ces campagnes de propagande, ni les citoyens français et européens qui paient pour elles, ont une idée sur les réponses à ces questions. Ce manque de transparence démocratique est en conflit évident avec les justifications morales pour le financement de groupes israéliens comme BTS.
Au-delà de la transparence et du respect de la souveraineté, nous avons besoin de lignes directrices de financement des ONG pour garantir la bonne utilisation de l'argent du contribuable.
Le financement des groupes d'opposition marginaux dans un pays allié n'a guère de sens et est moralement répréhensible. La mise en œuvre de lignes directrices permettra d'éviter de telles situations, en prévenant la violation de la souveraineté ou des normes diplomatiques, tout en renforçant les relations saines entre pays amis.