Un épisode bien connu de la Torah nous raconte dans quelles conditions les soldats d’Israël devaient se rendre au combat. Après avoir assuré tous les membres de l’armée de la Protection de D.ieu et de sa bénédiction dès lors qu’ils mettaient eux-mêmes leurs espoirs en Lui, différentes catégories d’hommes pourtant déjà enrôlés, étaient ensuite dispensés de se rendre au combat...
Tout d’abord, ceux qui venaient de se marier et qui, pendant une année, ne devaient pas quitter leur nouveau foyer ; ensuite, ceux qui venaient d’acheter une maison et n’avaient donc pas encore eu l’occasion de l’habiter ; enfin, il y avait tous ceux qui avaient planté une vigne et n’avaient pas eu l’occasion d’en boire encore le vin.
Ces trois catégories de soldats « dispensés » de partir en guerre avec l’armée d’Israël sont donc des hommes qui n’ont pas pu profiter d’un « moment fort » de leur vie et qui, s’ils venaient à mourir au combat, quitteraient donc ce monde avec un regret considérable… Et en fait, de manière évidente, la Torah veut donc absolument éviter à l’homme une telle douleur.
Mais il existait de surcroît une autre catégorie d’enrôlés exemptés par la Torah : si un soldat a ostensiblement peur « qu’il rentre chez lui », lui dit le texte toraïque, afin qu’il ne puisse en aucun cas communiquer sa peur aux autres combattants…
Or, avoir peur des affrontements violents de toute guerre est chose fort naturelle. Voilà pourquoi nos Sages diront qu’il ne s’agit pas ici de celui qui a peur du bruit des armes ou du contact physique avec l’ennemi, mais d’une tout autre peur : celle d’une faute précédemment accomplie, sur laquelle le soldat en question n’aurait pas eu l’occasion de s’amender en faisant téchouva. Mourir avec une telle « mauvaise conscience », n’est-ce pas sans doute la pire des choses ?
Mais ce verset qui stipule que ce soldat non repentant « ne communique pas sa peur aux autres » aurait été compris par les Sages - notamment le Ramban - comme l’interdiction formelle de démotiver et de décourager les autres combattants à faire le bien. En effet, quelqu’un qui aurait peur au combat risquerait fort de communiquer sa panique aux autres...
Si quelqu’un n’accomplissait pas telle ou telle mitsva - en donnant en cela un mauvais exemple puisque son attitude de défection risquerait d’être aussitôt imitée par d’autres -, il serait à ce titre rendu directement responsable de ce manque chez l’autre aux yeux de la Torah !
En d’autres termes, nous avons tous une haute responsabilité vis-à-vis d’autrui : certes, il nous arrive souvent de nous décourager de la nécessite d’accomplir une mitsva ; or, si quelqu’un nous imite en cela, c’est nous qui porterions l’entière responsabilité du renoncement de cet « autre ».
Voilà pourquoi il nous faut au contraire être forts et résolus dans nos décisions de faire le bien et d’y inciter les autres.
De la même manière que celui qui découragerait autrui en serait tenu responsable, quiconque l’encouragerait à faire le bien mériterait de prendre part à son « salaire spirituel ».
Plus que toute autre, cette hala’ha nous rappelle clairement combien chaque membre du peuple d’Israël est solidaire de son prochain. Nous ne formons donc qu’un seul peuple : Am Israël n’est pas une simple « entité politique » ni un vain mot, mais une réalité concrète et profonde de tous les jours.
Car en faisant le bien, j’encourage mon peuple à m’imiter. Et le contraire est également vrai !
Comprenons donc combien il est important de rester vigilants sur l’exemple - même inconscient - que nous pouvons donner à nos proches, nos amis ou nos « lointains ».
Notre peuple est ainsi fait : continuons de le respecter pour cette qualité si éminente !
Par le Rav Sitruk
Source Chiourim