L'armée israélienne a dispersé dimanche à coup de grenades lacrymogènes et assourdissantes une manifestation dans un village chrétien près de Bethléem en Judée-Samarie contre la construction par Israël de son mur de séparation...
Des dizaines de militants palestiniens et internationaux, des fidèles s'étant donné rendez-vous à la sortie de la messe, des officiels et des représentants de l'Eglise, ont marché à Beit Jala vers la zone où les bulldozers de l'armée ont récemment arraché plusieurs oliviers vieux de plusieurs centaines d'années pour dégager le terrain sur le tracé du mur.
Sur place, plusieurs dizaines de soldats, dont certains postés sur des toits, ont tiré des grenades lacrymogènes et assourdissantes sur le cortège qui terminait un chant religieux et des prières.
Deux manifestants ont été arrêtés pour avoir jeté des pierres sur les soldats protégeant la zone des travaux, a indiqué la police.
L'ancien patriarche latin de Jérusalem Michel Sabbah a dénoncé ces travaux entamés il y a une dizaine de jours. "Cette terre nous appartient, quoi qu'ils fassent, quoi que leurs tribunaux en disent, cette terre nous appartient et nous reviendra un jour", a-t-il lancé.
"Vous êtes les plus forts avec vos armes, mais vous n'êtes pas les plus forts quand il s'agit d'humanité", a-t-il ajouté, à l'adresse des Israéliens. Moustapha Barghouthi, membre de la direction palestinienne, a lui expliqué à l'AFP qu'il réclamait "la chute de ce mur basé sur la séparation et le racisme, trois fois plus long et deux fois plus haut que le mur de Berlin".
Israël a commencé en 2002, lors de la seconde Intifada, à construire cette barrière censée le protéger des attaques venues de Judée-Samarie. Achevée aux deux tiers, elle doit atteindre à terme environ 712 km.
Les Palestiniens l'appellent le mur de "l'apartheid". En 2004, la communauté internationale a jugé illégale la construction du mur et exigé son démantèlement, comme l'Assemblée générale de l'ONU.
Sa construction à Beit Jala et dans la vallée de Crémisan fait l'objet d'une farouche résistance de la communauté chrétienne palestinienne, qui avait réussi à mobiliser le pape.
L'affaire avait suscité d'autant plus d'attention que le mur devait passer entre un monastère et un couvent de l'ordre des Salésiens. La Cour suprême israélienne avait décidé en avril de bloquer le passage du mur et demandé à l'Etat de considérer d'autres tracés.
Mais en juillet, elle a autorisé Israël à édifier le mur, spécifiant que l'interdiction de construire prononcée en avril valait seulement pour quelques centaines de mètres près du monastère et du couvent.
Non seulement le mur complique grandement la vie des Palestiniens, mais il est accusé d'établir de fait de nouvelles frontières: son tracé se trouve à 85% en Judée-Samarie, isolant 9,4% du territoire palestinien selon l'ONU.
Source I24News