Quel est l’impact des mouvements de jeunesse juifs de France dans l’engagement des immigrants dans l’armée israélienne ? Plusieurs mouvements de jeunesse juifs existent depuis longtemps en France. Trois grands mouvements axent leurs activités sur la formation d’une nouvelle génération qui soit fidèle à la Torah, au sionisme ou encore à la tradition juive. Parmi ces différents mouvements : celui du Bneï- Hakiva, du Betar ou encore des EEIF (Éclaireurs israélites).
Le gouvernement israélien s’associe à l’étranger à l’Agence Juive et à d’autres organisations pour faire venir des jeunes de la diaspora en Israël, afin qu’ils acquièrent une expérience unique, culturelle et religieuse, le tout lié à la Terre promise, Eretz Israël, et à la volonté prioritaire de s’engager dans l’armée israélienne. Ces différents mouvements entretiennent la motivation des communautés juives à faire leur immigration en Israël, l’alyah, par le biais de réunions ou de conférences. Mais ces initiatives communautaires aident-elles réellement à la prise de conscience de la jeunesse juive vis-à-vis de leur engagement dans Tsahal ?
«Je rêve que chaque juif visite Jérusalem au moins une fois dans sa vie. Je crois qu’il faut miser sur la jeunesse juive … que chacun d’entre eux passe au moins une année de sa vie en Israël.». Ceci est le message de l’ancien premier ministre Ariel Sharon à l’Union des communautés juives américaines en Novembre 2003. Cela n’a pas été une déclaration à la légère car depuis, le nombre de programmes pour jeunes à augmenté de manière considérable.
Si l’immigration juive en Israël a enregistré globalement en 2012 une baisse de plus de 2,5 % par rapport à 2011 (selon les chiffres publiés par le ministère de l’Intégration), le nombre de nouveaux immigrants en 2012 s’élève à 18.511 personnes contre 19.020 en 2011. Mais ce chiffre est cependant toujours plus élevé que les 16.465 nouveaux immigrants enregistrés en 2009 ou encore en 2008. En 2012, près de 40 % des arrivants sont originaires de l’ex-URSS (7.573) tandis que 3.426 personnes sont arrivées des États-Unis et du Canada (3.685 en 2011). Cependant le nombre de nouveaux immigrants de France est resté très stable, passant de 1.916 en 2011 à 1.923 pour 2012, malgré une hausse du nombre d’actes antisémites en France estimée à 58% par le Service de protection de la communauté juive (SPCJ).
C’est grâce à ces chiffres que nous arrivons à évaluer le nombre de personnes se laissant tenter par une nouvelle vie en Israël. Mais qu’en est-il de l’immigration des jeunes français, âgés de 18 et 24 ans, qui choisissent de s’engager dans les rangs de Tsahal ?
L’armée israélienne, Tsahal, étant elle-même issue du mouvement Palmach, reconnait donc naturellement la contribution de ces mouvements favorisant l’arrivée de nouveaux immigrants qui rejoignent l’armée. Le Palmach, force combattante d’élite de la Haganah, constituait l’organisation armée clandestine de la communauté juive, de ses institutions et du mouvement sioniste avant l’indépendance de l’Etat d’Israël. C’est avec le Palmach, créé en mai 1941, que ce mouvement devint une forme communautaire exclusivement composé de soldats volontaires. Par ailleurs, la plupart des valeurs du Palmach ont été reprises par Tsahal et parmi elles, le volontarisme des soldats ainsi qu’une complète obéissance aux autorités juives. Cette force combattante a aussi influencé Tsahal en matière de stratégie militaire de ses unités d’élites.
Nous comptons aujourd’hui plusieurs mouvements de jeunesse plus ou moins actifs. Le Bneï-Akiva, l’un des plus présents, est un mouvement de jeunesse juif, sioniste et religieux, créé en 1929 à l’initiative du parti Mizrahi, et de l’association Hapoel Hamizrahi. Le rabbin Shlomo Aviner, très impliqué, est devenu le directeur national. Financé par l’Agence juive, ce mouvement de jeunesse est représenté dans 25 pays.
Le Betar, fondé en 1923 par Vladimir Zeev Jabotinsky, est quant à lui dirigé par David Sreir. Avant la création de l’État d’Israël, il représentait le mouvement de jeunesse juif du Parti sioniste révisionniste, puis de celui du Hérout après la création de l’Etat d’Israël. Aujourd’hui, le Bétar est un mouvement de jeunesse sioniste, inspiré des idées nationalistes dans l’acception patriotique mais qui n’est plus rattaché à aucun parti politique comme par le passé.
Tous ces mouvements de jeunesse font-il croître le nombre de volontaires à l’armée de Tsahal ? Ces différents mouvements soutenus par l’Agence juive et en définitive par l’État d’Israël, font-ils réellement un travail de promotion en faveur d’une démarche vers l’alyah ? Le nombre de mouvements et leur fréquentation semblent pourtant uniques à l’échelle européenne, comparativement à la taille réduite de la communauté juive. En dépit d’une petite aide de la fondation, réduite cette année de 20%, les mouvements prennent donc en charge tous leurs frais.
Quant à Tsahal, il compte dans ses rangs actuellement plus de 5.000 soldats (Hayal boded) séparés de leurs familles restées à l’étranger. Ces soldats « seuls » viennent du monde entier, de France, du Royaume-Uni, des États-Unis, de Russie, du Canada, du Mexique, d’Australie et de beaucoup d’autres pays. Ils se sont portés volontaires pour servir dans l’armée israélienne. Des aides financières sont données par l’armée en récompense de services donnés à la nation. Selon le site dédié à Tsahal, «plus de 5.000 soldats de Tsahal sont en Israël sans leurs familles ; ce sont des soldats seuls, pour la plupart volontaires, et issus de toutes les communautés de diasporas»
Les «soldats-seuls» de Tsahal sont pris en charge par l’armée. Ils reçoivent des allocations, et pour certains, ils sont même «adoptés» dans des kibboutz par des familles israéliennes. L’armée a aussi un programme qui leur permet une intégration plus facile dans Tsahal et un apprentissage intensif de l’hébreu.
Au-delà de ce noyau idéologique commun, on peut cependant distinguer autant de figures de «nouveaux juifs» qu’il y a de variétés de sionisme, selon les sensibilités à l’égard de la tradition et de la culture juive, des valeurs militaires, des différents projets d’organisation sociale. Ce qui domine en effet, d’emblée, c’est l’expression d’une immense fierté devant l’œuvre accomplie par la jeunesse au service de son peuple et son pays.
Source Tribunejuive.info
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