mardi 30 avril 2013

Le silence des médias hollandais sur l’étendue de la haine d’Israël



Environ 5 millions de Hollandais croient qu’Israël est en train de commettre un génocide. C’est le résultat d’une étude de l’Université de Bielefeld, en Allemagne. Elle a enquêté auprès de 1.000 Hollandais, pour leur demander si Israël mène une guerre d’extermination contre les Palestiniens. Plus de 38% des personnes interrogées répondent par l’affirmative.

J’ai rédigé un article à propos de ces croyances erronées, portées par de nombreux Néerlandais, qui rappellent les plus sombres poncifs antisémites qui se propageaient au Moyen-Âge.
J’ai envoyé ce papier à deux journaux néerlandais.
Tous deux ont, purement et simplement, refusé de le publier.
Il a, alors été diffusé par l’un des blogs les plus en vue aux Pays-Bas, Dagelijkse Standaard.
Ce blog est aussi lu par des journalistes des principaux journaux hollandais, pourtant, ils se sont abstenus de parler de cette étude, dans leurs propres articles.
Il n’y a qu’une petite station de radio chrétienne, Pilier de Feu, dont le rédacteur en chef s’est dit choqué par les découvertes de cette recherche, qui m’a contacté pour une interview.
La plupart des medias hollandais importants diffusent des articles triviaux, à propos d’Israël, tant que leur charge demeure suffisamment négative. Autant cette opinion abjecte, véhiculée par ces 5 millions de Hollandais, que le silence des médias sur la haine extrémiste d’Israël, reflètent ce qui va, foncièrement, de travers, dans la société hollandaise.
Cela dit, j‘ai reçu quelques réactions de personnes privées. Plusieurs parvenaient des habituels dissimulateurs, qui prétendaient que les découvertes de cette enquête étaient fausses.
Mais, ils ne se contentent pas seulement d’ignorer cette étude allemande, mais, également, l’enquête menée par l’Eurobaromètre, en 2003, qui montrait que 59% des Européens pensaient qu’Israël représentait la plus grande menace pour la paix mondiale.
Le pourcentage, aux Pays-Bas, était le plus élevé, parmi les pays européens avec 74%.
Si on prend un peu de recul, la réalité s’avère très différente de la perception qu’on en a.
Ce sont les Hollandais, et non les Israéliens, qui ont combattu aux côtés des Américains en Afghanistan, alors que d’autres nations européennes se sont jointes à eux, durant la guerre d’Irak.
Cela a eu des conséquences cruciales pour l’ordre du monde.
En outre, le nombre de morts dans ces deux guerres était, et de loin, bien plus important que lors de toutes les campagnes militaires où Israël était impliqué.
Un petit nombre de Hollandais qui m’ont écrit, au sujet de cet article étaient sous le choc.
Un journaliste néerlandais m’a informé que mes conclusions étaient justes, mais que, pourtant, il pensait que le peuple hollandais ne les reconnaîtraient pas comme telles.
Un troisième groupe comprenait ceux qui étaient très conscients des problèmes essentiels concernant les normes, les valeurs et les attitudes prévalant aux Pays-Bas.
Certains d’entre eux pensent que la dégénérescence du pays est telle qu’il n’y a aucun espoir à attendre pour l’avenir.
Un universitaire a écrit : « Hélas, cet article était nécessaire ».
Le silence des medias hollandais n’arrange rien à l’image des Pays-Bas, bien au contraire.
Cette histoire de point de vue diabolisant sur Israël que détiennent 5 millions de Hollandais a fait le tour d’Internet.
Une chaîne de radio juive internationale lui a consacré un article d’actualités, qui a été repris par Ynet News.
Rabbi Abraham Cooper, doyen associé du Centre Simon Wiesenthal, a soulevé ce problème, face à Lodewijk Asscher, l’adjoint au Premier Ministre Hollandais, au cours d’une rencontre dans les bureaux du Ministre.
Il a demandé à Asscher de lutter contre les opinions extrémistes de nombreux Hollandais, à propos des Juifs et d’Israël.
Les informations au sujet de cette réunion se sont, également, répandues sur Internet.
A Jérusalem, un journaliste d’une chaîne de TV néerlandaise m’a rendu visite.
Il est venu discuter pour savoir s’il devait m’interviewer à propos de l’étude allemande, mais pourtant, il a très rapidement renoncé à cette idée.
Je lui ai dit que les journalistes hollandais, souvent, ne publiaient pas les informations importantes.
Il m’a répondu :
« Vous insultez mes collègues et moi-même ! »
Pourtant, le manque de réaction à mon article n’est qu’un infime exemple du silence parfois durable ou des distorsions que se permettent les institutions et médias néerlandais, au sujet de faits particulièrement négatifs, causant des problèmes très graves, concernant les Pays-Bas.
En 1969, le Commandant d’une unité de l’armée hollandaise, Raymond Westerling, était interviewé par un journaliste de la télé néerlandaise.
Son unité avait réprimé un soulèvement dans l’île indonésienne aujourd’hui appelée les Celebes, à la fin des années 1940.
Westerling avait admis des crimes de guerre majeurs perpétrés par ses soldats, y compris des exécutions sommaires de gens, sans aucun procès.
Il avait prétendu que rien ne pouvait lui arriver, parce que les autorités néerlandaises étaient parfaitement au courant de tout cela.
Cette interview n’a pu être programmée qu’en 2012, en partie à cause des menaces qu’ont subies les médias.
Au cours des soi-disant “actions de police” menées, à la fin des années 1940, aux Antilles néerlandaises, on estime à 150 000 les personnes assassinées par les combattants des deux camps.
Sur assignation officielle, il y a quelques décennies, l’historien hollandais Cees Fasseur a enquêté sur les crimes commis par les soldats hollandais.
En 2008, il a admis que sa recherche était restée volontairement superficielle.
En 2000, les journalistes Alfred Edelstein et Karin Coevorden, de la TV hollandaise, ont interviewé des habitants du village de Rawagede, de l’île indonésienne de Java.
Là, au cours des « actions de police », des civils innocents ont été exécutés sans procès, par des soldats hollandais.
Les habitants de Rawagede ont été surpris par la visite des journalistes dans leur village et leur ont confié que des meurtres similaires, commis par l’armée hollandaise en Indonésie, s’étaient produits dans un grand nombre de villages de cette zone.
Durant les guerres de Yougoslavie, dans les années 1990, un génocide s’est déroulé, dans la ville de Srebrenica.
Les soldats hollandais des Nations-Unies, qui s’y trouvaient, ont reçu l’ordre de leur gouvernement de quitter la ville, sans l’autorisation de l’ONU.
A la suite de quoi, des Serbes Bosniaques ont massacré entre 6 et 8. 000 hommes musulmans de Srebrenica.
Une étude sur plusieurs années, de l’Institut Hollandais de Documentation sur la Guerre (NIOD), a trouvé que le gouvernement hollandais ne connaissait pas les risques encourus par la population civile, lorsqu’il a donné l’ordre à ses hommes de s’enfuir.
Peu de temps après la publication de ce rapport, deux ministres de ce gouvernement, Jan Pronk et Els Borst, ont publiquement déclaré que la découverte essentielle de cette étude de longue haleine, était fausse et que le gouvernement connaissait parfaitement ces risques.
Lorsque j‘ai interviewé l’ancienne adjointe au Premier Ministre Borst, un certain nombre d’années plus tard, elle me l’a confirmé.
Tout ceci relève de l’histoire.
La question subsistante est, à présent, de savoir combien de temps les médias hollandais vont-ils continuer à censurer les données de l’étude de l’Université Bielefeld, concernant l’anti-israélisme extrême que manifeste le peuple hollandais, aux Pays-Bas ?
Le Dr. Manfred Gerstenfeld est membre du Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, qu’il a présidé pendant 12 ans. Il a publié 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Source JerusalemPlus