La première journée business à Tel Aviv du groupe d’Innovation s’achève avec la rencontre de Jérémie Berrebi dans les locaux de Cukierman Investment House à Tel-Aviv. Nous sommes très intéressés à l’idée de converser avec un autre entrepreneur « immigrant » en Israël qui nous fournit un témoignage détaillé de son background et les raisons qui l’ont poussé à s’installer dans ce pays.
Jérémie Berrebi débute sa carrière très jeune : depuis 1994 il travaille dans l’internet et son rêve initial est de devenir journaliste informatique. Cela s’avère être une déception, nous dit-il. En 1997, à l’âge de seulement dix-neuf ans il fonde Net-to-one, en France. Ce n’est que quelques années plus tard qu’il rencontre Xavier Niel, fondateur de Free et Iliad, et décide de quitter la France. Il s’installe en Israël en 2004 et participe à la création de Golan Telecom en collaborant notamment avec Michael Golan.
En 2010, il co-fonde avec Xavier Niel Kima Ventures, le 1er fond mondial investissement d’amorçage. Aujourd’hui, Kima Ventures investit en moyenne dans 1-2 start-ups par semaine. La mission de la société est d’investir le plus tôt possible, partout dans le monde, dans des sociétés composées de 2-3 personnes maximum, dans n’importe quel secteur ICT (Internet Communication Téléphone). Que signifie « très tôt » ? Cela veut dire que Kima Ventures peut même investir dans une idée, dans la phase early-stage de la société. Notre groupe est très intrigué par le profil de l’entrepreneur idéal selon Jérémie Berrebi : le projet de la start-up, affirme t-il, ne doit pas être accessoire par rapport à la vie de l’entrepreneur mais au contraire, il doit se situer au centre de sa vie.
Quels sont les avantages et les inconvénients d’arriver en Israël en tant que français ? Jérémie Berrebi avait la chance de savoir parler l’hébreu et d’arriver en tant que touriste. Quels sont les facteurs qui expliquent que le secteur high-tech soit aussi dynamique, qu’il y ait une aussi grande volonté d’innover et de créer des start-ups? A cette question, Jérémie Berrebi répond que les raisons sont à rechercher dans la mentalité des israéliens : « les gens n’ont pas peur de se planter ici, ce n’est pas une honte de ne pas obtenir ce que l’on avait prévu mais bien au contraire, être capable de prendre des risques, oser, ne pas avoir peur du futur sont là les éléments qui contribuent à esquisser le profil de l’entrepreneur local». Dans d’autres pays, les start-ups ont tendance à avoir le pied appuyé sur l’accélérateur et le frein en même temps : financer ces entrepreneurs c’est les aider à ôter ce frein qui les empêche de se libérer, de risquer. « Ici l’avantage est que les gens sont fous ! »
Mis-à-part ces caractéristiques, Kima Ventures n’investit pas non plus dans n’importe quelle idée courageuse et prend bien soin d’éviter les risques futurs, même si cela s’avère assez difficile.
Grâce au témoignage de Jérémie Berrebi, il est également intéressant pour le groupe Innovation de comprendre la place du judaïsme dans le développement de l’entrepreneuriat israélien. Ce n’est pas la religion même mais plutôt le sentiment de fraternité entre les israéliens, qui encourage la prise de risque et les initiatives d’entrepreneuriat. Pour aller plus loin, modifier le système éducatif du CP à la Terminale serait probablement une manière de changer les choses, de stimuler la capacité de raisonnement, de développer un esprit critique dès le début.
Source Israel Valley