mercredi 22 juillet 2020

Villiers-le-Bel doit agrandir son cimetière saturé par les morts du Covid-19


Déjà sous tension, le cimetière communal manque de place à cause de la surmortalité liée au coronavirus dans plusieurs villes de l’est du Val-d’Oise et d’Ile-de-France. Sarcelles avait réalisé des travaux en urgence dès le début du confinement......Détails.......


Le bruit des pelleteuses vient rompre le silence et la tranquillité du cimetière, situé sur les hauts de Villiers-le-Bel ( Val-d'Oise) en ce mercredi nuageux. Depuis presque deux semaines, les ouvriers remuent la terre à côté des tombes pour préparer la création de nouvelles concessions et réaliser une indispensable extension.
« Le cimetière était sous tension, nous avions déjà l'idée de l'agrandir, nous avons énormément travaillé ces derniers mois sur les possibilités d'extension, confie le maire Jean-Louis Marsac (DVG). 
Là, nous n'avions pas le choix! Nous ne pouvions pas prévoir une telle chose. » À la sortie de la crise sanitaire du Covid-19, le cimetière communa l est saturé. La faute à une surmortalité ces quatre derniers mois.
Dans la ville voisine, à Sarcelles — qui a connu un taux de mortalité quatre fois supérieure à celui du reste de l'Ile-de-France — une extension a par exemple été réalisée, en urgence, au début du confinement. 
Le nouveau cimetière, situé à la lisière de la forêt d'Écouen, a vu ses carrés israélites et musulmans s'agrandir avec des dizaines de concessions supplémentaires. Sinon, la saturation aurait été atteinte « en quinze jours ».

Cinquante enterrements en six semaines

À Villiers-le-Bel, les agents communaux ont réalisé une cinquantaine d'enterrements en l'espace de six semaines. Soit l'équivalent de six mois de travail en temps normal. « Je n'avais jamais vu ça, c'est énorme. Même la canicule de 2003, c'est incomparable, estime un agent. Malgré tout, nous avons pu offrir une sépulture à tout le monde. »
La municipalité a multiplié les reprises de concessions laissées à l'abandon ou dont le contrat avait expiré, pour faire de la place. La méthode était déjà employée avant la crise sanitaire. 
« C'était parfois tendu, souligne une salariée de l'entreprise de pompes funèbres Lescarcelle, située à vingt mètres du cimetière. 
La situation dure depuis plusieurs mois, évidemment que la crise n'allait qu'empirer le problème. La ville n'avait pas le choix, il fallait répondre aux besoins coûte que coûte. Et elle l'a fait d'ailleurs. »

La création de 178 nouvelles concessions

Pour éviter toute saturation pendant la crise, Jean-Louis Marsac avait, dès le début confinement, choisi de refuser toutes les demandes de dérogations venant d'autres communes. 
En particulier pour un enterrement au sein des carrés confessionnels musulmans et israélites. 
« Sinon nous aurions été submergés, nous étions assaillis de demandes venues de toute l'Ile-de-France au début de la pandémie, rappelle l'élu. Cette fois, le problème sera réglé, au moins provisoirement. »
Au total, quatre allées vont être créées ces prochaines semaines, avec 178 nouvelles concessions. 
97 autres seront réalisées en 2021. Ce seront, peut-être, les derniers aménagements possibles dans le cimetière actuel. « Nous avions envisagé de l'étendre au nord mais il y a des nomades installés depuis plusieurs années, indique Jean-Louis Marsac. Il ne faudra pas de telles vagues épidémiques régulièrement… »

Des exhumations en masse dans la communauté juive ?

Le confinement et la pandémie mondiale ont aussi rendu impossible le rapatriement des cercueils de victimes du Covid-19 dans leurs pays d'origine. Après la réouverture, progressive, des frontières, certaines familles envisagent l'exhumation du corps de leur proche, notamment dans la communauté juive. Déterrer un corps est en revanche proscrit dans la religion musulmane.
« C'est sacré, chez nous, d'être enterré en Israël. Évidemment que beaucoup vont vouloir rapatrier leur proche dès qu'ils le pourront, estime Fabienne, membre de la communauté juive, à Sarcelles. Vous verrez, ça n'arrêtera pas les exhumations l'année prochaine. »
« J'ai eu énormément de demandes ou au moins des souhaits qui ont été émis. Après, entre dire qu'on veut exhumer un corps et le réaliser vraiment le moment venu, il y a une différence », relève le patron des pompes funèbres Eden Funéraire, à Sarcelles, spécialisées dans l'organisation d'obsèques en Israël.
Les victimes du coronavirus, enterrées pendant le confinement, ne pourront retrouver la Terre sainte qu'en 2021, quoiqu'il arrive. L'Etat d'Israël n'accepte qu'un corps soit rapatrié seulement onze mois après son enterrement dans le pays étranger.
« C'est une règle qui était déjà existante avant le coronavirus, sans que l'on connaisse précisément les raisons, confie le responsable d'Eden Funéraires. En cette période, cela pourrait aussi laisser le temps à certaines familles d'économiser pour réaliser leur projet. »

Source Le Parisien
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