Il y a environ 66 millions d’années, un jeune hadrosaure – un dinosaure à bec de canard – s’est éteint au Canada.
De cette créature, seuls 11 segments osseux fossilisés de sa queue ont été retrouvés.
Les chercheurs ont alors fait une découverte surprenante. Sur cet échantillon, deux segments présentaient des lésions jamais observées auparavant chez les dinosaures.
“Ces lésions étaient extrêmement similaires aux cavités produites par les tumeurs associées à l’histiocytose langerhansienneune, une maladie qui sévit encore aujourd’hui chez l’Homme, explique Hila May, de l’Université de Tel Aviv. Ces tumeurs, qui peuvent être très douloureuses, peuvent apparaître soudainement dans les os des enfants âgés de 2 à 10 ans“.
L’histiocytose langerhansienneune, plus précisément, se caractérise par une accumulation de cellules de Langerhans dans les tissus, le plus souvent organisées en granulomes.
Sa prévalence est rare, estimée entre 1 et 2 cas sur 100 000 personnes. Et, comme précisé plus haut, la majorité des cas surviennent durant l’enfance.
Des analyses plus poussées, réalisées grâce à une technique de micro-tomodensitométrie, ont ensuite confirmé que ces lésions traduisaient jadis la présence de cette maladie chez l’animal.
Ce que nous apprend donc cette étude publiée dans Scientific Reports, c’est que ce jeune hadrosaure souffrait des mêmes pathologies dont souffrent parfois certains enfants de nos jours.
La plus grande vertèbre en vue latérale (gauche) et en vue caudale (droite). L’espace qui contenait la prolifération s’ouvre sur la surface caudale de la vertèbre. Crédits : Assaf Ehrenreich, Faculté de médecine Sackler, Université de Tel Aviv
Ce n’est pas la première fois que l’histiocytose langerhansienneune est repérée chez des animaux.
Des recherches antérieures ont en effet identifié des pathologies similaires chez les musaraignes et les tigres.
En revanche, c’est la première fois qu’elle est identifiée dans les archives fossiles.
Grâce à des techniques d’imagerie très sophistiquées, les chercheurs ont également réussi à créer une reconstruction 3D de la tumeur et des vaisseaux sanguins qui l’ont alimentée.
Reconstruction tridimensionnelle de la surface maillée de la tumeur et des vaisseaux sanguins associés. Crédits : Ariel Pokhojaev / Faculté de médecine Sackler, Université de Tel-Aviv
Ce type de découverte, désormais possible grâce à une instrumentation de plus en plus innovante, permet de “mieux appréhender la médecine évolutive, qui étudie le comportement des maladies au fil du temps”, souligne le Professeur Israel Hershkovitz, de l’université de Tel Aviv et co-auteur de l’étude.
En comprenant effectivement comment et pourquoi certaines maladies ont survécu pendant si longtemps, nous seront alors en mesure de mieux cerner leurs causes.
Ce qui autorisera ensuite le développement de nouveaux moyens de traitement plus efficaces.
Source Science Post
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