L’histoire de la Résistance a d’abord été gaullienne et communiste, installant au sortir du conflit l’idée que la France se serait pour ainsi dire libérée par elle-même.
Exagération qui a conduit, vingt ans plus tard, à une vision tout autre : la France serait restée pétainiste jusqu’au bout et la plupart de ses dirigeants auraient collaboré sans état d’âme.
Symboles de ce revirement, Le Chagrin et la Pitié, documentaire de Marcel Ophuls, et La France de Vichy, de l’historien américain Robert Paxton.
Depuis quelques années, une approche beaucoup plus nuancée se fraie un chemin.
Limore Yagil en est un fer de lance.
Cette historienne née en Israël, enseignante en France, a pris le parti de regarder la Résistance d’une autre manière. Pas seulement le combat armé et clandestin, qui a focalisé l’attention à la Libération, mais aussi la désobéissance civile et la simple solidarité humaine.
Une somme de petits gestes qui, par exemple, a permis aux trois quarts des juifs résidant en France d’échapper à la déportation.
Le volume que vient de publier Limore Yagil est un extraordinaire inventaire de ce courage caché.
On y fait des découvertes étonnantes. Par exemple, les efforts déployés au sein de l’armée de Vichy pour camoufler le matériel militaire qui aurait dû être livré à l’occupant et qui a été dissimulé dans des châteaux, des fermes, des monastères.
L’historienne s’intéresse aux milieux les plus divers : universitaires, médecins, pharmaciens, préfets…
Un long chapitre est consacré à la « résistance spirituelle ».
Mais, en réalité, tout au long du livre, on ne cesse de voir apparaître des noms de prêtres, de religieux et de religieuses. Là aussi, les idées reçues sont battues en brèche.
Vous nous aimez, prouvez-le....