Paradoxe : le plan Trump, qui était destiné à soutenir Netanyahu, en difficulté dans les sondages, un mois avant une élection cruciale pour lui, pourrait bien se transformer en fardeau pour son parti, le Likoud.
Visiblement, à Washington, on comptait sur le soutien de plusieurs pays arabes. Il en a été autrement lors de la réunion de la Ligue arabe au Caire, samedi 1er février.
Mahmoud Abbas, le président palestinien, a voulu faire rentrer dans le rang les Étatsqui semblaient attirés par le plan Trump en utilisant un argument imparable : le texte américain stipule que les personnes de toutes croyances – donc juives ou chrétiennes – devraient pouvoir prier sur l'esplanade al-Aqsa. Pour les juifs s'y dressait le temple de Salomon et d'Hérode.
Raison inadmissible pour les musulmans, qui considèrent l'esplanade al-Aqsa comme le troisième lieu saint de l'islam.
Toutes les négociations israélo-palestiniennes ont échoué sur cette question.
Que réserveront les urnes ?
Les experts israéliens ont rappelé que les dirigeants arabes auraient fort à faire avec leur opinion publique en cas d'accord au plan. Dans les heures qui ont suivi la publication de celui-ci,Abdallah, le roi de Jordanie, a appelé la Maison-Blanche pour la mettre en garde contre toute atteinte au statu quo dans ce lieu saint et également contre la reconnaissance, par les États-Unis, de la souveraineté israélienne à Jérusalem-Est.
À ce stade, donc, l'initiative américaine est rejetée par les Palestiniens, par l'ensemble de la Ligue arabe et aussi, ce 3 février, par tous les membres de l'Organisation de la coopération islamique réunie en urgence à Djeddah, en Arabie saoudite, pays dont la Maison-Blanche espérait justement le soutien. Seuls les pays du Golfe, traditionnels alliés des Américains, sont plus mesurés.
En Israël, les citoyens arabes sont montés au créneau.
Motif : dix localités arabes de la région dite du « petit triangle », en Galilée, israéliennes depuis 1949, devraient être transférées au futur État palestinien. 350 000 personnes qui, dans leur immense majorité, n'ont aucune intention de changer de nationalité seraient concernées.
Selon le député Ahmed Tibi, cette idée de transfert de population aurait été introduite dans le plan Trump pour encourager Avigdor Lieberman, le chef du parti russophone Israël notre maison, à rejoindre le bloc Likoud-partis religieux nationalistes et ultraorthodoxes mené par Benyamin Netanyahu.
Depuis plus d'une décennie, Lieberman qualifie les Arabes israéliens de « cinquième colonne ».
Comment les électeurs arabes vont-ils réagir dans les urnes le 2 mars ?
Dans la ville de Kafr Qassem (25 000 habitants), un directeur d'école est persuadé que cela va booster comme jamais le taux de participation de la société arabe d'Israël.
D'autres pensent qu'au contraire il y a un risque de boycott du vote.
Juifs de Judée Samarie vent debout
Au sein de la coalition de Benyamin Netanyahu, l'effet boomerang se fait également sentir.
Les deux formations politiques représentant les israéliens de Judée Samarie sont vent debout.
Pas question d'accepter l'idée même d'un État palestinien et de lui laisser 70 % de ce territoire, du moins selon la définition de Jared Kushner.
Ils sont donc très déçus par le holà mis par ce dernier et la Maison-Blanche à la décision de Netanyahu de procéder immédiatement à l'imposition de la loi israélienne sur la vallée du Jourdain et les colonies en Judée Samarie.
Même l'ambassadeur des États-Unis à Jérusalem, David Friedman, a déclaré qu'il fallait prendre du temps, mettre sur pied une commission, tracer les frontières avec précision.
Le conseil des implantations de Judée-Samarie a lancé une campagne pour faire pression sur le Premier ministre afin qu'il réalise rapidement, au moins, l'annexion de la vallée du Jourdain.
À l'heure où ces lignes sont écrites, Benyamin Netanyahu est, malgré tout, en discussion avec les Américains pour obtenir le feu vert de Washington avant le 2 mars, campagne électorale oblige.
Source Le Point
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