dimanche 7 juin 2015

Stéphane Richard : " Orange est présent en Israël pour y rester "

 
"Orange est présent en Israël pour y rester" a assuré samedi à l'AFP Stéphane Richard, le PDG de l'opérateur de téléphonie français, démentant une nouvelle fois tout désengagement du groupe de ce pays où il est notamment présent au travers de deux filiales, et après une vive polémique en Israël. Il "regrette sincèrement" la "controverse" née de ses propos de mercredi au sujet de la fin, souhaitée "dès que cela est possible contractuellement", de l'accord de licence de marque qui lie Orange à la compagnie israélienne Partner. Propos qui ont été perçus comme une volonté du groupe de quitter le pays...


M. Richard assure que son groupe "ne soutient aucune forme de boycott, en Israël ou ailleurs dans le monde".
Stéphane Richard avait déjà présenté ses excuses à Israël au cours d'une interview accordée au site d'informations Ynet et et au quotidien Yedioth Ahronoth.
Il a appelé vendredi l'ambassade d'Israël à Paris et a demandé à rencontrer l'ambassadeur d'Israël en France, Yossi Gal, afin de lui faire part de ses regrets pour les commentaires qui lui sont attribués.
L'ambassade a répondu que sa demande sera examinée à l'échelon politique auprès du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et du ministère des Affaires étrangères, qui décideront d'accorder ou non la demande.
Mercredi au Caire, M. Richard avait évoqué la volonté de son groupe de mettre un terme à son accord de licence avec Partner, ce qui a été perçu comme une volonté du français de quitter le territoire israélien. Il s'en est suivi une vive polémique, remontant au plus haut niveau puisque le Premier ministre israélien et le ministre français des Affaires étrangères sont intervenus sur le sujet.
Le ministre Silvan Shalom a déclaré à Richard que le peuple israélien était en colère et blessé par ses paroles. "Je suis triste que vous soyez devenu un outil dans la lutte et la délégitimation contre Israël et que vous ayez donné un coup de main aux ennemis d'Israël qui essaient de nous faire du mal, non seulement militairement mais aussi économiquement", a déclaré le vice-Premier ministre.

Un ami d'Israël

"Je suis un ami d'Israël et j'aime le pays. Mes mots ont été sortis de leur contexte", a déclaré Richard. "Je suis désolé en mon nom et celui de mon entreprise pour ces déclarations. Nous déplorons le boycott d'Orange de toute nature".
"Notre décision sur l'utilisation de notre marque est motivée — comme c'est le cas partout dans le monde - uniquement par notre stratégie de marque", a martelé affirme le patron d'Orange
"Au terme de discussions avec Partner, un amendement a été inscrit en avril dernier afin d'introduire une date limite à la licence". Celle-ci "est désormais valide jusqu'au 31 mars 2025", rappelle-t-il.
L'État hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque en vertu d'un accord de licence signé par le groupe britannique Orange avec Partner avant le rachat d'Orange par France Télécoms en 2000. France Télécoms a pris le nom d'Orange en 2013.
Face aux accusations selon lesquelles Orange aurait décidé de se retirer en soutien à une campagne internationale et non-gouvernementale de boycott destinée à faire pression sur Israël pour mettre fin à l'occupation des Territoires, le PDG du groupe français a souhaité exprimer "très clairement que le groupe Orange est présent en Israël pour y rester"; notamment via ses deux filiales, Orange Business Services, qui propose des offres à destination des entreprises, et Viaccess-Orca, spécialiste de l'IPTV.
"Je regrette sincèrement la confusion actuelle et la controverse au sujet d'Orange et d'Israël", souligne-t-il.
"Ce que nous avons essayé de faire a été d'améliorer notre situation légale par rapport à ce dossier", avait indiqué Stéphane Richard au Caire mercredi, en référence à l'introduction de l'amendement à l'accord avec Partner.
Partner "avait beaucoup de droits sur la marque et nous-mêmes n'avions quasiment pas de capacité d'action" sur celle-ci, avait expliqué le patron d'Orange.
"Désormais nous avons la possibilité de mettre fin à ce contrat dans le futur", avait-il souligné lors de sa conférence de presse organisée dans la capitale égyptienne.
"Notre intention est de mettre un terme à ce contrat le plus tôt possible" et "de retirer la marque Orange d'Israël", avait annoncé M. Richard.
"Ce n'est pas lié à Israël parce que c'est Israël", avait-il toutefois précisé.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a rappelé vendredi que la France était fermement opposée au boycott d'Israël, après la polémique suscitée par des propos du PDG d'Orange.
"S'il appartient au président du groupe Orange de définir la stratégie commerciale de son entreprise, la France est fermement opposée au boycott d'Israël", déclare Laurent Fabius vendredi dans un communiqué.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a demandé jeudi à Paris de "publiquement désavouer" Orange, les déclarations de son numéro un étant interprétées dans le contexte de pressions pour un boycott d'Israël en raison de la présnce d'implantations juives en Cisjordanie.

"Faire pression sur Orange"

Par ailleurs, à la question de savoir si des pressions ont été exercées contre la société Orange par BDS lors de l''opération Bordure protectrice de l'été dernier, Richard répond: "c'est vrai que j'ai reçu des mails et des cartes ayant trait à cela (guerre de Gaza, ndlr), mais ce n'est pas nouveau. Je sais qu'il y a des gens en Europe qui utilisent cette situation pour tenter de faire pression sur Orange. Nous avons réussi à nous y opposer. J'y ai toujours répondu de la manière la plus claire.
Nous avons un accord que nous ne souhaitons pas poursuivre car ce n'est pas notre stratégie et cela n'a rien à voir avec Israël".
La société Partner a fait savoir qu'elle envisage de donner des suites judiciaires à l'affaire. Haïm Saban, le PDG de la société israélienne a rappelé que "Partner est une société israélienne à tous égards. Nous avons signé avec eux (Orange) un contrat et nous étudions les suites à donner à la suite des déclarations. Les menaces ne nous impressionnent pas.
Je continuerai à opérer en Israël et à mener le combat dans le monde en sa faveur", a déclaré Haim Saban.
Stéphane Richard a réagi aux propos de Haïm Saban. "J'espère que les explications que j'ai données seront suffisamment convaincantes en Israël pour faire comprendre que ce n'est pas politique, que cela n'a aucun rapport avec la campagne anti-israélienne à laquelle je ne suis absolument pas lié. Cela ne m'intéresse pas et je ne partage pas cette idée", a conclu le PDG d'Orange.

Source I24News