dimanche 28 juin 2015

Banque, Budget, Logement : les recommandations du FMI à Israël

 
Les experts internationaux restent confiants sur l’économie d’Israël mais recommandent de stabiliser le déficit budgétaire et le secteur bancaire. Les consultations que les experts du FMI ont tenues en Israël ont été particulièrement brève: en seulement 7 jours, Bas Bakker, Anna Bordon, Jiaqian Chen et Aiko Mineshima ont réussi à rencontrer les principaux dirigeants de l’économie israélienne, (secteur public et privé) et à se forger une opinion qui leur permettra d’écrire leur rapport annuel...


Résultat de ces discussions-marathon : la note de conjoncture que le FMI a publiée hier est concise. Seulement cinq pages ont suffi aux économistes de Washington pour présenter leur analyse sur l’état de l’économie israélienne, pour lui décerner un satisfecit et émettre des recommandations pour l’avenir.
Le rapport intérimaire s’ouvre sur une constatation optimiste : « les performances de l’économie israélienne sont bonnes ». Les experts font remarquer que PIB d’Israël n’a pas connu le ralentissement que d’autres pays ont subi en raison de la crise mondiale ; ils se réjouissent aussi de constater que depuis 2007, « le taux d’emploi est passé de 59 à 68% ».
Ensuite, le FMI précise les enjeux auxquels doivent se confronter les décideurs israéliens : le déficit public qui continue de rester à un niveau élevé ; l’inflation négative qui reste inférieure aux objectifs de la banque centrale ; le prix des logements qui continue de monter ; la productivité du travail qui est encore basse, et les inégalités de revenu qui sont parmi les plus fortes des pays occidentaux.
Après avoir constaté l’état satisfaisant de l’économie israélienne en cette mi-2015, les experts internationaux formulent cinq recommandations :

PREMIÈRE RECOMMANDATION : RÉDUIRE LE DÉFICIT PUBLIC

Pour le FMI, le déficit public en Israël est de type structurel : il provient de la baisse des impôts réalisés dans les années 2003 à 2010, baisse qui n’a pas été compensée par la baisse similaire des dépenses. Autrement dit le déficit n’est pas une faiblesse conjoncturelle ; pour preuve la baisse du chômage alors que le taux d’emploi augmente.
« Les efforts pour réduire le déficit sont repoussés régulièrement » s’insurgent les experts qui estiment que la marge de manœuvre sera étroite en cas de choc extérieur comme une guerre ou une récession grave. Le FMI recommande donc de réduire le déficit d’un demi-point, de 2,75% en 2015 à 2,25% en 2016 pour revenir à un déficit de 1,5% du PIB dans les quatre ans à venir.

DEUXIÈME RECOMMANDATION : COMBATTRE LA DÉFLATION

« La déflation en Israël n’est pas le signe d’une faiblesse nationale mais elle est surtout importée » constate les experts. La baisse des prix du pétrole et la réévaluation du shekel sont les principales causes de la baisse des prix.
Le FMI recommande à la Banque d’Israël d’adapter sa politique monétaire pour poursuivre la dévaluation du shekel et encourager la hausse des salaires réels.

TROISIÈME RECOMMANDATION : FREINER LES PRIX DES LOGEMENTS

« L’augmentation de l’offre de logements est critique pour contenir la hausse des prix de l’immobilier ». La demande a augmenté en raison des taux d’intérêt faibles et l’offre n’a pas suivi. Les experts encouragent le gouvernement à réduire les délais de construction et à prendre des mesures de « micro-prudence » pour limiter les risques que représentent les prêts immobiliers accordés aux ménages.

QUATRIÈME RECOMMANDATION : GARANTIR LA STABILITÉ FINANCIÈRE

Les experts du FMI affirment que « le secteur financier est stable mais son exposition au secteur immobilier est trop grande » : ils relèvent que l’immobilier représente 44% des crédits accordés, ce qui représenterait un risque pour le secteur bancaire en cas de défaut de remboursement.
Le FMI recommande donc à la banque centrale d’évaluer périodiquement les risques encourus par les banques, de revoir les conditions d’octroi des prêts hypothécaires et d’ouvrir le secteur bancaire à la concurrence dans le but de préserver la stabilité financière.

CINQUIÈME RECOMMANDATION : LUTTER CONTRE LA FAIBLE PRODUCTIVITÉ ET LES INÉGALITÉS

« La productivité du travail est relativement faible en Israël et l’écart avec les Etats-Unis va en s’élargissant » constatent les experts du FMI. Le relèvement de la productivité devrait devenir la priorité du gouvernement : « Israël a besoin de davantage de souplesse au niveau micro, c.-à-d. davantage de concurrence ; Israël a trop de régulation et de restrictions, et une concurrence insuffisante ». Le rapport recommande d’accélérer la concurrence dans le secteur des transports, alimentation, banque et importation de marchandises.
Par ailleurs, le FMI encourage Israël de continuer sur la voie d’une réduction des inégalités ; pour les experts internationaux, il faudrait définir une stratégie globale pour réduire la pauvreté, et notamment améliorer les infrastructures de transports et d’éducation qui sont de faible qualité dans les régions périphériques du pays.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley