mardi 2 décembre 2014

Reconnaissance de l'Etat palestinien : à quoi sert le vote de l'Assemblée ?


Les députés français devraient - sauf surprise - adopter ce mardi 2 décembre vers 16 heures une résolution reconnaissant l'Etat palestinien. Un texte non contraignant pour le gouvernement mais qui a une portée hautement symbolique. "L'Obs" fait le point...
 

# Un vote symbolique

La résolution soumis aux députés par le groupe socialiste "invite le gouvernement à reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit" et juge que "la solution des deux Etats, promue avec constance par la France et l'Union européenne, suppose la reconnaissance de l'Etat de Palestine aux côtés de celui d'Israël".
Ce texte, non contraignant pour le gouvernement français, est hautement symbolique sur un sujet toujours sensible en France où vit la première communauté juive d'Europe (entre 500 et 600.000 personnes), qui dénonce une montée de l'antisémitisme ces dernières années.
Cette démarche s'inscrit dans un mouvement européen pour que la reconnaissance de la Palestine, jusque-là envisagée comme l'aboutissement de négociations, soit utilisée comme un moyen de pression sur Israël afin de relancer un processus au point mort depuis l'échec de la médiation américaine au printemps dernier.

# Le PS à l'initiative, l'UMP boycotte

Une immense majorité des députés socialistes devraient voter le texte. Une dizaine d’élus PS (sur 289) n'ont cependant pas signé la résolution. Parmi eux, l'Alsacien Armand Jung, président du groupe d'amitié France-Israël, et le maire de Sarcelles (Val d'Oise), François Pupponi, commune qui abrite une forte population de confessions juive et musulmane.
A l’UMP, une grande partie des députés ne devrait pas participer à ce vote. Le chef de file du groupe, Christian Jacob, argumente qu'on est "clairement dans le domaine réservé de l'exécutif". Le nouveau président de l'UMP, Nicolas Sarkozy a appelé à voter contre "une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat meurtrier [l'attaque contre une synagogue perpétrée à Jérusalem] et alors qu'il n'y a aucun processus de paix".
Même argumentation à l'UDI. "Nous ne pensons pas que ce soit le bon moyen de passer par le Parlement", selon le président du groupe Philippe Vigier.
A la gauche du PS, le texte sera soutenu "avec enthousiasme" par les écologistes et le Front de gauche qui avaient déposé leurs propres résolutions tandis que les radicaux de gauche sont partagés.
 

# Le gouvernement (plus) prudent

"L'exécutif et lui seul est juge de l'opportunité politique" de reconnaître la Palestine, a rappelé vendredi dernier le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, réitérant que Paris, favorable à la solution à deux Etats, ne voulait pas d'une "reconnaissance en trompe-l'oeil".
La France soutient un calendrier de deux années pour aboutir à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien. Pour ce faire, Paris a proposé la tenue d'une conférence internationale. Si ces efforts échouaient, la France reconnaîtrait l'Etat de Palestine sans attendre, comme le réclament les Israéliens, que ces derniers s'entendent avec les Palestiniens sur une solution négociée, a toutefois averti Laurent Fabius.

# Les pays qui ont déjà reconnu l’Etat palestinien

La Suède a récemment reconnu l'Etat de Palestine, qui a le statut d'observateur à l'ONU depuis 2012, et les Parlements britanniques et espagnols ont appelé leurs gouvernements à le reconnaître également.

Au total, 135 pays (en vert sur la carte ci-dessous) dans le monde ont reconnu la Palestine, selon l'Autorité palestinienne.

 


# Israël fâché

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a déjà mis en garde Paris : "La reconnaissance d'un Etat palestinien par la France serait une grave erreur."
"C'est ce qu'ils ont à faire en ce moment en France quand on décapite des gens à travers le Proche-Orient, y compris un citoyen français ?", a lancé Benjamin Netanyahu, faisant référence à la récente décapitation d'un ressortissant français en Algérie par des djihadistes se revendiquant du groupe Etat islamique (EI).
"L'Etat d'Israël est le foyer du peuple juif, le seul Etat que nous avons et les Palestiniens qui exigent un Etat ne veulent pas nous reconnaître le droit d'avoir un Etat pour le peuple juif", a martelé le Premier ministre israélien.
Ce vote risque "d'exacerber la situation" en France, a averti de son côté l'ambassadeur d'Israël, Yossi Gal, en faisant allusion aux incidents survenus lors de manifestations pro-palestiniennes, cet été, au moment de l'opération israélienne à Gaza.


Source Le nouvel Observateur