Beaucoup ont cru que la guerre qu'Israël a livré l'été dernier dans la bande de Gaza allait lui offrir l'opportunité de renforcer ses liens avec le bloc sunnite-royaliste dans la région, qui, tout comme Jérusalem, cherche à affaiblir les pouvoirs régionaux affiliés à l'islam radical. Avec l'Initiative du roi Fahd en 1982, l'Arabie saoudite a abandonné, au moins publiquement, sa politique qui, jusqu'alors, refusait l'existence d'Israël...
Dans le sillage de la Conférence de Madrid (1991), les liens entre les deux parties se sont quelque peu renforcés, et ensemble, ils ont mis en place cinq groupes de travail afin d'évoquer plusieurs problématiques inhérentes à la région : l'eau, l'environnement, l'économie, les réfugiés et le contrôle des armes.
Dix ans plus tard, l'Initiative dite "Abdullah" est devenu "l'Initiative de paix arabe de 2002", et elle garantit à Israël des "relations normales" avec le monde musulman, sous réserve d'un retour aux frontières de 1967, et d'une résolution sur le problème des réfugiés palestiniens.
Mais alors que certains responsables israéliens, notamment le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, ont récemment exprimé leur soutien à un règlement régional global, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a récemment rejeté une telle option.
Les Saoudiens ont également montré peu d'enthousiasme l'idée d'un accord de paix régional. Ceci pourrait indiquer que cette initiative avait été conçue dès le départ pour redorer l'image du royaume qui avait été franchement ternie après les attentats terroristes du 11 Septembre 2001 aux États-Unis.
Cependant, Oman et le Qatar ont établi des relations officielles, fussent-elles partielles, avec Israël pour trouver grâce aux yeux des Américains, à moins qu'il y eut une volonté de provoquer le courroux des Saoudiens. Jérusalem a ouvert des missions dans ces deux pays, mais la deuxième Intifada de 2000, puis l'opération Plomb durci à Gaza en 2006 ont conduit à la fermeture des deux officines.
Toutefois, des documents récemment publiés par WikiLeaks évoquent un "dialogue secret et persistant" sur la question iranienne.
Des sources ont par ailleurs rapporté que des entreprises israéliennes apportent une assistance aux pays du Golfe via notamment des conseils dans le domaine de la sécurité, la formation d'unités militaires locales et par la vente d'armes ainsi que de systèmes et de technologies sophistiqués.
Des responsables des deux bords tiennent également des réunions aussi bien dans la région que dans d'autres endroits de la planète.
Les rapports indiquent également qu'Israël a assoupli sa politique sur les exportations d'armes vers les pays du Golfe, ce qui signifierait que l'Etat hébreu les considère aujourd'hui davantage comme des partenaires potentiels que comme une possible menace.
En outre, Israël jouit d'un certain accès aux marchés dans le Golfe, du moment que les étiquettes de ses produits ne mentionnent pas leurs origines israéliennes.
Pour les pays du Golfe, le prix des relations ouvertes avec Israël peut être plus élevé que les bénéfices qu'ils pourraient en tirer. Ils profitent donc pour l'instant des avantages des liens secrets avec Israël, sans avoir à en payer le prix dans l'opinion publique arabe.
En outre, le fait que l'Iran soit perçu comme une menace commune ne rend pas nécessairement plus facile la coopération entre les pays du Golfe et Israël. En effet, l'existence d'intérêts communs ne signifie que les deux parties partagent la même vision de l'environnement stratégique.
Par ailleurs, un accord futur entre les puissances mondiales et l'Iran sur la question nucléaire pourrait conduire les pays du Golfe à se rapprocher de l'Iran, faute de mieux, et à se faire davantage entendre sur les activités nucléaires d'Israël, en martelant la formule "Si l'Iran , alors pourquoi pas Israël?"
Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer l'importance des relations entre les États qui ne sont pas encore officiellement reconnus. Le dialogue entre les parties contribue à maintenir la stabilité dans la région, et ne peut certainement pas nuire à la promotion d'un règlement politique.
Les Saoudiens ont récemment signalé que l'Initiative de paix arabe était toujours d'actualité et qu'elle pouvait être ajustée en fonction des réalités régionales qui sont aujourd'hui en pleine évolution.
Certains hauts responsables saoudiens ne se cachent même plus de tenir des réunions avec des responsables israéliens. L'ancien chef du renseignement saoudien, le prince Turki al-Faiçal, a ainsi rencontré publiquement le Major-général Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien et actuel chef de l'Institut d'études de sécurité nationale de Tel Aviv.
"La bonne nouvelle est que si Israël veut accomplir des choses avec les Arabes, c'est maintenant le moment de le faire", a écrit Mamoun Fandy dans le quotidien panarabe Asharq Al-Awsat, qui appartient aux Saoudiens.
Selon Fandy, "les pays arabes traversent leur pire période au niveau politique depuis des années, et en raison des bouleversements politiques internes auxquels ils sont confrontés, ils sont maintenant prêts à signer un accord global avec Israël."
Certains diront que cette faiblesse est un prétexte pour Israël pour ne pas signer d'accord avec ces pays pour le moment. Cependant, entre un règlement politique régional global et l'absence totale de coopération, il y a une grosse marge dont Israël peut profiter.
Source I24News