De l'avis général des observateurs, la campagne électorale se focalisera sur la formation de blocs politique. En dépit de l'expérience peu concluante réalisée il y a deux ans par Le « Likoud Béteinou », les formations politiques vont chercher à s'unir, et ce pour deux raisons essentielles : d'abord le rehaussement du seuil d'éligibilité à 3,25 % et ensuite, le choix du président de l'État qui devra déterminer celui qui a le plus de chance de former une coalition solide. En prélude à cette campagne, Hamodia fait le point succinctement sur l'ensemble de formations politiques...analyses...
Likoud, un parti en pleine effervescence
Le Likoud aborde cette campagne électorale dans une certaine tension. De nombreux cadres et membres du parti estiment que Binyamin Nétanyaou n’aurait pas dû s’empresser de provoquer les élections.
Ce mécontentement se traduit par l’effervescence autour d’une éventuelle candidature de Guidéon Saar à la présidence du parti. Si Saar se présente, cela signifiera qu’il estime avoir des chances solides de vaincre Nétanyaou. Et ce sera déjà un indice préoccupant pour le Premier ministre. Sinon, ce dernier aura la voie libre face à Feiglin et Danone.
Pour le Premier ministre, l'objectif prioritaire sera de former une liste électorale moins « nationaliste » et plus centriste. Il espère pour cela avoir le privilège de désigner un ou deux candidats de son choix dans cette liste. Quoi qu'il en soit, la démission-surprise de Limor Livnat confirme le malaise qui existe en particulier dans la branche historique ('hérout) du Likoud.
Expliquant son départ, Livnat a dit qu’elle restait membre du Likoud et voterait Likoud même « si tout ce qui se passe dans le parti ne lui convient pas obligatoirement ».
Enfin, si Binyamin Nétanyaou est libéré de la menace « Saar », il aura plus de temps libre pour persuader Bennett de former un bloc avec le Likoud, bloc qui serait alors plus puissant que celui formé par Herzog. D.H.
Sérénité au sein du Foyer Juif
Le parti de Naftali Bennett est probablement le seul à ne pas être mécontent de l’anticipation des élections. Les sondages lui sont en effet favorables et se situent en 15 et 18 mandats (au lieu de 12 actuellement). Selon les experts, le Foyer Juif peut encore progresser s’il se pose à droite en alternative au Likoud.
Toutefois, la semaine dernière, avant même l’annonce de la dissolution du parlement, des tensions ont éclaté au grand jour entre Bennett qui préside le Nouveau PNR et le ministre du Logement Ouri Ariel qui préside le I'houd Léumi. Motif de ces tensions : l’exigence d’Ariel d’insérer six membres du I'houd Léumi dans la prochaine liste électorale du Foyer juif. Bennett lui ne serait prêt à lui en accorder trois seulement.
Les négociations se poursuivent. Bennett qui ne cache pas son ambition de devenir premier ministre et aspire à être plus consensuel, veut pouvoir, comme Nétanyaou, introduire dans la liste de son parti, des candidats de son choix sans qu'ils ne passent par les primaires.
Yech Atid, un futur préoccupant
Le parti de Lapid entre en campagne lui aussi en position de faiblesse. Les sondages confirment que la moitié des députés de la Knesset sortante perdront leur siège le 17 mars prochain. Cela explique aussi le vif mécontentement de certains d’entre eux envers leur leader à qui ils reprochent d’être allé trop loin et trop vite.
Mais plus grave, Lapid va se présenter à ce scrutin sans pouvoir faire valoir le moindre acquis conséquent à l'exception de la loi sur l'enrôlement des élèves des yéchivot qui sera certainement annulée ou remodelée dans le prochain gouvernement si les orthodoxes y figurent.
Cette double faiblesse devrait conduire Lapid à conclure un partenariat soit avec le bloc Herzog-Livni soit avec Moché Ka'hlon. Une chose est sure : Lapid ne sera pas ministre dans un prochain gouvernement Nétanyaou…
Israël Béteinou, en équilibre
C'est est probablement la principale inconnue des prochaines élections. La logique voudrait que ce parti soit résolument à droite aux côtés du Likoud et de Bennett. Mais certaines prises de position de Lieberman et son recentrage diplomatique récent laissent penser que le ministre des Affaires étrangères à l'intention de jouer les troubles fête au lendemain des élections.
Il n'est pas impossible qu'il se pose en candidat du compromis entre un Nétanyaou désavoué et un Herzog sans réelle envergure.
Un indice : Lieberman et Ka'hlon ont conclu un accord de report des surplus de voix, ce qui signifie que ces deux-là s'entendent bien et pourrait former ensemble un bloc de centre droit.
Parti travailliste : tentatives de fusion, menaces de scissions
Its'hak Herzog n’a peut-être pas l’étoffe d’un Premier ministre, mais il se prépare comme si la présidence du Conseil allait lui revenir au lendemain des élections du 17 mars : « Je serai le prochain Premier ministre » ne cesse-t-il de répéter à qui veut l’entendre. Mais derrière ces vœux pas tout à fait pieux, le président du Parti a compris une chose : pour espérer obtenir de Réouven Rivlin l’investiture après les Législatives, il doit se retrouver à la tête d’un bloc puissant et solide, si possible d’au moins une trentaine de députés.
Le week-end dernier, il a donc proposé à Tsipi Livni -qui a participé avec lui au forum Sabban à Washington – de le rejoindre. Selon l’accord qui se trame, Livni sera la No 2 dans la prochaine liste travailliste. Mais au sein du parti travailliste, cet accord suscite d’ores et déjà une vive opposition. En effet, Livni aurait également exigé d’intégrer à des places réalistes ses deux députés Hatnoua qui furent dans le passé… Secrétaires généraux du parti travailliste Amir Péretz et Amram Mitzna !
Or les places travaillistes sont chères et de nombreux députés ne sont pas prêts à les céder à des « traitres » qui ont quitté le parti pour d’autres formations. Quoi qu’il en soit, si l’alliance Herzog-Livni était conclue, ce bloc obtiendrait dans les sondages 23-24 sièges. Suffisamment donc pour doubler le Likoud et permettre à Herzog de réclamer de Rivlin le privilège de former la prochaine coalition gouvernementale.
Hatnoua, vers l’effritement
Le parti va cesser d’exister. Comme déjà mentionné, Livni et ses deux lieutenants de gauche rejoindront le parti travailliste. Quant à Elazar Stern et David Tsour qui sont plus à droite, ils pourraient être « repêchés » soit par Moché Ka'hlon, soit par Lapid. Toujours est-il que l’effritement de Hatnoua est un échec cuisant de plus pour Tsipi Livni.
Celle qui en 2008, aurait pu devenir Premier ministre si elle avait accepté de céder aux exigences des partis orthodoxes n’est plus qu’une vagabonde politique qui, de scrutin en scrutin, voit sa force électorale s’amenuiser.
Livni a commencé sa carrière politique au cœur du Likoud, et même du 'Hérout historique. Elle l’a poursuivi à Kadima, avant de former en 2012 Hatnoua, et de rejoindre cette fois… le parti travailliste. Comme l’a dit un député Likoud, à ce rythme on devrait la retrouver dans quelques années à Méretz…
Kadima, en fin de parcours
Les sondages sont formels : Kadima ne passera pas le seuil d’éligibilité. Ce qui va contraindre Chaoul Mofaz à se trouver un parti refuge.
Il pourrait donc comme Livni rejoindre un bloc dominé par les Travaillistes. Ces derniers qui sont en manque de figures sécuritaires d’envergure pourraient donc l’accueillir les bras ouverts.
Ka'hlon, le parti sans nom qui va compter
Les sondages lui accordent autour de 10 mandats. Et puisque la règle du jeu est de former des alliances, Ka'hlon pourrait s’allier avec Yaïr Lapid et totaliser ensemble, une vingtaine de députés ce qui leur donnerait une certaine force.
Cependant, il n’est pas certain que Ka'hlon soit tenté par un Lapid qui n’est plus en odeur de sainteté à droite. Cela risquerait d’entraver son éventuel retour dans un gouvernement Nétanyaou. Pour l’instant, Ka'hlon tente de prouver qu’il n’est pas seulement porteur d’un message social. Il répète donc, pour se donner une envergure diplomatique et sécuritaire, qu’il représente « le véritable Likoud, celui qui sait faire la paix et renoncer à des territoires ».
Méretz, sans changement
Les sondages lui prédisent 6 mandats. Méretz veillera à se présenter comme le garant d'une gauche idéologique et humaniste. Mais il pourrait aussi rejoindre le bloc que tente de former Itzhak Herzog avec Tsipi Livni.
Partis arabes : vers une coalition
Le rehaussement du seuil d’éligibilité devrait contraindre les partis arabes ('Hadach, Balad, Raam-Taal) à s’unifier. Ahmed Tibi a confirmé ces derniers jours que c’était là la tendance. Selon certains observateurs, cette unification du « bloc » arabe pourrait avoir pour effet de pousser une partie plus importante de l’électorat arabe israélien à aller voter afin d’accroitre la représentation de ce secteur au sein du parlement.
Cependant les émeutes des deux derniers mois dans la communauté arabe israélienne et l’influence grandissante du mouvement islamique israélien de Raed Salah qui s’oppose formellement à toute participation des Arabes israéliens aux élections « sionistes » pourraient neutraliser cet effet.
Source Hamodia