Israël pourrait se diriger vers des élections anticipées, a indiqué le ministre des Finances Yair Lapid, suite à une réunion de crise lundi soir avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou pour tenter de sauver la coalition. Lors de la rencontre, Netanyahou a présenté une liste de revendications au chef du parti centriste Yesh Atid qui les a jugé impossibles à accepter...
Netanyahou "entraîne Israël vers des élections inutiles", a-t-il précisé, ajoutant que "les exigences présentées par le Premier ministre à Yesh Atid exposent ses intentions politiques".
Netanyahou a présenté les cinq points suivants pour parvernir à une sortie de crise:
•Cesser de miner le gouvernement, en particulier sur la construction à Jérusalem et dans ses liens avec les États-Unis;
•Transférer, comme promis, 6 milliards de shekels au budget de la Défense;
•Libérer des fonds pour le redéploiement prévu de l'armée dans le sud d'Israël;
•Soutenir le projet de loi "de la nation juive", comme formulé par le Premier ministre;
•Geler la projet de TVA à 0% et utiliser les 3 milliards de shekels précédemment attribués pour réduire les coûts de logement.
Lapid a accusé le Premier ministre d'agir "sans tenir compte de l'intérêt national" et de placer "les besoins de la population israélienne au bas de sa liste de priorités."
Le ministre des Finances a également ajouté que "Netanyahou préfère un accord avec les partis ultra-orthodoxes pour devancer les élections que d'assurer les intérêts plus larges de l'opinion publique israélienne."
Des sources au sein du parti de Lapid ont confié au site d'information Ynet que Netanyahou est arrivé à la rencontre "prêt à la faire capoter". Elles ont accusé le Premier ministre d'avoir tenu la réunion "juste pour le show" et de s'y être rendu "sans véritable intention de résoudre les différents problèmes".
De son côté, Netanyahou a publié un communiqué de mise en garde après la rencontre: "si la conduite sans précédent de certains des ministres persiste, il n'y aura pas d'autre choix que de demander la confiance de l'électeur une fois de plus".
"Les citoyens d'Israël m'ont confié des responsabilités, et avec le gouvernement actuel il m'est impossible de gérer le pays comme les citoyens d'Israël s'attendent à ce que nous le fassions", a déclaré M. Netanyahou, rappelant que ce n'est pas "l'option" qu'il "préfère".
Ultime effort pour sauver la coalition
Cette rencontre est survenue dans un contexte de défiance généralisée au sein du gouvernement, qui a amené Benyamin Netanyahou à annoncer une série de réunions cette semaine avec les membres principaux de la coalition pour déterminer s'ils peuvent encore gouverner ensemble et décider si des élections anticipées doivent avoir lieu.
Netanyahou a déjà rencontré dimanche Avigdor Lieberman le ministre des Affaires étrangères et le président de Yisrael Beiteinou (droite nationaliste).
Les sources proches du Premier ministre ont déclaré à Ynet que Netanyahou effectuait "une dernière tentative pour voir si des accords pouvaient être trouvés qui permettraient le maintien du gouvernement, de sorte que les questions d'Etat pourraient être gérées correctement."
A l'issue de ces entretiens, il prendra sa décision sur la tenue d'élections anticipées.
Lors d'une réunion houleuse avec le cabinet, Netanyahou a indiqué ne plus être disposé à accepter une situation dans laquelle "les ministres attaquent le gouvernement auquel ils appartiennent, comme s'ils faisaient partie de l'opposition (...) Malheureusement, il ne se passe pas un jour sans des menaces, des ordres, des menaces de démission et des ministres qui attaquent le gouvernement et le Premier ministre".
Principale cible de ce rappel à l'ordre: Yair Lapid, soupçonné de briguer le poste de Premier ministre.
Au cours du week-end, Lapid avait déjà accusé Netanyahou de suspendre les questions relatives au "budget de l'Etat, aux relations diplomatiques d'Israël, à la sécurité des citoyens, à la crise du logement et d'autres".
Lapid a également fustigé Netanyahou sur la question du projet de loi renforçant le caractère juif d'Israël.
"Yesh Atid et moi ne sommes pas opposés à une loi sur la nationalité, mais nous sommes contre la version proposée", a-t-il déclaré à l'Université de Tel Aviv.
Mais la décision d'éventuelles élections anticipées dépendra aussi des trois partis ultra-orthodoxes représentés à la Knesset, dont Netanyahou essaye de se rapprocher. Si le dirigeant du Shas et parlementaire, Aryeh Deri, s'est engagé à soutenir Netanyahou avant les élections, il s'est gardé les mains libres sur ce qui pourrait se passer après celles-ci.
Source I24News