Du 24 novembre 2021 au 13 mars 2022, l’Institut du Monde arabe accueille le troisième volet de sa trilogie d’expositions sur les grandes religions monothéistes: “Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire”. L’occasion de revisiter un patrimoine oublié.....Détails & Photos.....
Cette vaste exposition met en lumière la longue histoire juive en Orient et l’influence que cette dernière a eu sur les territoires où sa diaspora s’est implantée.
À travers 1000m2 d’espace, elle permet aux visiteurs de découvrir la richesse des échanges entre les communautés juives et les civilisations musulmanes qui les ont abritées.
Un voyage qui retrace l’histoire de cette présence en terres arabes, des premiers liens tissés entre les tribus juives de la péninsule arabique, à l’essor des centres urbains juifs au Maghreb et dans l’empire Ottoman. Cap sur trois grands moments de l’exposition.
Les communautés juives avant l’Islam
Durant près d’un millénaire avant l’ère chrétienne, les juifs ont vécu en terre de Canaan (un territoire qui s’étend actuellement entre Israël, la Palestine, le Liban et la Syrie), où le roi David avait fait de Jérusalem sa capitale, et Salomon avait construit le premier temple.
Une présence qu’on pouvait également trouver dans l’ensemble du pourtour méditerranéen durant la période hellénistique. Mais certaines colonies juives se sont aussi installées dans la péninsule Arabique: les premiers juifs de Médine qui après avoir quitté le temple, se sont intégrés à cette société tribale et polythéiste. La première salle de l’exposition de l’IMA est dédiée à cette période spécifique et aux objets d’antiquité qui témoignent de la présence juive dans le monde arabe avant l’Islam, à l’instar de plusieurs mosaïques venant de la synaguogue de Naro (actuelle Tunisie) et datant de l’époque romaine ou encore une fresque murale de la synagogue de Doura Europos (actuelle Syrie).
Mais aussi des Tik de Sefeh Torah syriens, des étuis qui sont utilisés pour protéger les rouleaux de la Torah que les communautés amenaient avec elles lors de leurs exils.
Après la destruction du premier et second temple , la diaspora juive s’exile à Babylone qui devient, avec la Galilée, l’un deux principaux centres d’érudition juive. Des sages y rédigent alors le Talmud de Palestine, Jérusalem et Babylone, un livre majeur du judaïsme.
La genizah du Caire, un trésor d’archives juives
Sous le règne des Fatimides, entre le X et le XIIème siècle, L’Egypte devient le centre du monde juif oriental. Dans la communauté du vieux Caire (Fustat), la synagogue ben Ezra concentre alors une quantité de documents dans une pièce spéciale: La Guenizah.
Durant près de 9 siècle, de 882 à 1880, plus de 380 000 feuillets et manuscrits y ont été transposés, conformément à la Loi juive ( halakha) selon laquelle aucun document susceptible d’invoquer le nom de Dieu ne peut être jeté ou détruit en attendant d’être rituellement incinéré. Des témoins de la vie sociale, économique et familiale des juifs de cette époque.
On y trouve un nombre incroyable de documents comportant à la fois des textes juridiques, liturgiques ou encore de la poésie, comme des écrits de Maïmonide, le plus grand savant et philosophe juif médiéval, ou des fragments du Talmud et de la Bible. Mais aussi des lettres personnelles et des factures qui dépeignent la vie de la communauté juive à Fustat.
Cette pièce qui n’a longtemps été qu’un grenier n’attirant guère l’attention, a été reconnue pour la première fois par Jacob Halévy Saphir, un voyageur et chercheur juif, qui en a donné une description publiée en Allemagne, après son voyage en Égypte en 1864.
Cette exposition nous invite ainsi à l’intérieur de ce bijou historique à travers une sélection d’archives comme un certificat de fiançailles karaïte, un courant religieux juif structuré en Mésopotamie dans la première moitié du IXe siècle, ou encore un extrait de la mishneh torah écrit de la main de Maïmonide.
Les séfarades, les communautés juives de l’Espagne au Maghreb
À la fin du XVIème siècle, la situation des juifs hispaniques se dégrade dans le royaume ibérique et ces derniers sont contraints à s’exiler, expulsés par les souverains espagnols.
Une grande partie d’entre eux se réfugie au Maroc, où ils s’intègrent au reste de la population juive locale berbère (les tovashim), à l’exception des ports de Tanger et Tétouan où ils conservent des traditions et coutumes bien spécifiques. D’autres choisissent de s’installer dans l’empire Ottoman à Salonique, Constantinople, en Palestine ou en Egypte, où les sultans comptent peupler les provinces désertées avec des juifs et des chrétiens.
Certaines familles séfarades parviennent alors à s’y imposer politiquement et économiquement, par leur proximité avec le pouvoir et leur influence économique dans des domaines tels que l’industrie drapière ou le commerce international.
Un large espace de l’exposition rend hommage à cette communauté juive séfarade, en offrant un voyage au travers des différents costumes, accessoires, photos et objets de cette communauté dans chaque pays au Maghreb parmi lesquels une robe de mariage traditionnellement portée par les femmes juives en Algérie, les photos de mariage d’une grande famille de Constantine dans les années 20, en passant par les tableaux de peintres orientalistes, des cartes postales traduisant l’ambiance des mellahs (quartiers juifs) marocains ou encore une couverture de Tik (étui comprenant le rouleau de la Torah) finement brodée selon un artisanat typiquement tunisien.
Un hommage au patrimoine matériel comme immatériel, religieux comme profane de cette culture juive qui a fortement et durablement influencé le monde musulman dans lequel elle s’est implantée.
Objet appartenant à l’exposition qui retrace l’histoire des juifs d’orient.
Des objets de la Guenizah du Caire, des extraits d’un certificat de mariage karaite notamment
Source Kawa News
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