jeudi 17 décembre 2020

Véra, Nina, Guili : les trois femmes puissantes de David Grossman


Dans « La vie joue avec moi », l’auteur israélien David Grossman explore les relations mère-fille-petite-fille. Avec une humanité rare et une justesse psychologique de tous les instants.......Détails........

Est-on vraiment surpris d’apprendre, dans une note de fin de livre, que David Grossman s’est inspiré d’une femme de chair et d’os pour en tirer l’admirable personnage de son nouveau roman ? 
Eva Panic Nahir est, nous apprend le grand écrivain israélien, « une femme célèbre et admirée en Yougoslavie ». Eva a subi les pires sévices dans les prisons yougoslaves avant d’émigrer dans un kibboutz en Israël. C’est là que Grossman l’a rencontrée.
« Il y a plus de vingt ans, Eva m’a raconté pour la première fois l’histoire de sa vie. (…) Une amitié profonde s’est nouée entre elle et moi. 
Il était impossible de ne pas l’aimer et de ne pas admirer sa force de caractère et son humanité. »
Pendant des années, Eva presse David d’écrire son histoire et celle de sa fille Tiana, autre héroïne du livre rebaptisée Nina. 
C’est maintenant chose faite.
Petite femme énergique qui accepte de tenter l’aventure conjugale avec Touvia Bruck, qui vient de perdre sa femme, Véra (Eva) est jolie, intuitive, courageuse et elle a aussi perdu son mari, un héros de la résistance à Tito. 
Elle a une fille, Nina, dont la froideur mystérieuse rebute les garçons autant que sa beauté les attire. Nina est rebelle, violente, imprévisible, mais elle finit par capituler lorsqu’elle comprend que Raphaël, malgré tous les obstacles qu’elle mettra sur le chemin de leur amour, ne cessera jamais de la vouloir pour lui. Un enfant va naître, Guili.
Avec une humanité rare et une justesse psychologique de tous les instants, David Grossmann explore les relations mère-fille-petite-fille dans un roman dont les magnifiques héroïnes sont comme les organes d’un corps : rien ne serait possible si chacune n’œuvrait à la beauté de l’ensemble. 
Dans la deuxième partie du livre, Véra, la grand-mère, focalise davantage l’attention : à l’occasion d’un voyage en Croatie, on en apprend davantage sur ses années passées sur l’île-prison de Goli Otok.
Mais David Grossman se garde de négliger les deux autres : somptueuse dans sa douleur et ses pulsions suicidaires, Nina ne s’est jamais remise d’avoir été abandonnée par Véra, lorsque celle-ci choisit – on songe au « Choix de Sophie » de Styron – de rester fidèle à son mari quitte à devoir être séparée de sa fille. C’est Guili, la petite dernière, qui raconte à la première personne cette histoire bouleversante, luttant de toutes ses forces contre la « gomme gigantesque » qui, dit-elle, efface sans cesse le souvenir de la douleur, annihilant aussi l’espoir de la surmonter.

La vie joue avec moi, par David Grossman, traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche, Seuil, 336 p., 22 euros.

Source L'Obs
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