Résumé
Hanni Weissenberg (Lévy est son nom marital) n’a même pas 19 ans quand, le 3 février 1943, elle parvient à échapper à la Gestapo, venue arrêter les locataires juifs de l’immeuble où elle réside, à Berlin.
Quelques semaines auparavant, elle a vu sa grand-mère bien-aimée, la seule famille proche qui lui reste, partir en déportation. Elle s’est juré à ce moment-là de tout faire pour ne pas subir le même sort.
Commence alors une vie de « sous-marin », comme les Juifs cachés s’appellent eux-mêmes. À la rue, sans argent, l’étoile jaune sur le manteau, vers qui se tourner ?
Mue par une farouche volonté de vivre et une confiance en l’autre dépourvue de naïveté, la jeune fille trouvera sur son chemin plusieurs personnes pour l’aider, la soigner, l’héberger…
Notre avis
Hanni, prématurée de deux mois, voit le jour, le 16 mars 1924 à Berlin. Elle est le seul enfant d’Alice et Felix Weissenberg.
Son père est photographe de profession. Il a servi sa patrie, l’Allemagne, comme reporter de guerre, et troublante ironie du sort, sous les ordres de Hermann Göring.
Ce dernier, adhérent précoce du Parti nazi, dès 1922, sera Ministre de l’Aviation du Reich. Les Weissenberg vivent chichement, déménageant souvent, dans la toute jeune République de Weimar, frappée par une crise économique, qui va devenir sociétale. Hanni connaît néanmoins une petite enfance avec beaucoup de moments heureux.
Elle entame une scolarité normale dans une école primaire laïque, à partir de 1931. Cependant, le nazisme, s’oriente, dès 1935, vers ce que l’on appelle, "la séparation radicale", et Hanni rejoint alors les bancs d’une école juive. L’enseignement y est de grande qualité et d’une exigence extrême.
Elle garde un souvenir, émouvant, de ses camarades de classe.
La Nuit de cristal, du 8 au 9 septembre 1938, montre que le nazisme est totalement hostile aux Juifs.
Le père ouvre péniblement les yeux, et prend conscience que sa Croix d’honneur, ne l’empêche pas d’être juif, avant d’être allemand. Il est déjà trop tard pour émigrer. Le travail obligatoire est instauré et emporte rapidement Felix, qui souffre d’asthme.
Hanni est contrainte de travailler dans une usine de filature, "l’Araignée", au sein d’une section juive. où elle noue des amitiés fortes et sincères. Sa mère, malade, décède à 51 ans.
Mais le plus horrible pour elle, est le verbe nazi "écluser". Sa grand-mère est conduite dans un camp de transit et Hanni écrit ceci dans son autobiographie : "Mais le quatrième jour - c’était le 3 octobre 1942 - je ne l’y ai pas trouvée. Le choc, la douleur et le désespoir furent immenses.
Je dois dire que la perte de ma grand-mère bien-aimée fut encore pire pour moi que la mort de mes parents. Je crois que c’est là que je pris la décision de ne pas me laisser déporter si cela devait m’arriver."
Le 3 février 1943, attendue de nuit pour travailler à l"Araignée", Hanni échappe, in extremis, à la Gestapo, venue -verbe encore une fois terrifiant- "collecter" des Juifs, dans son immeuble.
Il lui faut fuir, avec vélocité, mais aussi réflexion. Elle trouve un asile provisoire, où on lui teint les cheveux en blond avec de l’eau oxygénée, puisqu’elle est désormais recherchée comme "Juive en fuite".
Son premier véritable refuge stable est chez la famille Morst : elle a non seulement un toit, mais elle est également employée, forme de renaissance sociale, au service de ses hôtes ; des hôtes qui la considèrent, source de réjouissance, comme une des leurs.
Mais sans explication, elle retrouve, du jour au lendemain, l’abandon et le chagrin.
C’est dans une autre famille, les Kolzer, par le hasard d’une rencontre avec un jeune allemand Oskar, pourtant prêt à s’engager dans la Wehrmacht, qu’elle attend et assiste à la fin de la Seconde guerre mondiale. Elle choisit, ensuite, de s’installer à Paris : s’ouvre une autre histoire...
Me sauve qui peut !
Auteur : Hanni Lévy
Editeur : Les petits matins
Genre : Autobiographie
Nationalité : Allemande
Date de sortie : 23 janvier 2020
224 pages - 20 €
En collaboration avec la Fondation Heinrich Böll
Traduit de l’allemand par Bertrand Brouder
Livre sous la direction de l’historienne Beate Kosmala
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