Les Emirats arabes unis réduisent leur dépendance à l'or noir.
La pétromonarchie a annoncé lundi avoir donné son feu vert à la mise en exploitation de la centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe.
« L'Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé l'octroi à l'entreprise Nawah de la licence d'exploitation du réacteur 1 de la centrale », a déclaré le représentant permanent des Emirats à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Hamad Alkaabi, lors d'une conférence de presse à Abou Dhabi.
Pourquoi le nucléaire ?
Quatrième producteur de l'Opep (Organisation des pays producteurs de pétrole), la fédération s'est développée depuis les années 1970 grâce à sa richesse en sources d'énergie fossiles, qui a été renforcée par la découverte récente d'un énorme champ gazier entre Dubaï et Abou Dhabi.
Mais le pays a aussi mis en place un programme de plusieurs milliards de dollars pour développer les énergies renouvelables, avec pour objectif de produire 50 % de son énergie à partir de sources propres d'ici 2050.
« Cela fait partie de la volonté des Emirats de diversifier leur bouquet énergétique, de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles et de projeter l'image d'un leader régional en matière de science et de technologie », explique ainsi une spécialiste du Golfe requérant l'anonymat.
Quelle capacité aura la centrale ?
Lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront une capacité de 5.600 mégawatts, soit environ 25 % des besoins des Emirats.
L'Etat fédéral composé de sept émirats compte une population de 9,3 millions d'habitants, dont environ 80 % d'expatriés. Les besoins en électricité sont croissants en raison de l'utilisation systématique de la climatisation durant les étés caniculaires.
Qui exploitera la centrale ?
C'est Nawah Energy Company, fondée en 2016, qui exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah.
La construction du site, localisé dans le nord-ouest du pays et à environ 200 km à l'ouest de la capitale Abou Dhabi, a été assurée par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros).
Quand la centrale entrera-t-elle en service ?
La mise en route de la centrale aura lieu dans un « futur proche » a déclaré Hamad Alkaabi, sans préciser la date.
A l'origine, le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire, d'après les responsables, aux conditions légales de sécurité.
Quel rapport avec le nucléaire militaire ?
Dans un contexte de tensions régionales accrues, les responsables émiratis ont insisté sur le caractère « pacifique » de leur programme nucléaire et assurent qu'il ne contient aucun volet militaire.
« C'est une nouvelle étape dans notre marche vers le développement de l'énergie nucléaire pacifique », s'est ainsi réjoui sur Twitter Mohammed ben Zayed al-Nahyane, prince héritier d'Abou Dhabi.
« Les Emirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu'à une coopération solide et continue avec l'AIEA et les partenaires nationaux et internationaux », a souligné pour sa part Hamad Alkaabi.
Le pays a accueilli plus de 40 missions internationales et inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et de l'Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) depuis 2010. Mais de son côté, le Qatar, émirat voisin, dit voir dans Barakah une « menace pour la paix régionale ».
D'autres projets en cours dans le monde arabe ?
D'autres pays arabes, notamment l'Arabie saoudite et l'Egypte, se lancent également dans le nucléaire, malgré les questions de coût et de sécurité que cela soulève.
Sous Saddam Hussein, l'Irak avait également développé un programme nucléaire, jusqu'à ce qu'Israël mette fin à ses ambitions en menant un raid militaire contre le réacteur expérimental Osirak en 1981.
Source Les Echos
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