mardi 11 février 2020

À l’ONU, la Hongrie brouille le discours européen sur le Proche-Orient


Le dossier israélo-palestinien revient sur le devant de la scène géopolitique depuis la présentation, par le président Donald Trump, du plan américain pour la paix, le 28 janvier dernier. À l'ONU, où ce plan est actuellement discuté, l'Union européenne n'arrive plus à parler d'une seule voix sur ce sujet......Analyse.......


Le dossier israélo-palestinien est habituellement évoqué au siège de l’Organisation des Nations unies (ONU) une fois par trimestrepar les 15 pays membres du Conseil de sécurité. 
Dans une discussion ouverte, chacun redit ses positions sur le sujet : généralement, les États-Unis défendent énergiquement Israël qu’ils jugent « harcelé » par le reste du monde et les 14 autres ambassadeurs redisent eux leur attachement à la solution des deux États, et condamnent les "violations israéliennes du droit international".
D’autres organisations sont invitées à s’exprimer, dont l’Union européenne (UE). Si elle-même n’a pas de siège au Conseil de sécurité, son avis compte : il représente les positions de 27 pays.
L’ambassade européenne à l’ONU a pour habitude de consulter ses 27 membres avant chaque déclaration, pour avoir leur accord. Sur 95% des sujets, un consensus est immédiatement trouvé.
Pourtant sur le dossier israélo-palestinien, la Hongrie s’oppose depuis un an au texte que l’ambassadeur européen veut lire. 
Sa représentation dit avoir reçu des ordres très clairs de Budapest pour faire barrage. 
Résultat : l’ambassadeur européen ne peut parler officiellement, et c’est un de ses homologues d’un pays européen qui s’exprime au nom des 26. Il y a deux semaines par exemple, c'était au tour de l’ambassadeur portugais.

Une portée symbolique bien moins importante

Cela sape la visibilité que pourrait avoir l’UE sur cette scène de négociations internationales qu’est l’ONU. 
Les pays européens qui n’ont pas de siège au Conseil de sécurité sont catastrophés, car l’UE, pour eux, est le seul canal par lequel ils peuvent s’exprimer.
Les 26 autres ambassadeurs se disent ainsi extrêmement frustrés d’être bloqués par la Hongrie. 
Selon eux, Bruxelles et le haut représentant aux Affaires étrangères Josep Borrell - qui a pris son poste en décembre - devraient régler cette affaire avec le gouvernement de Viktor Orban.

Conséquence sur les négociations, non pas sur le vote des résolutions

Cette affaire ne devrait pas avoir de conséquences sur les votes des résolutions au Conseil de sécurité. Car les pays membres votent en leur nom, et non pas selon leurs alliances.
Mais dans certaines circonstances, cela peut avoir des implications importantes. Par exemple, l’administration Trump, qui essaie d’imposer son « plan pour la paix », n’hésite pas à souligner les divisions européennes. 
C'est exactement ce que Jared Kushner, le gendre du président et concepteur du plan, a fait encore jeudi dernier. Et si les Européens perdent en crédibilité, ils perdent leur capital en négociation.
Cela pourrait également prendre un tour dramatique si l’UE ne pouvait pas s’exprimer au Conseil.
Car par le jeu des rotations des 10 membres non permanents, il n’y aurait plus qu’un pays européen au Conseil de sécurité : la France. 
C’est un scénario très probable pour 2022, si jamais l’Irlande n’est pas élue en juin prochain.
La souveraineté nationale est certes de mise dans le traité européen en ce qui concerne les Affaires étrangères. 
Mais en pratique, Bruxelles ou ses représentants à New York doivent trouver une méthode pour redonner à l’UE l’envergure dont elle a besoin.

Source RFi
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