dimanche 3 septembre 2017

Vers un espace de prière mixte au mur des Lamentations ?


Face au mur des Lamentations à Jérusalem, on voit très bien la partition : les hommes prient à gauche, les femmes à droite. La palissade qui divise artificiellement le lieu le plus sacré du judaïsme a beau être de la hauteur d’un homme, elle n’en constitue pas moins une barrière - pratiquement - infranchissable entre les tendances orthodoxes et libérales de la religion juive........Détails........



Avec ces questionnements en filigrane : les fidèles ne sont-ils pas tous égaux devant un lieu sacré et pourquoi un courant religieux, orthodoxe en l’occurrence, qui se veut le gardien d’une tradition juive instaurant la prière séparée, doit-il imposer sa vision aux autres courants religieux ?
Ce sont aussi ces interrogations sous-jacentes que la Cour suprême d’Israël vient de renvoyer au gouvernement de Benjamin Netanyahou.
La plus haute instance judiciaire du pays lui a demandé jeudi de revenir sur sa décision de juin dernier d’annuler un compromis portant sur la création d’un espace de prière mixte au mur des Lamentations.
Cet arrangement, trouvé un an et demi plus tôt, n’avait pas encore été mis en œuvre.
En janvier 2016, après des années de discussions enflammées, un accord prévoit de mettre en place une zone de prière mixte sur un secteur du mur situé à droite de l’actuel espace de prière dévolu aux femmes.
L’accord répondait aux demandes répétées des mouvements libéraux et réformistes sans toutefois leur concéder la moindre portion du mur exploitée actuellement où, "d’après la tendance orthodoxe, il y a plus de présence divine", indique le rabbin Marc Neiger, de la synagogue Beth-Hillel, qui représente le mouvement israélite libéral à Bruxelles.
Sans, non plus, lui donner trop de visibilité puisque la portion du mur prévue pour une prière mixte, actuellement non aménagée, est située derrière l’imposante passerelle d’accès au mont du Temple (l’esplanade des Mosquées, pour les musulmans).

Une nouvelle "ségrégation"

Selon ce projet gelé en juin, l’actuelle "zone orthodoxe, avec une séparation entre les hommes et les femmes, doit subsister à côté d’une zone libérale, où la prière serait mixte", indique le rabbin Neiger. De quoi récréer une nouvelle "ségrégation", basée sur un caractère sacré prétendument variable… Qu’importe, souligne Marc Neiger, "nous sommes plus attachés à la symbolique du lieu qu’au canal divin".
 Et puis, "si compromis il y a eu, c’est que cet espace mixte est possible", dit-il, rappelant qu’"hommes et femmes priaient ensemble au mur des Lamentations fin du XIXe, début du XXe siècles".
Cette querelle entre traditionnalistes et libéraux s’inscrit dans un contexte politico-religieux très prégnant en Israël.
En juin, lorsqu’il revient sur le compromis adopté début 2016, Benjamin Netanyahou cède face à la pression des partis religieux orthodoxes, le Shass et Judaïsme unifié de la Torah, qui composent sa coalition, l’une des plus à droite qu’Israël ait connues.

L’intervention des mouvements libéraux

"C’est un camouflet pour la majorité de la diaspora juive mondiale, en particulier pour celles d’Amérique du Nord, aux Etats-Unis et au Canada, qui sont très majoritairement progressistes, et même en Europe, où le courant libéral - qui y est né - connaît de plus en plus de succès", affirme le rabbin Neiger.
Mais l’intervention de la Cour suprême, motivée par les recours de mouvements juifs libéraux, peut changer la donne.
Et ce, d’autant plus qu’Israël, qui connaît l’influence des lobbys juifs américains, sait qu’il ne peut s’aliéner les Etats-Unis, entre autres pour ne pas mettre en danger l’importante aide militaire annuelle que ceux-ci lui apportent.
Le gouvernement israélien va devoir trancher, soit en se ravisant soit en justifiant la décision de maintenir l’annulation.

Par Vincent Braun

Source La Libre
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