vendredi 17 juin 2016

Haftara Behalothekha : La force de l’esprit







Cette haftara est également celle du shabbat de Hanouka. Le prophète Zacharie pousse le peuple à reconstruire le Temple au moment du retour à Sion (vers -538). Sa vision, un chandelier entouré d’oliviers est devenu le symbole de l’Etat d’Israël. Voici le texte traduit suivi d'une analyse du Rav Kohn....








Texte en français :


Pousse des cris d’allégresse et réjouis-toi, Fille de Sion ! Car voici, je viens, et j’habiterai au milieu de toi, Dit l’Éternel.
Beaucoup de nations s’attacheront à l’Éternel en ce jour-là, Et deviendront mon peuple ; J’habiterai au milieu de toi, Et tu sauras que l’Éternel des armées m’a envoyé vers toi.
L’Éternel possédera Juda comme sa part Dans la terre sainte, Et il choisira encore Jérusalem.
Que toute chair fasse silence devant l’Éternel ! Car il s’est réveillé de sa demeure sainte.
Il me fit voir Josué, le souverain sacrificateur, debout devant l’ange de l’Éternel, et Satan qui se tenait à sa droite pour l’accuser.
L’Éternel dit à Satan : Que l’Éternel te réprime, Satan ! que l’Éternel te réprime, lui qui a choisi Jérusalem ! N’est-ce pas là un tison arraché du feu ?
Or Josué était couvert de vêtements sales, et il se tenait debout devant l’ange.
L’ange, prenant la parole, dit à ceux qui étaient devant lui : Otez-lui les vêtements sales ! Puis il dit à Josué : Vois, je t’enlève ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête.
Je dis : Qu’on mette sur sa tête un turban pur ! Et ils mirent un turban pur sur sa tête, et ils lui mirent des vêtements. L’ange de l’Éternel était là.
L’ange de l’Éternel fit à Josué cette déclaration :
Ainsi parle l’Éternel des armées : Si tu marches dans mes voies et si tu observes mes ordres, tu jugeras ma maison et tu garderas mes parvis, et je te donnerai libre accès parmi ceux qui sont ici.
Écoute donc, Josué, souverain sacrificateur, toi et tes compagnons qui sont assis devant toi ! car ce sont des hommes qui serviront de signes. Voici, je ferai venir mon serviteur, le germe.
Car voici, pour ce qui est de la pierre que j’ai placée devant Josué, il y a sept yeux sur cette seule pierre ; voici, je graverai moi-même ce qui doit y être gravé, dit l’Éternel des armées ; et j’enlèverai l’iniquité de ce pays, en un jour.
En ce jour-là, dit l’Éternel des armées, vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier.
L’ange qui parlait avec moi revint, et il me réveilla comme un homme que l’on réveille de son sommeil.
Il me dit : Que vois-tu ? Je répondis : Je regarde, et voici, il y a un chandelier tout d’or, surmonté d’un vase et portant sept lampes, avec sept conduits pour les lampes qui sont au sommet du chandelier ;
et il y a près de lui deux oliviers, l’un à la droite du vase, et l’autre à sa gauche.

Et reprenant la parole, je dis à l’ange qui parlait avec moi : Que signifient ces choses, mon seigneur ?
L’ange qui parlait avec moi me répondit : Ne sais-tu pas ce que signifient ces choses ?
Je dis : Non, mon seigneur.
Alors il reprit et me dit : C’est ici la parole que l’Éternel adresse à Zorobabel : Ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais c’est par mon esprit, dit l’Éternel des armées.
Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel ? Tu seras aplanie. Il posera la pierre principale au milieu des acclamations : Grâce, grâce pour elle !


Analyse du Rav Kohn :


A la fin de la haftara (Zacharie 2, 14 à 4, 7), l'ange qui conversait avec le prophète lui montra une menora en or, flanquée de deux oliviers situés de part et d'autre d'une coupe et alimentant en huile ses sept lampes par ses sept conduits (Zacharie 4, 1 à 3 et Rachi ).
Et alors que le prophète manifestait une totale incompréhension devant cette vision, l'ange lui en donna la clé : «  Ni par force, ni par puissance, mais par Mon Esprit, a dit Hachem des armées » (4, 5 et 6).
Expliquant le rapport, quelque peu mystérieux, entre cette parole divine et la vision de la menora , Radaq ( ad  4, 6) commente : « De même que toi, Zacharie, tu as vu que les besoins de la menora seront satisfaits sans intervention humaine pour arranger les lampes ni pour les alimenter en huile, de même le Temple sera reconstruit sans intervention humaine et uniquement par l'esprit de Hachem . »
Ce rôle purement passif que réserve ce texte à ceux qui assisteront à la construction du troisième Temple est à confronter avec celui, très actif au contraire, que la Tora , dans notre paracha , a dévolu à Aaron pour l'entretien et l'allumage de la menora du Tabernacle ( Bamidbar  8, 1 à 4).
Ce contraste s'explique peut-être par ce qu'écrit Rachi (ad Bamidbar  8, 1), citant le Midrach Tan'houma  : « Pourquoi le chapitre relatif à la menora fait-il immédiatement suite à celui relatif aux princes ? Parce que Aaron, lorsqu'il a assisté à l'inauguration par les princes, s'est affligé de ne pas avoir été avec eux, ni lui ni sa tribu. Le Saint béni soit-Il lui a alors déclaré : ?Par ta vie ! Ta part est plus grande que la leur ! Car c'est toi qui allumeras et entretiendras les lumières? ».
Hachem n'a pas été absent lorsque Aaron a joué dans le Tabernacle le rôle qui a été le sien, mais Il a créé une situation qui lui a permis de Le servir dans la dignité.
A l'inverse, nous qui espérons et prions pour que soit reconstruit le Temple, recevons de la prophétie de Zacharie l'assurance que son rétablissement aura lieu de façon miraculeuse.


Jacques KOHN


Source Massorti et Chiourim