jeudi 30 juin 2016

Le musulman Lahcen qui entretient les tombes juives




Il y a plus de 60 ans dans un village marocain prés de Taroudant, à Arazan que Lahcen a fait à son ami Moshé la promesse d’entretenir les tombes de ses ancêtres. Et cela fait plus de 60 ans qu’il honore, sans faillir, sa promesse à son ami...







Il y a longtemps, au début des années 1950, Lahcen a vu, le cœur serré, partir son ami Moshé pour Israël.
Obligé de quitter, avec sa famille, sa belle terre du sud qui veille sur ses aïeux, Moshé, Marocain de confession juive, a alors demandé à Lahcen, dont l’amitié s’avérera indéfectible, de s’occuper des tombes de ses ancêtres.
Lahcen s’en souvient comme si c’était hier. Les deux hommes se sont dit adieu un jour d’hiver, et Moshé s’en est allé l’âme un peu moins lourde, rassuré par la promesse que lui a faite son ami de s’occuper de ses ancêtres comme il s’occuperait des siens.
Cette promesse, Lahcen l’honore depuis bientôt 70 ans. Voûté aujourd’hui sous le poids du temps, cet homme d’une infinie noblesse, un Amazigh musulman du village d’Arazan, dans la région de Taroudant, n’a en effet jamais failli à sa parole.
Et, en chaque début d’année, immanquablement, il se rend sur les tombes de la famille de son ami Moshé pour les nettoyer, allant jusqu’à, malgré ses bien modestes moyens, se pourvoir de pots de peinture pour en rafraîchir les épitaphes.
Des épitaphes en hébreu qu’il prendra soin de réécrire minutieusement, lui qui n’a jamais écrit une lettre de sa vie pour n’avoir jamais mis les pieds à l’école.
Et ne vous avisez surtout pas de lui dire, rapporte Omar Louzi, président du Rabat Business Club,  qu’ «il est vieux, à présent, et qu’il en a bien assez fait» car il vous répondra, immanquablement qu’ «une promesse est une promesse“: et “je continuerai à faire ce que j’ai à faire jusqu’au retour de mon ami Moshé… ou à ma mort.”
Merci Lahcen pour cet extraordinaire exemple de fraternité humaine … et Merci d’avoir perpétué la tradition humaniste amazighe spéciale pour cette Afrique du nord bénie des Dieux. 
Le site d’Arazan, à 35 km de Taroudant et au bord de l’Oued Sous a été abandonné par sa population juive il y a très longtemps ; le mellah, en pisé, s’est effondré à l’exception de la synagogue, maintenue sur pied par les soins d’un voisin musulman.


Source Tribune Juive