Le cabinet du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a approuvé dimanche un décret du gouvernement pour réformer la loi controversé de la conversion au judaïsme, ayant pour dessein de faciliter ce processus jugé trop hermétique par des milliers d'Israéliens qui ont dû emprunter cette voix...
Approuvée à l'unanimité à l'exception du ministre Uri Ariel, du parti de droite nationaliste le Foyer juif, et mise en place sous la pression de ministres centristes Tzipi Livni (Hatnuah), Yair Lapid (Yesh Atid), mais aussi Avigdor Lieberman (Yisrael Beitenu) ou encore Netanyahou, la réforme prend effet immédiatement.
"C'est une belle journée pour Israël", a affirmé le ministre de l'Economie Naftali Bennett dimanche, "cette loi résoudra de nombreux problèmes pour des milliers d'Israéliens".
Parmi les nouveautés de la loi, les rabbins municipaux pourront tenir des tribunaux de conversions, alors qu'actuellement, ces instances, nationales, sont restreintes et ne permettent qu'à un nombre limité d'Israéliens ou de candidats à la nationalité de se présenter au test de fin de processus.
Des attentes interminables aux examens finaux de conversions sont souvent le lot du converti, qui voit sa demande retardée pour des périodes indéterminées.
En septembre, sous la pression de la droite religieuse, le Premier ministre Benyamin Netanyahou avait décidé de rejeter les propositions sur la réforme de la conversion.
Les propositions de libéralisation de la conversion au judaïsme ont été l'initiative phare du parti Hatnuah de Livni, partenaires de la coalition actuelle, mais sont fortement contestée par les partis ultra-orthodoxes.
Des politiciens ultra-orthodoxes se sont opposés au projet, clamant qu'il affaiblit le pouvoir du Grand Rabbinat et facilite le processus de conversion stricte en permettant aux rabbins moins orthodoxes de prendre en charge des candidats.
Le projet de loi a finalement été présenté conjointement par Livni et le ministre des Services religieux Naftali Bennett.
Or le Premier ministre a été contraint de changer sa position et d'accepter une version modifiée du projet de loi en gestation après avoir réalisé que les partisans du projet de loi avaient enrôlé une majorité de députés pour un chantier juridique encore plus vaste proposé par Elazar Stern (Hatnuah).
Le compromis accepté écarte toute possibilité d'acceptation d'un processus de conversion sous la direction d'un rabbin libéral ou réformé (deux mouvances qui s'opposent à l'orthodoxie, en exhortant à certaines adaptations de la loi juive au monde moderne).
Le député ultra-orthodoxe Moshe Gafni du parti du Judaïsme de la Torah unifié a attaqué la décision du gouvernement affirmant qu'elle transformait le projet juif de la nation en une marchandise politique afin que les politiciens tentent d'accaparer plus de sièges (à la Knesset).
"Nous parlons de la destruction du peuple juif", a-t-il averti. "Il y aura des conversions qui se glisseront plus facilement et seront reconnues par des rabbins en Israël, mais nulle part ailleurs dans le monde."
L'organisation orthodoxe Tzohar, qui a préconisé le changement, estime qu'il permettra aux rabbins plus "libéraux" d'aller de l'avant sur la conversion de nombreux mineurs, en particulier, à travers une procédure assez simple dans la loi juive dont les tribunaux de conversion ne font actuellement pas usage.
Le président de Tzohar, le rabbin David Stav a affirmé à maintes reprises que cette réforme était nécessaire pour "empêcher l'assimilation".
En effet, ces candidats, souvent découragés par la sévérité du processus, ne parviennent pas toujours jusqu'à l'examen final. Pourtant Israéliens de nationalité, ils se marieront parfois civilement à l'étranger avec un Juif israélien, et s'installeront en terre sainte.
Une grande partie des candidats à la conversion en Israël sont des enfants nés d'un père juif et d'une mère non-juive, qui, selon la loi juive, ne sont pas reconnus comme juifs. Les étrangers issus d'un couple mixte bénéficient du droit du retour, mais n'ont pas accès au mariage religieux dans l'Etat hébreu, où l'union civile n'existe pas.
Une grande majorité de ces citoyens israéliens sont des immigrants de l'ex-Union soviétique, où l'assimilation entre juifs et non-juifs fut forte au fil des décennies. D'autres candidats de père juif éligibles à la citoyenneté israélienne viennent des Etats-Unis, d'Europe, d'Amérique latine ou autres.
Certains d'entre eux sont également nés en Israël, issus d'un mariage mixte. Les derniers, enfin, n'ont parfois aucun lien avec le judaïsme, mais se disent fascinés par ses lois et préceptes, et demandent à embrasser la religion d'Abraham.
La plupart des conversions, considérées comme "libérales" ou "réformées" ne sont pas reconnues par le Grand Rabbinat, seule instance qui procure le précieux sceau officiel pour les convertis. Or peu de demandeurs sont acceptés chaque année dans les cours de conversions, dirigées par des rabbins indépendants. La réforme actuelle devrait permettre de réduire les périodes d'attentes avant l'examen final, et l'obtention du sésame - le certificat de conversion.
Source I24News