Les volontaires de l’Opération Lunettes conduite par Gil Taïeb se sont retrouvés à Tibériade du 2 au 4 novembre dernier après avoir été confrontés, selon les mots du président de l’ASI à « un véritable scandale administratif »...
Actualité juive : Pourquoi avoir choisi Hadera ?
Gil Taïeb : Nous choisissons chaque année des villes dans lesquelles se trouvent des populations particulièrement défavorisées. Tibériade, ville sinistrée économiquement puisqu’en faillite, en fait partie. Son jeune nouveau maire, en poste depuis un an, nous a largement remerciés pour cette opération caritative très attendue qu’il a qualifiée de « cadeau pour les personnes âgées et les enfants de sa ville ». Pour l’anecdote, il y a vingt-deux ans, nous avions commencé notre première opération lunettes dans cette ville.
« Nous avons été contraints d’acheter en urgence des montures sur place ! »
A.J. : Vous devez acquitter des frais de douane pour le matériel optique que vous offrez mais cette fois, vous avez été en plus confrontés à des embuches administratives. Que s’est-il passé ?
G.T. : En vingt-deux ans, cette opération a permis à près de 85.000 Israéliens de recevoir une paire de lunettes de vue. Soit une valeur de 1.000.000 dollars, offerts chaque année à l'Etat d'Israël. Nos bénévoles payent leur billet d'avion et travaillent d'arrache-pied pour fournir des lunettes à 4.000 personnes en quelques jours. Cela représente un don de soi inestimable qui n’a, cette année, pas été apprécié à sa juste valeur en raison de la bêtise des douanes israéliennes qui ont bloqué des milliers de montures et de verres optiques dernier cri, offerts par nos partenaires. Sous prétexte de vérifier si la valeur du stock ne dépassait pas le montant des taxes qui nous étaient réclamées, les douanes ont exigé de vérifier monture par monture ! Un véritable scandale. En dépit de nombreuses pressions exercées par différentes personnalités politiques, nous n’avons pas eu gain de cause et nous avons été contraints d’acheter en urgence des montures sur place ! Fort heureusement une partie du matériel (machine, verres et montures de l’année dernière) étant sur place, nous avons pu accomplir notre mission, comme prévu.
A.J. : Cet incident n’est-il pas révélateur du malaise social qui règne plus généralement en Israël ?
G.T. : Il révèle tout d’abord la frilosité, la fragilité et l’incapacité de la classe politique actuelle à faire bouger les choses. Et puis aussi – vu le taux de pauvreté record - que les promesses sociales n’ont pas été tenues en raison du jeu des alliances qui paralyse le système et laisse sur le chemin les plus démunis. On se permet de demander des sacrifices énormes à cette population exceptionnelle. Elle souffre pendant les guerres, voit une économie florissante dans certaines grandes villes sans constater aucune embellie dans sa vie quotidienne. Il est temps que ça cesse.
Source Actuj