Un procès politique. Alain Pojolat n'en démord pas. Blouson de cuir, jean dévalé et mocassins aux pieds, il s'avance à la barre. Ce représentant de l'extrême gauche, rangé aujourd'hui à la direction politique du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), est convoqué devant les juges de la 24e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Les faits qui lui sont reprochés ? Avoir maintenu l'organisation de deux manifestations interdites en soutien à la Palestine les 19 et 26 juillet derniers. La première avait donné lieu à des affrontements violents entre des casseurs et les forces de l'ordre. La seconde avait été émaillée de débordements et dérapages antisémites...
C'est ce militant aguerri qui s'était chargé de déclarer les deux manifestations à la préfecture de police de Paris, au nom d'un collectif regroupant plusieurs partis et associations. C'est donc lui qui avait été avisé directement par le préfet des deux interdictions. "Ce n'était pas à moi de me charger de faire respecter cette décision", se défend Alain Pojolat devant le tribunal. Et de poursuivre : "Il s'agissait d'une décision collective, je n'ai pas le pouvoir de faire descendre les gens dans la rue." Il affirme d'ailleurs ne s'être rendu à aucun des deux rassemblements, anticipant des dérapages.
Deux mois de prison avec sursis
"Palestine ! Palestine ! Palestine !" Les slogans des manifestants qui se sont rassemblés en soutien à Alain Pojolat à 300 mètres de là se font entendre jusque dans la salle d'audience. Ce qui ne manque pas de faire sourire les quelques militants présents à l'intérieur du tribunal. Poussé par son avocat Me Jean-Louis Chalanset, le militant NPA rappelle que seules les manifestations interdites ont donné lieu à des échauffourées.
Et que lors de celle du 13 juillet, les provocateurs étaient à chercher du côté de la Ligue de défense juive (LDJ).
Mais pour la procureur, il n'y a pas de doute, l'infraction est caractérisée. Alain Pojolat aurait dû tout faire pour empêcher la tenue de ces manifestations. Elle requiert deux mois de prison avec sursis et 1 500 euros d'amende. Pour Me Jean-Louis Chalanset, le dossier est vide, comme l'indique "la faiblesse de l'argumentation du parquet".
Il dénonce à son tour un procès politique intenté contre son client. Pour lui, la décision vient d'en haut. En guise de preuve, il rappelle l'attachement de Manuel Valls pour Israël et dénonce les positions pro-israéliennes de la France. C'est désormais le refrain de l'Internationale qui résonne dans la salle. Quelques heures plus tard, le verdict tombe. Alain Pojolat est relaxé.
Source Le Point