L’armée égyptienne a donné 48 heures à partir de mardi aux riverains de la partie égyptienne de la ville de Rafah habitant le long de la frontière avec la bande de Gaza pour évacuer leurs maisons, affirme ce soir la chaîne télévisée al-Quds, proche du Hamas ainsi que les sites internet égyptien Al Wafd et palestinien Ma’an...
Les autorités égyptiennes ont prévu la mise en place d’une zone tampon. Selon ces médias, l’armée égyptienne a prévu de creuser un canal le long de la frontière dans le cadre de la lutte contre les tunnels creusés depuis Gaza par les Palestiniens.
Toujours selon ces médias, les habitants auraient demandé un délai d’au moins deux semaines et une indemnisation d’urgence.
L’armée a détruit neuf tunnels dans le secteur pour la seule journée de mardi, précisent les médias égyptiens qui ajoutent que la zone tampon fera 14 kilomètres de long, de trois à cinq kilomètres de large et de 500 mètres de profondeur. La mise en place d’une telle zone signifie que des dizaines de milliers d’Egyptiens vivant dans la région de Rafah seront forcés de quitter leurs maisons.
Des habitants de Rafah ont d’ailleurs affirmé aux médias égyptiens avoir aperçu des troupes égyptiennes mener des opérations tout au long de la frontière ces derniers jours.
L’Egypte a intensifié sa présence militaire dans le nord de la péninsule. Des puissantes explosions ont notamment été entendues dimanche soir et lundi matin près de la frontière entre le Sinaï et la bande de Gaza, peu de temps après que des responsables de sécurité égyptiennes ont annoncé la mise en place d’une zone tampon de sécurité dans la région pour mettre fin définitivement au problème des tunnels qui relient les deux territoires.
Selon certaines sources, bien que l’armée égyptienne ait détruit plus de 1.500 tunnels entre Gaza et le Sinaï, certains ont été reconstruits et ont été utilisés pour la contrebande d’armes, le passage de fonds et de main d’oeuvre.
La décision du Caire intervient après l’attaque meurtrière de ce week end contre les forces de sécurité égyptienne dans la péninsule du Sinaï.
Les auteurs de l’attaque qui ont tué plus de 30 soldats égyptiens dans le nord du Sinaï ce week-end ont été formés dans la bande de Gaza et ont utilisé des explosifs et du matériel volés aux Israéliens, ont déclaré des responsables égyptiens aux médias locaux lundi.
Selon le quotidien égyptien El-Watan, l’enquête menée par l’armée égyptienne révèle que l’attaque a été orchestrée par le groupe extrémiste salafiste Ansar Bait al-Maqdis basé dans le Sinaï et que les assaillants ont été formés dans la bande de Gaza par Mumtaz Durmush, le chef du groupe terroriste « Armée de Islam ».
Après être rentrés dans le Sinaï depuis la bande de Gaza, via des tunnels de contrebande, les assaillants ont utilisé des explosifs et un dispositif de commande à distance volés à l’armée israélienne pour mener à bien l’attaque meurtrière, rapporte El-Watan.
Un responsable du ministère égyptien de l’Intérieur a affirmé au journal arabe basé à Londres Asharq Al-Awsat, que des groupes terroristes palestiniens étaient derrière l’attaque.
Samih Beshadi, ancien chef de la sécurité du district du Nord-Sinaï, a déclaré au journal qu’il n’y avait « aucun doute sur le fait que des éléments palestiniens aient pris part aux attaques » après s’être infiltré en Eygpte depuis la bande de Gaza.
Le président égyptien, le général Abdel Fatah Al-Sissi, avait accusé le Hamas de prêter main forte « aux islamistes qui enflamment le Sinaï ».
Le numéro deux du Hamas, Moussa Abou Marzouk a démenti ces affirmations lundi à la télévision égyptienne.
« Nous regrettons toute attaque en Egypte ou ailleurs dans le monde arabe », a déclaré Marzouk, ajoutant qu’il n’existait aucun lien le Hamas et l’attaque du Sinaï.
Un décret pour protéger « les installations vitales » de l’Etat
Après l’attaque meurtrière du week-end dernier, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a ordonné lundi à l’armée de se joindre aux forces de police pour protéger les « installations vitales de l’Etat », via un décret autorisant également les procès militaires contre les civils soupçonnés d’avoir attaqué des infrastructures de l’Etat.
Le décret autorise la présence de l’armée sur les installations et équipements de l’Etat, parmi lesquels les pylônes électriques, les grandes artères et les ponts, pendant deux ans, période au cours de laquelle ces installations seront considérées comme « installations militaires ».
Ce décret intervient après que les autorités ont instauré un état d’urgence de trois mois sur une partie du Sinaï, de la ville de Rafah, sur la frontière avec la bande de Gaza palestinienne, à celle d’Al-Arich, et ont fermé le terminal de Rafah, seul point de passage vers Gaza non contrôlé par Israël.
« Les crimes contre les institutions publiques, les installations et les propriétés de l’Etat relèvent de la compétence de la justice militaire », stipule le décret.Source JerusalemPlus