jeudi 2 janvier 2014

Israël inquiet d'une montée de l'antisémitisme en Europe


Hommes politiques et médias israéliens s'inquiètent d'une montée de l'antisémitisme en Europe, à la suite de la polémique autour de la "quenelle" de l'humoriste français controversé Dieudonné. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a publié sur sa page Facebook un statut dénonçant la "quenelle" comme "le condensé de la situation problématique de l'Europe dans ses relations avec les Juifs et avec Israël".



Inventé par Dieudonné et imité par ses fans, le salut de la "quenelle" - un bras tendu vers le bas et l'autre croisé à travers l'épaule - est interprété par certains comme un signe de reconnaissance antisémite et revendiqué par d'autres comme un bras d'honneur "anti-système".
La Commission de l'immigration et de la diaspora de la Knesset (Parlement) s'est spécialement réunie lundi à la suite d'une "quenelle" du footballeur français Nicolas Anelka lors d'un match du championnat anglais le week-end dernier qui a amplifié la controverse.
Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a dénoncé une "nouvelle vague antisémite".
"Ce n'est qu'un geste mais si on n'agit pas avec détermination, il se transformera en actes violents", a souligné de son côté le président de cette Commission, Yoël Razbozov.
Invité à cette réunion parlementaire, le premier secrétaire de l'ambassade de France en Israël, Zachary Gross, a assuré les députés israéliens de "l'engagement du gouvernement français à la sécurité des Juifs de France".
La communauté juive de France compte entre 350.000 et 500.000 personnes, selon les diverses estimations, ce qui en fait la plus grande d'Europe.
Le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, a condamné ce "geste de haine" et dit chercher des moyens légaux d'interdire les spectacles de Dieudonné.
Pour le directeur du département de la lutte contre l'antisémitisme dans la diaspora au ministère des Affaires étrangères, Guidon Bahar, "ce geste n'est qu'un symptôme d'un phénomène inquiétant: l'augmentation de antisémitisme en Europe".
Les médias israéliens s'intéressent à la polémique surtout depuis la "quenelle" d'Anelka.
Le quotidien Maariv (droite) vient d'y consacrer deux pleines pages centrales sous le titre : "Le bras long du comique antisémite".
Un des éditorialistes du quotidien, Ben Dror Yemini, s'est inquiété mardi du fait que "Dieudonné n'est pas seul... Il est la face visible de l'iceberg".
"Tant que des gens continueront de remettre en question la légitimité de l'existence d'Israël, l'industrie de l'antisémitisme continuera de progresser", écrit Ben Dror Yemini.
Le président de l'Agence juive, l'organisme chargé de l'immigration des Juifs vers Israël, l'ancien dissident soviétique Natan Charansky, a déclaré mardi à la radio publique que "notre devoir est de renforcer les liens avec les Juifs de France".
Mais il a rejeté la question de la journaliste lui demandant si l'"aliyah" (immigration vers Israël) allait augmenter en raison de l'antisémitisme. "L'antisémitisme ne doit pas être un motif pour s'installer en Israël", a plaidé M. Charansky.
En 2013, la hausse la plus importante du nombre d'"olim" (nouveaux immigrants) est venue de France avec 63% d'augmentation par rapport à l'année précédente. Plus de 3.000 juifs de France se sont installés en Israël en 2013 contre 1.916 en 2012.
Sur le plan politique, le député centriste Meyer Habib (UDI) a promis de préparer "dès la rentrée parlementaire" une proposition de loi pour "pénaliser le nouveau salut nazi et antisémite de Dieudonné qu’est la quenelle".
"Cela prendra peut-être un certain temps, mais la France ne peut plus tolérer sans réagir ces nostalgiques du IIIe Reich", a ajouté sur Facebook le député de la 8e circonscription des Français de l'étranger qui comprend Israël.
Dans un entretien avec la chaîne de télévision israélienne d'informations internationale I24 News, un militant "anti-quenelle" en Israël a affirmé mardi, sous couvert de l'anonymat, que "nous avons décidé de faire justice nous mêmes et de frapper fort".
Interrogé pour savoir si Dieudonné était en ligne de mire, il a répondu que "Dieudonné est une cible potentielle à nos yeux".
Sur la toile, certains traitaient l'affaire avec un certain humour. Ainsi une jeune Franco-Israélienne relevait ironiquement sur Facebook que le Premier ministre israélien portait le même nom que l'"ennemi Dieudonné". En hébreu, Netanyahu veut dire "Dieu a donné".

Source Direct Matin