Rien ne semble lier, à première vue, le Superbowl américain et le Festival d'Angoulême : et pourtant, en s'associant tous deux avec la marque de boissons pétillantes Sodastream, ils se sont retrouvés sous le feu des critiques, coup sur coup. En effet, la marque internationale, Israélienne à la base, dispose de plusieurs usines dans le monde. Une, en particulier, se situe en Judée-Samarie, au coeur d'un territoire disputé...
Et une nouvelle polémique pour le Festival d'Angoulême : la liste des partenaires de l'évènement fait apparaître Sodastream, une marque spécialisée dans les machines pour gazéifier soi-même de l'eau plate. Un concept que Scarlett Johansson présente particulièrement bien dans la dernière publicité de la société :
« Comme la plupart des acteurs, mon véritable job, c'est sauver le monde », assure la starlette Scarlett, avant de vanter les mérites d'une boisson rafraîchissante comportant moins de sucre que les versions industrielles. La publicité devait être diffusée le 2 février prochain, mais les défenseurs de la cause palestinienne ont dénoncé ce spot, soulignant que la société occupait sciemment un territoire sujet à la controverse, car abritant une colonie israélienne, en Palestine.
Par ailleurs, l'organisation humanitaire Oxfam, dont l'actrice est une des ambassadrices, a publié un communiqué pour clarifier sa position vis-à-vis du conflit israélo-palestinien :
Oxfam respecte l'indépendance de ses ambassadeurs. Mais nous considérons que le business en provenance des colonies alimente la pauvreté et va à l'encontre des droits de la communauté palestinienne. Nous sommes opposés à tout commerce en provenance de ces colonies qui sont illégales au regard du droit international.
De son côté, Johansson a souligné que les conditions de travail dans cette fameuse usine de la zone industrielle de Mishor Adumim étaient exemplaires, au regard de la situation :
Je reste partisane de la coopération économique et des interactions sociales entre les Etats démocratiques d'Israël et de la Palestine. Sodastream est une entreprise qui s'engage non seulement pour l'environnement, mais aussi pour la construction d'une paix entre Israël et la Palestine, avec des voisins travaillant les uns aux côtés des autres, recevant le même salaire, les mêmes avantages et les mêmes droits.
Un argument qui ne tient pas, pour la partie adverse : d'après eux, les territoires sont occupés en infraction au droit international, et les meilleures conditions de travail n'y changent rien.
Du côté d'Angoulême, c'est l'association Charente Solidarité Palestine qui a fait savoir son indignation : « Nous appelons toujours à boycotter ce produit, comme tous les autres biens fabriqués dans les territoires occupés. Nous ne dénigrons pas le produit en tant que tel, mais appelons à boycotter les produits de la colonisation israélienne », explique Jean-Claude Caraire, membre de l'association, à Sud-Ouest.
L'association, qui organise en marge du Festival l'événement Quand la BD s'en mêle (expositions et actions diverses, avec cette année une carte blanche à Étienne Davodeau), a annoncé des opérations pendant le Festival « pour manifester contre ce sponsoring et pour que Sodastream apparaisse pour ce qu'il est vraiment ».
Philippe Chancellier, directeur général d'OPM France, qui distribue de manière exclusive Sodastream en France, a rappelé que l'association avait été condamnée en janvier 2013 pour « dénigrement à l'encontre d'OPM France », et a lui aussi souligné les conditions de travail exceptionnelles, avec « 500 Palestiniens dont le salaire est cinq fois supérieur au salaire moyen en Judée-Samarie ».
Contacté par ActuaLitté, l'organisation du Festival d'Angoulême n'a pas souhaité réagir pour le moment.
Source Actualitte