La prévalence des allergies a augmenté de façon constante pendant cette dernière décennie. Or, les raisons de cette croissance ne sont pas entièrement connues. Pendant des années, il était admis que les allergies étaient le résultat d’un dysfonctionnement primaire du système immunitaire face à un ou plusieurs antigènes. De ce fait, de nombreux traitements ayant pour but d’atténuer les réponses immunitaires ont été proposés. Mais les effets secondaires qui en découlaient étaient souvent la cause de complications d’ordre infectieux, étant donné que le corps ne pouvait plus se défendre lui-même. Dans une étude publiée dans le journal Nature Genetics, des chercheurs israéliens ouvrent la voie à une nouvelle approche du traitement des allergies.
La peau, un organe protecteur aux multiples couches
La peau recouvre la partie externe de notre organisme. Elle est composée de trois couches : l’épiderme, le derme et l’endoderme. La couche supérieure, l’épiderme, est constituée d’un épithélium stratifié squameux (c’est-à-dire de couches de cellules jointives et plates constituant plusieurs strates différents mais reliées entre elles). Le rôle de cet épiderme est de séparer l’intérieur de l’organisme de l’environnement qui l’entoure, ainsi que de conserver les nutriments et des protéines à l’intérieur du corps. Il prévient également la pénétration d’éléments pathogènes.
Des défauts dans la cuirasse
Or, récemment, des défauts immunologiques ont été suspectés lors de l’apparition d’allergies et ont été attribués à une anomalie à l’intérieur même de la barrière physique que constitue la peau. Une équipe internationale de chercheurs menée par le professeur Eli Sprecher, du département de Dermatologie au Tel-Aviv Sourasky Medical Center et à l’Université de Tel-Aviv, et le professeur Kathy Green de la Northwestern University, aux Etats-Unis, a publié une étude dans le prestigieux journal Nature Genetics, montrant que la clé pour que cette fonction de barrière puisse exister consiste en la présence de petites mais complexes protéines appelées desmosomes. Ces protéines jouent le rôle de rivets entre les membranes cellulaires et distribuent les forces de tension sur l’ensemble de la cellule. Ils permettent de renforcer la cohésion tissulaire.
Liat Samuelov, qui a travaillé sur ce projet de concert avec Ofer Sarig sous la direction du professeur Sprecher, explique que "les desmosomes sont responsables des adhésions intercellulaires dans toutes les couches de la peau. Nous avons trouvé qu’un composant essentiel des desmosomes, la desmogléine 1, manque chez les patients atteints d’une forme d’allergie pouvant être mortelle et spécifique à la peau appelée le syndrome SAM (pour “Severe dermatitis, Allergy, and Metabolic wasting”)". Les symptômes consistent en de nombreuses allergies alimentaires, des oesophagites, des rougeurs et des infections récurrentes. Cette maladie est causée par une mutation génétique au niveau-même des desmosomes, ce qui conduit au défaut en desmogléine 1 et à la perte de cohésion entre les cellules. C’est apparemment suffisant pour que des protéines externes passent au travers de cette barrière et provoquent une réponse immunitaire exagérée. Un autre aspect remarquable de cette étude est que des cellules isolées prélevées chez des patients exprimaient d’elles-mêmes de nombreuses molécules présentent en cas d’allergie.
Ofer Sarig ajoute : “Ceci remet en question le rôle du système immunitaire dans les processus allergiques avec pour conséquence l’importance de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques contre la dermatite atopique”. La dermatite atopique est une pathologie allergique touchant la peau et se manifestant par des lésions cutanées de type eczéma. Elle peut toucher le nourrisson et l’adulte. Son diagnostic est essentiellement basé sur la clinique et son traitement est symptomatique.
Source Bulletins Electroniques