jeudi 13 janvier 2022

Pourim 2020: Retour sur le calvaire de Liron, Sarah et Goni Ben-Ami


En mars 2020, lors de la fête de Pourim, Barak Ben Ami a poignardé à mort sa fille en bas âge, avant de tenter de tuer sa femme et son autre fille puis d'essayer de se suicider. Voici le fil de ces évenements tragiques qui ont mené au drame.......Détails........

Des rires résonnent dans la maison. Ce 6 mars 2020, les Ben-Ami célèbrent Pourim, une des fêtes les plus joyeuses du calendrier juif. Sarah, 3 ans, est surexcitée. 
Aujourd’hui, tout le monde doit venir à l’école déguisé en clown ! La fillette saute de joie, les joues roses de plaisir. Assise sur le tapis, sa petite sœur de 10 mois l’observe de ses yeux noisette. 
C’est mamie qui a confectionné le costume, avec des tissus multicolores et des paillettes. Et maman qui a acheté le maquillage. Mais pas facile de peindre en blanc la frimousse d’une petite fille. Sarah bouge tout le temps !

— Tiens-toi tranquille deux minutes, la gronde gentiment sa mère.

Un sourcil noir en accent circonflexe. Un peu de peinture vermillon sur le nez… Elle est prête ! La maman et la grand-mère applaudissent pendant que Sarah, ravie, se regarde dans un miroir. 
Il n’y en a qu’un que la petite séance ne fait pas rire : son père. ­Barak a sa tête des mauvais jours. La grand-mère à peine repartie, il explose.

— Ce costume est complètement nul ! tempête-t-il. Sarah va être ridicule devant tout le monde !

LA PETITE EST DÉJÀ AU BORD DES LARMES

Sa femme s’abstient de lui répondre. La petite est déjà au bord des larmes, inutile d’en rajouter. Mais Barak n’est pas de cet avis. Avec un cri de fureur, il saisit une serviette éponge, et commence à débarbouiller sa gamine avec des gestes rageurs.

— Qu’est-ce que tu fais ? Arrête ! Arrête ! lui crie Liron, sa femme.

Mais le père de famille n’arrête rien, et continue à frotter brutalement le visage de la petite en larmes. Comment ose-t-il faire ça ?

DÉSORMAIS, TOUT EST PRÉTEXTE À SES COLÈRES

Quand Liron a rencontré Barak, à l’adolescence, c’était un jeune homme adorable et plein d’humour. Ils se sont mariés dès la fin de leurs études. Lui est ingénieur, elle, architecte. Ensemble, ils ont acheté un terrain sur les hauteurs de Hod Hasharon, au nord de Tel-Aviv. 
Mais en attendant d’y construire leur futur nid douillet, ils logent rue des Sycomores, dans un quartier résidentiel composé de jolies habitations aux murs blancs. 
Leur maison provisoire appartient aux parents de Liron. C’est là que sont nées Sarah, en 2017, puis Goni, deux ans plus tard. Mais ce double bonheur ne semble pas combler Barak. Avec les filles, il est toujours irritable et impatient. Et ça ne s’arrange guère avec le temps. 
Désormais, tout est prétexte à ses colères, un jouet qui traîne, une porte mal refermée. Quand Liron rentre du travail, elle le redoute. 
Elle aussi a droit à ses esclandres, si la vaisselle n’est pas faite, ou le dîner pas prêt à temps. 
Pour un rien, Barak l’insulte et la menace, fracasse le téléphone ou les cadres photos contre le mur. Puis, une fois la crise passée, il redevient doux comme un agneau, jure qu’il regrette. Jusqu’à la prochaine éruption…
A plusieurs reprises, Liron lui a demandé d’aller consulter un médecin. En vain. 
A la rentrée de janvier 2020, l’escalade de violence monte encore d’un cran. 
Ce matin-là, la petite Sarah est patraque, et Liron décide de la garder à la maison. 
Mais Barak ne veut rien entendre : il exige que sa fille aille à l’école. Une énorme dispute éclate.

— Si tu ne l’emmènes pas, je le fais moi-même ! hurle-t-il.

— Si tu l’emmènes, je vais la rechercher !

— Si tu fais ça, je prends un couteau et je te tue !

Des mots inacceptables. Liron songe aussitôt à demander le divorce. Elle ne le fait pas. 
Mais trois mois plus tard, alors qu’il démaquille sauvagement la petite Sarah, si heureuse d’être déguisée en clown, elle regrette déjà. Malheureusement, le pire ne fait que commencer…

LIRON RÉALISE BRUTALEMENT QU’ELLE VA MOURIR

Sarah est en larmes. La fête est gâchée. Sur le tapis du salon, la petite dernière, choquée de la tension qu’elle perçoit, pleure aussi. Liron la prend dans ses bras pour lui faire un câlin, puis attrape son aînée par la main, et l’entraîne jusqu’au canapé.

— Ne t’inquiète pas, lui dit-elle tendrement, je vais refaire ton maquillage. Tu seras le plus joli clown de toute l’école !

Puis elle assied les deux petites et se retourne pour aller chercher la palette de maquillage. Mais Barak surgit devant elle. Avant qu’elle n’ait pu réagir, il lui envoie un coup de poing en pleine figure. 
Et comme elle s’effondre sur le canapé, il se jette sur elle et l’étrangle de ses deux mains. Liron se débat, tente de desserrer l’étau, lui griffe le visage. Les lunettes de Barak tombent dans la lutte, mais il ne la lâche pas.

— Arrête !

La jeune mère suffoque, finit par tomber du canapé. Mais son mari est toujours sur elle et lui serre la gorge de toutes ses forces. Liron réalise brutalement qu’elle va mourir. Un voile noir tombe devant ses yeux. 
Le monde s’efface. Mais ce n’était pas la fin des fins. Quand elle reprend connaissance, Barak est debout devant elle, un couteau à la main. Il la fixe d’un regard haineux.

— Tu vas mourir ! lui annonce-t-il froidement, comme s’il lui avait accordé un répit juste pour le lui dire.

Et il se jette à nouveau sur elle, lame en avant. Il la frappe au cou, à la poitrine, sous le regard de la petite Goni, restée dans le canapé contrairement à sa sœur. Le sang gicle sur la moquette, les coussins. 
Quand il en a terminé, Barak se redresse, implacable, et cherche Sarah du regard. La fillette s’est réfugiée contre le mur, paralysée de terreur. Il la rejoint en trois enjambées. Et lui enfonce à plusieurs reprises son couteau dans les entrailles. Le sang gicle à nouveau sur les murs. 
La gamine s’effondre. Le père de famille souffle comme un bœuf. Il se retourne. Stupeur. Non seulement Liron n’est pas morte, mais elle a réussi à se traîner jusqu’à la porte.

DES PASSANTS ONT ENTENDU LES CRIS ET ACCOURENT

Lorsqu’il la rattrape, elle est déjà en train de ramper dans la cour. Elle hurle pour qu’on lui vienne en aide. Barak la rejoint, la saisit par les cheveux et la poignarde encore pour la faire taire. Puis il la traîne par un pied pour la ramener à l’intérieur. Mais des passants ont entendu les cris. 
Ils accourent et découvrent l’insupportable scène : un homme éclaboussé de sang, couteau en main, qui tire une femme en charpie par le pied. Ils crient et alertent aussitôt la police. Le forcené, se sachant découvert, laisse tomber sa victime et s’enferme dans la maison.
Il est 8 heures passées quand des dizaines d’ambulances et de véhicules de police s’engouffrent dans la rue des Sycomores. 
Devant la maison des Ben-Ami, une jeune femme gît au sol dans une mare de sang. Mais elle respire encore. Un ambulancier comprime ses blessures les plus graves pour arrêter l’hémorragie.

— Mes filles… sauvez mes filles, parvient-elle à balbutier avant de perdre connaissance.

Les secours et la police entrent dans la maison. Il y a du sang partout. Une petite fille est étendue inanimée. 
Une autre, plus jeune encore, gît sur le canapé. Elle est en arrêt cardiaque, couverte de blessures terribles. 
On les évacue toutes les deux en ambulance vers l’hôpital Meir de Kfar Saba, tout proche. 
La femme est transportée dans un état critique à celui de Petah Tikva. Barak est retrouvé caché dans un coin. Il a vaguement tenté de se suicider, mais ses blessures sont superficielles. On l’embarque sans résistance.

IL AFFIRME AVOIR ÉTÉ VICTIME D’UN COUP DE FOLIE

Pour la petite Goni, malheureusement, il est trop tard. La fillette est déclarée morte dès son arrivée à l’hôpital, des suites de ses terribles blessures. 
Sarah est opérée pendant plusieurs heures. 
Liron également. Compte tenu de leurs blessures, c’est presque un miracle qu’elles aient survécu toutes les deux. 
A son réveil, dix jours plus tard, les premiers mots de la mère de famille sont pour ses enfants. 
Elle s’effondre en apprenant que sa cadette est morte. Mais elle se ressaisit aussitôt, et emploie ses premières forces pour aller voir Sarah. L’état de la fillette est stabilisé. Liron retrouve une raison de vivre.
Le procès de Barak Ben-Ami s’ouvre un an et demi plus tard devant le tribunal de Lod. Liron prend place au premier rang, une photo de son bébé assassiné serrée sur son cœur. 
Ses parents, sa famille, ses amis l’entourent. Depuis son box, Barak plaide coupable, mais affirme avoir été victime d’un coup de folie. Une excuse que son ex-femme refuse d’entendre.

— J’espère qu’il restera en prison jusqu’à la fin de ses jours, déclare-t-elle. Ma fille mérite de grandir en paix, sans redouter de le croiser un jour.

Vœu en partie exaucé. Le 5 décembre dernier, Barak Ben-Ami a été condamné à la prison à perpétuité, avec une peine de sûreté de vingt ans. Liron est allée sur la tombe de Goni lui annoncer la nouvelle. 
Elle vient tous les jours y déposer des fleurs, des jouets, de petits objets de décoration. 
Elle a même posé une chaise devant, pour pouvoir parler à sa fille. Comme chaque fois, elle a pressé ses lèvres sur la pierre blanche avant de repartir. Incapable de retenir ses larmes. La justice ne peut pas tout.



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